L’avenir de la D1 passe par la paix Anderlecht-Standard

La semaine passée, les dirigeants des clubs de l’élite ont lamentablement volé la vedette aux footballeurs. La Ligue Professionnelle, s’est transformée en triste royaume des sourds et des aveugles. Son président gantois, Ivan De Witte, désavoué par 12 clubs, s’accroche aux commandes d’un train qui fonce dans le brouillard : fin de plays-offs, guerre entre le G4 (Anderlecht, Gand, Club Bruges, Genk) et les autres, une D1 à 18 en 2011-12 mais sans qu’on sache s’il y aura des descendants ou quatre montants de D2… A quoi ont servi les audits qui ont créé la nouvelle formule, grassement payés, dit-on, réalisés par des sociétés proches de l’univers des Buffalos ? A rien. Mais la formule qui avait tenu vaille que vaille deux saisons avait été concoctée à la demande de Belgacom TV qui voulait un championnat plus sexy, à la hauteur des droits à acquitter.

C’est une Ligue Pro en lambeaux qui entamera les négociations pour la signature d’un nouveau contrat des droits de télévision, celui de Belgacom se terminant cette saison. Si Constant Vanden Stock et Roger Petit revenaient sur terre, ils seraient étonnés de voir cette brochette de prétendus leaders incapables de partager un projet. Pourtant, Petit et VDS senior ne s’épargnaient pas. Le patron des Rouches évoquait le football de tuberculeux des Mauves et l’ anderlechtisation de l’équipe nationale. Anderlecht se fit un plaisir de recruter Jean Thissen, une des plus belles briques du Mur de Sclessin. Mais, malgré tout ce qui les opposait, les Maîtres de l’orge et des forges liégeoises, fins connaisseurs du foot, se tapaient dans la main quand un accord était nécessaire. Tope là, une parole avait valeur de contrat. Est-ce encore possible ? Pas sûr…

Par rapport au G4, défait, isolé, le Standard est devenu la tête de liste des petits clubs, du peuple de la D1 (une majorité de joueurs, entraîneurs, spectateurs) qui n’apprécie pas ces plays-offs trop tarabiscotés. Les Liégeois n’ont pas été contactés par le G4 et sont les vainqueurs de cette affaire. Pol Jonckheere, président du Club Bruges, a affirmé qu’il y aurait des négociations entre les télévisons intéressées (Belgacom TV) et le G4. Herman Van Holsbeek désire  » exploiter cette arme à fond « . Si cela se confirme, ce sera la fin de la solidarité en D1 où ces droits (44, 7 millions d’euros par an) assurent de 10 à 35 % du budget des clubs. Et si c’était le véritable objectif de la bataille ? Le G4 a tranché et fait le travail pour le Standard qui, ce n’est pas un secret, avait envie depuis longtemps de gérer ses droits TV. Plus rien ne devrait empêcher les Rouches de signer chez Voo (BeTv) où le porte-plume et les contrats seraient déjà prêts.

Entre un G4 qui ne pense qu’à l’argent et les petits qui veulent éviter la descente, on ne note aucun véritable projet sportif. La D1 ne sera jamais aussi riche que la Premier League ou la Liga mais les droits TV ont fortement augmenté avec l’apparition de Belgacom TV. Qu’en ont fait les clubs ? Ces fonds se sont-ils envolés via l’inflation des salaires des joueurs. Qui, à part Gand et le Standard, a judicieusement utilisé ces mannes ? L’argent ne sert à rien sans vision à long terme. Derrière ce vaudeville, il y a aussi les problèmes qui depuis la fin 2008-2009 ne cessent de croître entre Anderlecht et le Standard. Il s’agit là d’une lutte qui, si on n’y met pas fin, nuira aux deux clubs et à tout le football belge. L’axe le plus essentiel de la D 1 passe par Anderlecht, le Standard et le Club Bruges. Anderlecht l’a-t-il oublié en parlant des grands comme si le Standard n’existait pas ? Les Liégeois ne cherchent-ils pas à limiter la puissance mauve ?

La liste des contentieux et des ranc£urs est trop longue (stress matches et leurs droits TV, petites phrases assassines d’ Ariel Jacobs, affaires Jelle Van Damme, MarcinWasilewski, AxelWitsel, etc.) pour être réglée à l’occasion d’un show médiatisé au Château d’Hélécine. L’avenir de la D1 passe depuis toujours par la paix Standard- Anderlecht : Constant Vanden Stock et Roger Petit le savaient…

PAR PIERRE BILIC

Si Constant Vanden Stock et Roger Petit revenaient sur terre, ils seraient étonnés de voir ces prétendus leaders incapables de partager un projet

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