L’avenir est Serin

Racheté par Metz alors qu’il était tombé en P1, le RFC Sérésien pourrait très vite se retrouver en D2.

C’était une autre époque. Disparue à jamais, pensait-on. Celle qui voyait Seraing tutoyer les sommets et attirer des stars. Depuis 1996, le chapitre semblait clos. Mort au champ d’honneur, Seraing avait été absorbé par le Standard et le stade du Pairay ne vivait plus que des fantômes du temps béni des Jules Bocandé, Juan Carlos Oblitas, Nico Claesen d’abord, puis des Edmilson, Wamberto, et Isaias ensuite. Le petit club de Seraing RUL avait bien pris possession des lieux mais ce n’était définitivement plus la même chose.

Le club avait même périclité. En 2006, il avait absorbé le FC Seraing, appellation récente d’un club émanant du CPAS et qui s’appelait encore La Débrouille lors du changement de millénaire. Tombé en Promotion puis en Provinciales, il avait dû lutter la saison passée jusqu’à l’ultime journée pour ne pas tomber en P2. Est alors arrivé le projet de partenariat avec le club français de Metz.

La reprise a été entérinée (60 % pour le groupe Metz et 40 % pour Mario Franchi, chef d’entreprise actif dans la logistique) fin de saison passée.  » Sans leur arrivée, on aurait dû mettre la clé sous le paillasson « , reconnaît Vincent Ciccarella, ancien entraîneur des jeunes du Standard et désormais directeur technique du RFC Sérésien.

C’est Dominique D’Onofrio, ancien coach des Rouches, aujourd’hui directeur technique du club de Metz, actuel leader de la Ligue 2, qui fut l’instigateur du projet, soufflant l’idée à Bernard Serin, président de Metz. Entrepreneur industriel, à la tête de Cockerill Maintenance et Ingénierie, il en parle à Franchi avec lequel il fait des affaires.

 » Moi-même, j’avais déjà pensé reprendre un club « , explique Franchi, nommé à la présidence du club.  » Or, quand il m’a dit qu’il pensait à Seraing, j’ai directement accroché. Ici, il y a tout pour réussir : le stade, un potentiel supporters et une histoire.  »

En quête d’un matricule

Le but est simple : faire grandir Seraing grâce principalement aux joueurs du centre de formation de Metz mais également ceux issus de l’Académie du Sénégal (Génération Foot) qui appartient à Metz également. Mais pour que le projet fonctionne et que chaque entité s’y retrouve, Seraing ne peut pas évoluer en P1 comme c’est le cas pour le moment. Afin de rendre le projet viable, les dirigeants se sont donc mis à la recherche d’un matricule d’un club de D2 ou D3 qu’ils pourraient racheter.

Seraing passerait de la sorte directement de la P1 à la D2/D3. Plusieurs clubs ont été cités pour céder leur matricule : Boussu Dour, Visé, Namur ou Verviers. Et si le dossier n’a pas encore abouti, c’est parce qu’il fait grincer des dents. Déménager un club d’une province à l’autre n’est pas spécialement bien vu, surtout par les autorités politiques qui ont souvent longtemps aidé le club en question. C’est le cas à Boussu Dour.

Cependant, les problèmes financiers récurrents et le peu de public intéressé par ce club de D2 pourraient quand même pousser Boussu à vendre son matricule.  » Il s’agit d’une possibilité et le dossier est encore ouvert « , reconnaît Franchi.  » Mais il ne s’agit pas de la seule possibilité. D’autres clubs, en difficultés financières ou qui connaissent des problèmes de fonctionnement, pourraient être incités à vendre.  » En bref, les dirigeants de Seraing proposent le deal suivant aux clubs avec lesquels ils discutent : matricule contre l’effacement des dettes.

Certains clubs, comme Verviers, en ont profité pour négocier davantage que l’effacement des dettes. D’autres ont été écartés suite à un audit désavantageux.  » On ne fera pas n’importe quoi à n’importe quel prix « , dit Franchi.  » Et si les pistes explorées n’aboutissent pas, il nous reste une dernière ressource : le RFC Sérésien. Actuellement, nous jouons la montée. Si nous ne décrochons pas le titre, nous sommes assurés de disputer le tour final. On pourrait très bien se retrouver en Promotion.  »

Le club s’est donné jusqu’au 15 avril pour racheter un matricule. A cette date, on saura donc à quel étage évoluera le club la saison prochaine.  » En attendant, mon job consiste à mettre tous les dossiers en ordre (sécurité, administratif, stade, joueurs) pour être prêt le jour où on me dira qu’on joue en D2 ou en D3 « , explique Ciccarella.

Une kyrielle d’anciens du Standard

Le Pairay est donc en voie de renaître, 18 ans après la fin des jours glorieux. Encore modeste club de Promotion en 1975, celui qui possédait le matricule 17 avait connu une première époque glorieuse sous la houlette d’Yves Baré,qui avait fait monter le club de Promotion jusqu’en D1 en 1982, et qui avait notamment convaincu les internationaux péruviens, Oblitas et Percy Rojas de signer.

Idem pour les jeunes et talentueux Peter Kerremans (alors à Boom) et Claesen (Patro Eisden), pourtant courtisés par des clubs plus huppés, alors que Seraing était encore en D2. En D1, sous la houlette de Georges Heylens, cette équipe, renforcée notamment par Bocandé, permit à Claesen de terminer meilleur buteur. Mais cette première époque se terminait sur une faillite et une descente en D2 en 1987 et en D3 en 1990.

L’arrivée de Gérald Blaton cette année-là allait permettre à Seraing de connaître sa deuxième période de gloire. En 1993, alors que le club est en D2, Blaton mettait la main au portefeuille et parvenait à convaincre Lars Olsen, champion d’Europe avec le Danemark un an plus tôt, de rallier le Pairay. Une nouvelle aventure pouvait débuter. Seraing montait en étant invaincu toute la saison et pour ses retrouvailles avec l’élite, le club terminait 3e en 1994 grâce à la magie des Brésiliens, Wamberto, Edmilson et Isaias. Mais l’ivresse fera vite place à la gueule de bois. Le club était absorbé par le Standard en 1996 et le matricule 17 disparaissait à jamais.

Même s’il ne s’agit plus du même club, puisque désormais le RFC Sérésien a le matricule 23 (celui de Seraing RUL), il porte l’héritage de son glorieux aîné.  » Seraing, c’est une histoire. Et puis, il y a un potentiel supporters. La commune de Seraing compte 70.000 habitants. A côté, il y a Flémalle (30.000 habitants) et Grâce-Hollogne (25.000 habitants) « , explique Franchi.

Le projet veut également éviter les pièges dans lesquels Mouscron-Péruwelz est tombé.  » On est marqué par le respect affiché par Metz « , insiste Ciccarella.  » Et on ne veut pas que notre équipe première ne comporte que des joueurs français ou sénégalais. On veut aussi faire de la place pour nos jeunes.  »

Sans vouloir se l’avouer, le club aimerait titiller le Standard comme deuxième force liégeoise. Quelques anciens de Sclessin, du temps de Luciano D’Onofrio, se retrouvent d’ailleurs aux manettes. C’est le cas de Ciccarella, Dominique D’Onofrio mais également de José Jeunechamps (ex-entraîneur de jeunes du Standard) ou de Frédéric Leidgens, ancien directeur commercial du Standard et actuellement administrateur du RFC Sérésien.

Tous des gens qui savent faire fonctionner un club de haut niveau. Quant à Mario Franchi, il dispose encore d’une loge à Sclessin.  » Nous ambitionnons la D1 dans les quatre ans et il y a de la place, à Liège, pour deux clubs en D1 « , conclut le président.

PAR STÉPHANE VANDE VELDE

 » Nous ambitionnons la D1 dans les quatre ans.  » Mario Franchi, président du RFC Sérésien

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