L’ère Berlusconi

Retour sur les 25 années d’Il Cavaliere à la tête du Milan AC. Entre gloire sportive, foot business et avènement politique.

Dimanche 20 février contre Chievo, les joueurs de l’AC Milan portent un maillot spécial avec l’autographe de Silvio Berlusconi (74 ans) placé en dessous d’une inscription  » 20 février 1986-20 février 2011  » brodée entre le logo de l’équipementier et le blason du club. Cela fait exactement 25 ans que l’actuel Premier ministre italien a racheté le club.

Dimanche 13 mars au Palais Manzoni de Milan, plus de 700 personnes assistent à la fête organisée pour célébrer les noces d’argent. Sur la scène après avoir regardé le film bilan de sa glorieuse présidence, Berlusconi, le micro à la main, fait son show. Il tient des propos amènes à son équipe bien que la veille, elle ait partagé l’enjeu contre Bari, le dernier du classement. Il adresse des mots affectueux à ses invincibles Franco Baresi et PaoloMaldini, dont les numéros ne sont plus attribués, AlessandroCostacurta, DejanSavicevic, MarcoSimone, MarcovanBasten et GeorgeWeah. Il encense ses techniciens victorieux comme Arrigo Sacchi et Carlo Ancelotti et lance quelques blagues aux différentes personnalités issues du monde politique et économique présentes.

Retour début 1986 : Milan, qui ne se remet pas de deux descentes (une pour corruption et l’autre sportive), est au bord de la faillite bien qu’en 11 ans, six présidents aient tenté de le remettre en selle. En place à ce moment-là, GiuseppeFarina fuit les créanciers enragés avant de finir en prison pour faux bilan. Économiquement, Milan est exsangue, et son équipe n’est nulle part. Parmi les intervenants, on a cité le nom de Dino Armani, un pétrolier qui ne connaissait rien au foot si on en croit l’anecdote qui circule sur son compte. Il paraîtrait qu’un jour, il aurait demandé  » comment cela se fait que l’attaquant Egidio Calloni ne marque pas alors qu’il est bien payé ? » Comme s’il suffisait de donner des millions à un joueur pour qu’il troue le gardien adverse.

Dans ce contexte, Milan éprouve toutes les peines du monde à se qualifier pour la Coupe de l’UEFA et, depuis une dizaine d’années, le mot titre a été remplacé par spectre de la descente. Après plusieurs mois de tâtonnements et de tentatives pour faire baisser le prix, Berlusconi dépose 13 milliards de lires (ce qui équivaut aujourd’hui à 14,4 millions d’euros) sur la table. Ce n’est qu’un mois plus tard, le 19 mars 1986, que le nouveau président rend visite à son équipe à Milanello, qu’il va rénover de fond en comble. Baresi, le capitaine de l’époque, se souvient du premier discours de son nouveau patron :  » Il nous a dit que nous devions devenir l’équipe la plus forte d’Italie, d’Europe et du monde. Nous nous sommes regardés dans les yeux, incrédules car, depuis des années, le max était rejoindre la zone UEFA.  »

L’intention du nouveau patron est claire : amener son équipe sur le toit du monde tout en développant un jeu esthétiquement agréable à suivre. Comme de coutume, quand un dirigeant exprime le désir d’allier à la fois points gagnés et spectacle, la foule sourit. Elle hurle au fou en regardant la première présentation, durant l’été 1986, lorsque l’équipe arrive à l’Arena de Milan à bord d’hélicoptères soutenus par la Chevauchée des Valkyries de Wagner. Fou ? Sans doute, mais, moins de quatre ans plus tard, le 17 décembre 1989, Baresi soulève à Tokyo la Coupe Intercontinentale. Milan est devenu champion du monde en un temps record : le titre lors de la première saison totalement sous son emprise (87-88), Coupe des Champions les deux suivantes et Coupe Intercontinentale la troisième sans oublier au passage une Supercoupe d’Italie et une d’Europe. C’est le début d’une avalanche de 26 succès : 5 Ligues des Champions, 5 Supercoupes d’Europe et 3 Mondiaux des Clubs en plus des 7 scudetti, d’une Coupe et 5 Supercoupes nationales.

Le serpent de l’Inter

Berlusconi a toujours déclaré que, pour lui,  » Milan était une aventure romantique « . Il a souvent rappelé qu’il était un grand supporter :  » L’Arena et San Siro figurent parmi mes souvenirs les plus chers. Je me souviens quand j’allais au stade, main dans la main avec mon père, que nous nous mettions dans la file et que je me faisais tout petit, tout petit pour essayer de passer sans payer « .

Pourtant, avant de sauver Milan de la faillite, il a voulu reprendre à deux reprises l’Inter. Sandro Mazzola, conseiller de l’ex-président Ivanoe Fraizzoli, a déjà confirmé les faits :  » C’était au début des années 1980. Durant une réunion pour le Mundialito ( NDLR : un tournoi entre équipes nationales sud-américaines et européennes), Berlusconi m’a demandé : – Excusez-moi Mazzola, vous pouvez demander à Fraizzoli s’il est disposé à me vendre l’Inter ? Je lui ai répondu que j’allais m’informer, ce que j’ai fait. Au début, Fraizzoli ne refuse pas et s’interroge même sur la possibilité de céder 50 % des actions. Mais quelques jours plus tard, il refuse catégoriquement, excluant toute négociation. C’était fini.  » Et lorsqu’en 1986, Fraizzoli vend l’Inter, Berlusca, surnom péjoratif donné par ses détracteurs, se fait devancer par Ernesto Pellegrini. A l’époque, on prétend que Berlusconi voulait acheter l’Inter pour une histoire de symbole. En effet, le club nerazzurro a pour emblème un serpent comme la Fininvest, le holding financier qu’il a créé en 1975. Bref, il estimait qu’il s’agissait d’une association parfaite pour faire du business sur le plan mondial tout en exploitant le football.

Qu’à cela ne tienne, Berlusconi n’a pas abandonné son rêve : Milan allait devenir un modèle de marketing. L’homme d’affaires n’est pas n’importe qui. Licencié en droit de l’Université de Milan en 1961 après avoir présenté une thèse sur les aspects juridiques de la publicité (un travail qui lui a valu un prix de deux millions de lires, 19.000 euros actuels, par l’agence publicitaire Manzoni), ce fils d’une petite famille bourgeoise est à la tête d’un empire financier. Dans une biographie, il a laissé entendre qu’il a jeté les bases de cette fortune en faisant la manche dans le métro milanais, en assurant l’ambiance sur les bateaux de croisière et en vendant des brosses électriques en porte à porte. Mais s’il chante bien, épate toute la galerie en jouant l’un ou l’autre morceau lors de la réception annuelle et enthousiasme Ruud Gullit en interprétant brillamment La vie en rose d’ Edith Piaf, ce n’est pas grâce à ses dons d’homme de spectacle qu’il a bâti sa fortune. Son business, c’est la construction : en 1964, il ouvre un chantier à Brugherio pour édifier une cité modèle pour 4.000 habitants et, en 1968, sa société communément appelée Edilnord 2 acquiert 712.000 m2 de terrain à Segrate, où surgira Milano Due, une zone résidentielle. En 1973, il fonde l’Italcantieri et un an plus tard, il participe au lancement d’une autre immobilière. Cette brillante activité dans la construction lui vaut d’être fait Chevalier de l’ordre du travail en 1977 et son surnom ilCavaliere.

Après l’immobilier, en 1976, Berlusconi profite de la loi sur l’abolition du monopole de l’Etat dans le secteur des communications pour se lancer dans l’aventure des télévisions. En 1978, il rachète Telemilano, une chaîne via câble qui couvre Milano Due et qui deux ans plus tard, devient Canale 5 (dans le logo figure un serpent) et dont le rayon d’action devient national. Le groupe grandit : il acquiert Italia 1 (le serpent figure également dans le logo) en 1982 et Rete 4 en 1984. Aujourd’hui, Berlusconi contrôle une grande partie de l’information sportive italienne.

Ballon, télévision et politique

Entre-temps, Sua Emittenza (son émetteur, un autre surnom) est à la base du profond bouleversement vécu par le monde du foot. Il est parvenu à imposer sa vision, celle qui voulait que Milan soit devenu la première équipe italienne en profitant au maximum du potentiel du cathodique et de la passion des tifosi. La stratégie de l’inventeur de la télé commerciale en Italie était claire : construire une équipe adaptée aux exigences télévisées, rechercher continuellement le spectacle sur et en dehors du terrain, mettre l’accent sur les compétitions européennes plutôt que sur le régional championnat d’Italie et multiplier les synergies avec les autres branches du groupe. C’en était fini du football romantique. Le Milan berlusconien opérait une révolution fondamentale. Pour la première fois, un club était considéré comme un vecteur de promotion des activités d’un groupe financier avec un seul mot d’ordre : retour économique. Lancé au début des années 90 avec l’appui de toutes les chaînes de télévision, le modèle Milan a été le plus copié. Timidement par certaines équipes transalpines mais avec nettement plus d’audace par des étrangères comme le Real Madrid, qui a transformé son équipe en une sorte de foire aux étoiles où l’image télévisée est primordiale.

Pour Berlusconi, chaque prestation de son équipe à l’étranger ressemble de plus en plus à une mission économique, que ce soit à Moscou (les premières enseignes publicitaires sur la Place Rouge, c’est lui) ou ailleurs. Si le football permet à Berlusconi de signer des contrats juteux, ce n’est pas son but ultime. Dans un livre sorti en novembre 2010 ( Non solo coppe. Berlusconi e il Milan politica), les auteurs expliquent que le football est à l’origine du leadership politique de Berlusconi. Prendre une équipe au bord de la faillite et la projeter de manière stable au sommet du football mondial a été décisif et fondamental dans la construction de son image de leader gagnant :  » Ce que j’ai fait avec le football, je le ferai avec la politique.  »

Il est donc important de gagner sur le terrain pour réussir en politique. Ce n’est pas un hasard si, quatre mois après avoir annoncé sa participation aux élections début 2004, Berlusconi entre au Palazzo Chigi, la résidence du Premier ministre, l’année où Milan remporte la Ligue des Champions après avoir infligé un 4-0 bien tassé à Barcelone. Et puis, le nom de son parti, Forza Italia, tire son inspiration du football justement quelques mois avant le Mondial américain. Enfin, si dans un premier temps, il pousse Kakávers Manchester City, il fait subitement marche arrière parce que ses conseillers lui assurent que le départ du Brésilien lui coûterait 3 à 4 % de pertes de voix.

La philosophie Milan et ses interprètes

Evidemment, tout cela n’est possible que grâce à une parfaite organisation du club, à des aptitudes managériales unies à une certaine compétence sportive. Il n’était plus question que l’équipe continue à évoluer sur 30 mètres pendant 90 minutes. Il fallait offrir aux téléspectateurs un meilleur produit, éliminer les temps morts d’un spectacle qui, pendant des années, avait été avare en sensations fortes. Pendant sa présidence, Berlusconi ne s’est pas révélé être un mangeur de coaches mais, après une saison de transition, il n’a pas hésité à renvoyer le monument Nils Liedholm le 6 avril 1987 (25e journée) et à demander à Fabio Capello d’assurer l’intérim jusqu’à la fin du championnat afin de décrocher une cinquième place qualificative pour la Coupe de l’UEFA. A ce moment-là, le patron avait décidé de parier sur Arrigo Sacchi, un jeune coach en passe d’amener Parme en D1 et qui en ce mois d’avril, avait éliminé Milan en Coupe.

Le nouveau coach n’a aucune expérience en D1 mais pour Berlusconi, sa manière d’affronter les matches est plus adaptée au spectacle télévisé. Malgré les arrivées de Gullit et de van Basten, le début de saison n’est pas à la hauteur des espérances. Sacchi est vivement contesté au point que certains joueurs demandent son limogeage. A l’époque, Berlusconi débarque de son hélicoptère quasiment chaque semaine à Milanello. Fâché, il rassemble le noyau et n’y va pas par quatre chemins :  » L’entraîneur reste et ceux qui ne sont pas contents n’ont qu’à prendre leur valises et s’en aller. Je ne les retiendrai pas « . Les joueurs s’écrasent, Sacchi modifie légèrement son dispositif tactique et décroche pour sa première saison le titre, le 11e de Milan.

L’aventure du Milan de Berlusconi, c’est manifestement aussi une formidable histoire de coaches, de fins stratèges choisis par le président et qui adhèrent à la philosophie Milan. C’est ainsi que Capello, qui dirige les Espoirs, succède à Sacchi en 1991. A cette période, l’actuel coach de l’Angleterre est tourné vers un foot moderne et spectaculaire. Il reprend une équipe considérée comme finie et en fait ce qui devient le Milan des invincibles. Il remporte quatre titres en cinq ans, dispute trois finales de Ligue des Champions, signant son chef-d’£uvre à Athènes en 1994 en démolissant le Barcelone de Johan Cruijff (4-0), et établit le record d’invincibilité en championnat (58 matches).

En 1996, Berlusconi joue encore la surprise en enrôlant Oscar W. Tabarez. Cette fois, la réussite n’est pas au rendez-vous. Le 1er décembre, il se sépare du coach uruguayen et rappelle Sacchi, qui ne ramènera pas l’équipe dans le peloton de tête, pas plus que Capello la saison suivante. L’éclaircie interviendra en 1999 grâce au titre remporté par Alberto Zaccheroni, l’année du Centenaire. En 2001, Milan recrute de nouveau à l’étranger sans succès car le Turc Fatih Terim ne tient que 11 journées avant de laisser sa place à Ancelotti. Sous la conduite de l’ex- Rossonero, Milan ouvre un nouveau cycle avec notamment une Ligue des Champions qui se faisait attendre depuis dix ans. A la fin de la saison 2009, Ancelotti part en Angleterre et Berlusconi rejoue la carte de l’étranger en engageant Leonardo qui n’a aucune expérience mais qui connaît bien la maison. Toutefois, entre le Brésilien et le patron, le courant ne passe pas au point que le divorce en fin de saison 2009-2010 est inévitable. Lors de la conférence de presse suivant la dernière journée de championnat, le Sud-Américain annonce qu’il quitte le navire. Par la suite, il ne mâchera pas ses mots en parlant de Berlusconi :  » C’est un narcissique « . Sur sa lancée, Leonardo décline l’invitation à la fête du 25e anniversaire alors qu’il y était convié en tant qu’ex-joueur, ex-dirigeant et ex-coach.

Il se présente comme un président-coach

Même s’il est moins présent au club en raison de son rôle politique, Berlusconi décide de tout et se présente comme un président-coach. Déjà à l’époque, il voulait que Sacchi aligne Claudio Borghi, un Argentin dont il était tombé amoureux au cours d’un match amical. Le coach fait semblant de rien ; il écarte le joueur qui est prêté la saison suivante à Côme où il ne reçoit jamais sa chance auprès des trois entraîneurs qui se succèdent. Plus tard, Capello claque également la porte suite à une dispute avec Berlusconi mais il faut dire que Don Fabio n’a jamais quitté ses employeurs en bons termes. Enfin, Ancelotti en a marre (sans l’avouer, évidemment) d’entendre le président prétendre que c’est lui qui fait la tactique quand l’équipe gagne et que quand elle perd, c’est parce que le coach n’en a fait qu’à sa tête. Récemment, Berlusconi a rappelé une anecdote à propos de la finale de la Ligue des Champions perdue en 2005 à Istanbul alors que Milan menait 3-0 à la mi-temps. A ce moment-là, il aurait fait transmettre via un porteur un message au coach dans lequel il avait écrit  » garder le ballon, garder le ballon, garder le ballon  » mais on ne l’a pas fait. Il a conclu par ces mots raffinés :  » Et quoi le porteur, il est allé à la toilette au lieu d’amener mon message au coach ? »

Dans ses discours, Ancelotti se garde bien de parler de la nouvelle politique économique du club. On est très loin des campagnes de transferts pharaoniques des premières années de la présidence berlusconienne. Le coach comprend le plan d’austérité décidé par la Fininvest mais il a du mal à admettre la politique des transferts. On lui a refilé Rivaldo alors qu’il estime que ce n’est pas en attaque qu’il a le plus besoin de renforts. Il y a eu d’autres exemples comme RicardoOliveira et Ronaldo qui, lui, s’est gravement blessé. Mais aussi alors qu’il fallait rajeunir l’équipe, le retour d’ AndriyShevchenko et les arrivées de David Beckham et Emerson sans oublier Ronaldinho, le chouchou du patron qui n’en faisait qu’à sa tête. A sa décharge, l’année dernière, Leonardo n’a pas été verni non plus sur ce plan-là : il a vu partir Kaká et n’a enregistré qu’une seule arrivée d’une pointure toute relative, Klaas-Jan Huntelaar.

Un déficit de 66,8 millions

Les résultats sont négatifs tant au niveau sportif que financier : l’exercice 2008-2009 a été clôturé avec un déficit de 66,8 millions. En mai 2009, tout est à refaire. La Curva Sud a même gâché les adieux de Maldini en déployant une banderole sur laquelle on pouvait lire :  » Merci capitaine, champion infini mais tu as manqué de respect à ceux qui t’ont enrichi « . Dommage, même si la contestation à l’égard de Berlusconi a été plus immédiate et rude. Conscient que la grogne grandissait et surtout soucieux de son image, le Premier ministre ne s’était plus présenté à San Siro depuis le derby du 28 septembre 2008 et avait notamment refusé de prendre place en tribune d’honneur lors de Milan-Juventus le 10 mai 2009.

Autre banderole exprimant la rage à l’égard du président :  » Voilà des années que tu achètes des bidons et des images. Cette année, que vas-tu acheter, des présentatrices ? ». Heureusement, la contestation était restée circonscrite au stade. La déception des supporters milanisti est compréhensible : Ronaldinho est plus souvent cité pour ses virées que pour ses prestations et Beckham a servi à prouver l’importance du bourru, Gennaro Gattuso.

En mai 2010, l’hebdomadaire A rapporte que le Cavaliere aurait laissé entendre à des proches de son parti qu’il aurait l’intention de vendre le club. Evidemment, aucun des fidèles cités dans l’article n’a tenu à confirmer les déclarations du Premier ministre. Tout au plus a-t-on appris que Berlusconi n’avait pas bien digéré que Marco van Basten n’accepte pas le poste de coach qu’il venait de lui proposer. S’il est possible que sous le coup de la déception, il ait pensé vendre le club, il a vite changé d’avis :  » Cela me coûterait cher en termes de popularité « .

Le 25 juin 2010, Massimo Allegri, encore un jeune entraîneur qui a fait ses classes dans les divisions inférieures avant de coacher deux saisons Cagliari en D1, est officiellement nommé. Même s’il n’est pas facile de travailler avec un président comme MassimoCellino, c’est encore plus dur avec un boss comme ilCavaliere et qui plus est dans un club nettement plus médiatisé. D’ailleurs, les choses ont été claires dès le début : Berlusconi se mêle de tout y compris du look de ses coaches. Ainsi après quelques matches seulement, il a déclaré dans la presse qu’il ne voulait plus voir son coach avec sa coiffure à la Jackson Five sur le banc et qu’il devait se faire couper les cheveux. La veille de la rencontre suivante, on parlait plus de la tignasse du coach que de ses soucis naissants avec Ronaldinho. Résultat des courses : les photographes immortalisent Allegri qui a coupé ses cheveux. Berlusconi n’a jamais transigé sur la question de l’image de marque. Il se chuchote même qu’il aurait conseillé à Sacchi, qui n’avait pas un poil sur le caillou, de recourir aux services de son coiffeur, celui qui lui a posé ses implants… Bref, à Milan, tout doit être nickel même dans les paroles. C’est ainsi qu’après avoir vu Franco Baresi se planter dans une émission (pourtant sur une de ses chaînes), il décide que plus aucun de ses joueurs ne peut participer sans autorisation préalable à un programme télé dont le sujet ne concerne pas uniquement son métier de footballeur. Plus question de voir un Milanista se montrer ridicule quand on lui demande ce qu’il pense des grands sujets d’actualité.

 » J’ai dépensé quasi 1,1 milliard en 25 ans « 

L’actualité en juillet 2010, ce sont encore et toujours les manifestations des supporters. La reprise des entraînements est agitée. A sa descente d’hélicoptère à Milanello, le président est accueilli par des coups de sifflets et des insultes émanant d’une centaine de personnes appartenant à la Curva Sud. Postées devant les grilles d’entrées du stade, elles allument des fumigènes et des feux de Bengale. Heureusement, elles n’ont pas provoqué de bagarres avec les imposantes forces de l’ordre présentes sur les lieux. Alors, Berlusconi répond aux critiques du peuple milanista qui lui reproche de ne plus investir dans le club :  » Aux supporters, je rappelle qu’au cours de sept derniers années, l’augmentation de capital a été de 461 millions d’euros, soit plus de 60 millions par an. Ma famille a mis quasi 1,1 milliard d’euros dans Milan en 25 ans. La norme veut que le noyau des joueurs ne doive pas coûter plus de 60 % des rentrées d’un club. Et à l’Inter, Massimo Moratti a employé 125 % des rentrées pour former le noyau qu’il a en sa possession. Mais si Milan a aussi dépassé les 100 %, il n’en est désormais plus question.  »

Alors que la Fininvest a imposé l’austérité, Milan a effectué l’été dernier un recrutement façon galactique : 24 millions pour ZlatanIbrahimovic et 18 pour Robinho auxquels il faut ajouter en janvier Antonio Cassano, Markvan Bommel, Emanuelson, Didac et Nicola Legrottaglie. Cela entraîne Milan à avoir la plus grosse masse salariale de la Serie A : 130 millions contre 121,4 à l’Inter, 100 à la Juventus. 83 à Rome et… 41,7 à la Fiorentina.

Tout le monde a été surpris par ce changement de cap, qui ne peut s’expliquer que par l’amour de son club. En fait, si Berlusconi a décidé subrepticement de jouer au roi du mercato, c’est parce que le cadre politique est instable et qu’il faut récupérer des voix. Et comme les tifosi, qui n’ont pas cessé de le huer, sont aussi des électeurs… Il fallait donc un feu d’artifice pour calmer ces gens qui en avaient assez d’entendre des idioties du type  » Nous sommes égaux à l’Inter « . Et cette année, c’est d’autant plus vrai puisque Milan fait la course en tête.

PAR NICOLAS RIBAUDO

En quittant Milan, Leonardo lance :  » Berlusconi est un narcissique « .

Berlusconi aurait conseillé à Sacchi, qui n’avait pas un poil sur le caillou, de recourir aux services du coiffeur qui lui a posé ses implants…

Berlusconi a toujours déclaré que, pour lui, Milan était  » une aventure romantique « .

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