L’échiquier 2010

L’exercice 2010, qui s’ouvrira à Bahreïn en mars, marquera pour la F1 une nette évolution à divers points de vue. Mais a priori, les candidats au titre resteront les mêmes…

Le règlement subira une profonde mutation, notamment avec l’interdiction des ravitaillements entraînant l’élaboration de monoplaces capables d’emporter les 250 litres d’essence nécessaires pour couvrir la distance d’un GP.

D’autres modifications sont attendues… mais pas encore précisées par le pouvoir sportif ; c’est le cas du fameux KERS (système de récupération d’énergie cinétique au freinage) annoncé avec tambours et trompettes il y a douze mois, développé par quelques teams à grands coups de millions d’euros… et peut-être voué à disparaître.

Nouveauté capitale : 13 teams seront invités sur les grilles de départ au lieu de dix cette année. Des piliers des dernières saisons ont jeté le gant, à l’instar de BMW et Toyota partiellement suivis par Renault qui veut se cantonner peu à peu au rôle de motoriste. Dans ce registre, rappelons aussi que Bridgestone quittera le navire fin 2010, obligeant la FIA à trouver un nouveau fournisseur de pneus.

Tandems de rêve

Plusieurs gros transferts ont été enregistrés depuis que le drapeau à damier s’est abaissé à Abu Dhabi. Le plus important concerne le champion du monde en titre Jenson Button qui débarque avec son n°1 chez McLaren-Mercedes alors qu’on le croyait attaché à Brawn GP. Ses exigences financières étant trop élevées aux yeux de son ancien employeur, le lauréat 2009 a accepté – pour 6,8 millions d’euros annuels – de former avec son prédécesseur Lewis Hamilton le tandem dont rêvait toute la Grande Bretagne. Leur duel sera suivi à la loupe par une presse britannique que l’on sait redoutable dans l’art de créer des conflits là où il n’y en a pas…

Tout aussi spectaculaire est l’arrivée de Fernando Alonso au sein d’une Scuderia Ferrari sommée par son état-major de faire rapidement oublier une campagne 2009 calamiteuse. On connaît les qualités de meneur d’hommes du Taureau d’Oviedo, qui n’a pas attendu la fin officielle de son contrat avec Renault pour se montrer plus souvent qu’à son tour à Maranello, histoire de motiver les troupes à lui fournir une monture performante. Obsédé par la conquête d’une troisième couronne, Alonso est persuadé que Ferrari lui offrira les moyens de cette ambition. Si la voiture est dans le coup, l’Espagnol trouvera en son équipier Felipe Massa un rival redoutable. Le Brésilien connaît parfaitement la maison, il semble avoir totalement effacé les séquelles de son accident sur le Hungaroring et reste animé d’une terrible soif de revanche après la saison 2008 où il a perdu in extremis le titre devant ses supporters.

Le défi de Raikkonen

De toutes les marques, Ferrari connaît le moins de soucis de trésorerie : les sponsors se bousculent pour voir leurs logos orner les monoplaces rouges et le merchandising fonctionne à merveille grâce à des millions de supporters aux quatre coins de la planète. Cet argent tombe à pic pour payer à Kimi Raikkonen l’énorme dédit (17 millions d’euros) prévu s’il ne dispute pas la saison 2010. Précisément, n’ayant trouvé aucun volant à la hauteur de son talent, Iceman a décidé de relever un nouveau défi en s’attaquant au championnat mondial des rallyes sur une Citroën C4 WRC identique à celle de Sébastien Loeb. Il fera donc l’impasse sur les GP mais avec l’intention d’y revenir en 2011, peut-être sous le pavillon Red Bull puisque le taureau ailé le soutient dans sa nouvelle vie.

Red Bull, parlons-en : le team dirigé par Christian Horner a confirmé très tôt la reconduction du tandem germano-australien Sebastian Vettel et Mark Webber dont l’objectif est clairement la couronne mondiale. Deux autres écuries ont joué la carte de la continuité : Force India garde sa confiance à l’Allemand Adrian Sutil et à l’Italien Vitantonio Liuzzi tandis que Toro Rosso reste représentée par le Suisse Sébastien Buemi et l’Espagnol Jaime Alguersuari, lequel affirme avoir paraphé son contrat même si son nom n’apparaît pas sur la liste officielle publiée par la Fédération internationale. La vérité sortira bientôt…

Le fantasme Schumacher

Les autres pavillons ont enregistré de nombreux mouvements durant l’intersaison. Williams – dont les voitures utiliseront le V8 Cosworth – a titularisé son prometteur pilote-essayeur, le jeune Allemand Nico Hülkenberg, et surtout enrôlé le vétéran Rubens Barrichello dont la route a croisé celle de Nico Rosberg.

Ce dernier remplace en effet le Brésilien chez… Mercedes, le constructeur allemand ayant acquis 75 % des parts du capital de Brawn GP pour courir sous son propre nom. L’ailier de Rosberg n’est pas encore connu, d’autant qu’un vieux fantasme a refait surface outre-Rhin, celui de voir Michel Schumacher reprendre du service cette fois au volant d’une monoplace grise : « Quel qui soit, le choix des dirigeants de Mercedes sera le bon « , commente diplomatiquement Nico Rosberg dont le statut de leader sera toutefois plus clair s’il hérite d’un autre ailier. Et ils sont nombreux sur le marché, emmenés par Nick Heidfeld et Heikki Kovalainen.

Par ce biais, on en arrive aux teams incomplets alors que se profile la trêve de fin d’année. Le cas le plus épineux est celui de Renault dont l’avenir se conjugue au conditionnel, même si Robert Kubica a signé son contrat de n°1. Désireux de ne plus être que motoriste, le constructeur français doit trouver un repreneur pour son activité châssis. La société Prodrive dirigée par David Richards est candidate et ne manque pas d’atouts : déjà présente en F1 par le passé avec Benetton puis BAR-Honda, elle s’appuie sur un solide département technique ayant fait ses preuves dans toutes les disciplines. Autre prétendant, le businessman luxembourgeois Gérard Lopez rêve d’entrer en F1 et se dit prêt à conserver le nom de Renault durant deux ans, un argument auquel le PDG du groupe français Carlos Ghosn est très sensible… On notera au passage qu’une des activités de Lopez est le management de pilotes via sa structure Gravity dont fait partie notre jeune compatriote Jérôme D’Ambrosio.

Baguette en redemande !

Le nom d’un autre Belge est fréquemment cité dans le microcosme de la F1. Lors des tests à Jerez, Bertrand Baguette a eu la chance de goûter aux sensations grisantes que réserve une voiture de GP et il en redemande ! Le Verviétois a notamment pris les commandes d’une BMW couvée par l’équipe Sauber, laquelle retrouvera une place à part entière sur l’échiquier 2010 avec une monoplace à moteur Ferrari. BB se verrait bien effectuer ses grands débuts dans ce contexte mais rien ne filtre des intentions de Peter Sauber qui a juste déclaré vouloir engager  » un pilote confirmé  » ( NDLR : Heidfeld ou Giancarlo Fisichella ?) et un débutant. « 

Parmi les nouvelles écuries, seules Campos et Manor-Virgin ont déjà dévoilé le nom de leur premier pilote, Bruno Senna d’un côté, Timo Glock de l’autre, et les supputations vont bon train pour les seconds baquets que se disputent de nombreux prétendants… souvent bien aidés financièrement. Par contre, Lotus et US-F1 n’ont encore donné aucun détail sur leurs effectifs, ce qui peut étonner alors que le feu passera au vert dans trois mois !

par éric faure – photos: reporters

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