L’autre FENNEC

Après Maâmar Mamouni, la RAAL continue à miser sur la filière franco-algérienne.

Les supporters louviérois n’ont pas encore oublié Maâmar Mamouni, parti exercer son talent à Gand, que déjà un autre Fennec algérien a pris sa place dans les vestiaires. A 25 ans et après un parcours footballistique qui ne lui a pas fait de cadeaux, Fadel Mohammed Brahami a posé son sac chez les Loups :  » Je ne savais pas grand-chose du club mais je me suis renseigné auprès de Maâmar Mamouni que j’avais connu en sélection algérienne et au Havre et il m’a dit beaucoup de bien du club. Je me suis également entretenu avec l’entraîneur Albert Cartier et son discours m’a convaincu « .

Toute la sagesse se lit dans les paroles de ce solide milieu qui, bien que portant régulièrement le maillot de l’Algérie, n’y a jamais évolué en club.  » Je suis né à Bondy, en Seine-Saint-Denis. Mes parents étaient arrivés en France très jeunes. J’ai eu une belle jeunesse car Bondy n’avait pas la réputation dangereuse des autres villes de Seine-Saint-Denis. J’habitais un quartier sympathique où j’ai encore de nombreux amis. Ma mère ne travaillait pas et s’occupait de mes 5 frères et 4 s£urs. Un boulot à plein temps ! Quant à mon père, il travaillait chez Renault « .

Toute sa jeunesse se passe dans ce quartier où il s’inscrit pour jouer avec l’équipe de Blanc-Mesnil. A 17 ans, il grimpe d’un échelon et signe pour Le Bourget avant de se faire rapidement repérer par Aubervilliers, qui évolue alors en National 1 (D3). Avec cette équipe, il débute en Juniors avant de monter en équipe Première.  » C’est à ce moment-là que des recruteurs du Havre m’ont convaincu de franchir le pas dans une équipe de D1. Cela signifiait un grand changement. A Aubervilliers, même si j’effectuais deux heures de trajet chaque jour pour rallier les entraînements, je vivais toujours avec ma famille. Au Havre, j’avais 19 ans et je découvrais un autre environnement. Mais j’habitais un appartement près du centre de formation, et la ville, contrairement aux apparences, offrait de nombreux atouts « .

Première expérience au Havre

Dans la ville portuaire normande, Brahami a la chance de tomber sur un entraîneur qui va vite lui faire confiance : Francis Smerecki.  » J’avais un contrat de trois ans avec les Espoirs mais Smerecki avait institué un système spécial : le meilleur joueur de la semaine chez les Espoirs pouvait s’entraîner quelques jours avec l’équipe Première. Et cela m’arrivait souvent de bénéficier du système. Lors de la deuxième saison, j’ai été promu définitivement. Smerecki avait confiance en moi, il me faisait travailler plus longtemps à l’entraînement et m’a beaucoup appris. En 1999, j’étais titularisé contre Bastia. Il s’agissait de mon premier match professionnel et je commençais d’entrée « .

Pourtant, si Brahami vit à ce moment-là sur un nuage, son club navigue dans des eaux tourmentées et descendra en D2 en fin de saison. Smerecki est remplacé par Joël Beaujouan et Brahami perd son mentor fétiche.  » Beaujouan était plus discret, plus réservé et ne parlait pas trop aux joueurs. J’ai commencé la saison comme titulaire mais rapidement, j’ai alterné entre le banc et le terrain « .

Les résultats ne suivent pas vraiment et, à mi-championnat, en décembre 2000, Beaujouan est remplacé par l’ancien défenseur de Bordeaux Jean-François Domergue.  » Il m’a fait jouer comme milieu offensif et parfois je devais reculer pour aider dans la récupération de balle. L’équipe a repris du poil de la bête. En un an et demi, il a fait de nous des promus. Des jeunes pétris de talent montraient le bout du nez comme Anthony LeTallec, qui a transité par Liverpool avant d’être prêté cette saison à St-Etienne, et Florent Sinama-Pongolle maintenant à Liverpool. Et comme guide, on pouvait compter sur Alain Caveglia, transféré lors du mercato hivernal. Il m’a beaucoup appris. Il conseillait énormément les jeunes. Pourtant, son arrivée a obligé Domergue à changer de système de jeu. Du 4-4-2, on est passés au 4-3-1-2 avec trois médians défensifs et Caveglia en soutien des attaquants. Dans ce nouveau schéma de jeu, je jouais moins même si l’année du titre, j’ai disputé plus de la moitié des matches « .

La montée en D1 constitue… le début du calvaire de Brahami.  » J’ai été opéré du ménisque juste avant notre promotion. J’ai raté toute la préparation de la nouvelle saison. On ne comptait plus trop sur moi. J’étais réserviste et je montais au jeu beaucoup trop rarement. En plus, j’étais en fin de contrat à l’issue du championnat « . Brahami boucle la saison 2002-2003 avec 64 minutes de jeu à son compteur…

 » Stéphane Pauwels se souvenait de moi  »

Sans contrat et avec une saison blanche derrière lui, Brahami ne désespère pas.  » Heureusement, j’ai toujours pu compter sur la sélection nationale algérienne. Même quand je ne jouais pas, le sélectionneur m’appelait « .

Le joueur parisien a en effet choisi de défendre les couleurs de ses ancêtres. Dès 2001, il se voit convoqué.  » Cela me fait du bien de revenir au pays. J’ai encore de la famille en Algérie et j’en profite pour aller lui rendre visite dès que je suis sélectionné en équipe nationale « .

Brahami conserve la condition en répondant toujours présent pour l’Algérie mais en profite également pour montrer toute sa polyvalence.  » En club, j’avais toujours joué dans un rôle offensif. Soit comme soutien d’attaque, soit comme milieu droit voire parfois en deuxième attaquant. Mais lorsque Georges Leekens a été nommé sélectionneur, il m’a fait reculer au poste d’arrière droit et m’a demandé d’arpenter tout le couloir. Il savait que ma condition physique me le permettait. Quand Robert Waseige est arrivé, il m’a laissé à cette place-là. Seul le système a évolué. Sous Leekens, on jouait en 3-5-2, alors qu’avec Waseige, on est passés au 4-4-2. Je ne suis donc plus seul sur le côté droit « .

Brahami aime parler de l’équipe nationale. Il sait tout ce qu’il lui doit car après une saison tronquée au Havre, il va vivre une nouvelle année noire.  » En début de saison passée, je devais signer à Ascoli (Série B italienne). Les tests se sont bien passés, mais lors d’une rencontre amicale, je me suis occasionné une grosse entorse suite à un tackle par derrière. On m’a laissé 10 jours pour me rétablir mais au bout de cette période, le mal subsistait. Ascoli a donc renoncé à s’attacher mes services. Ensuite, j’ai encore passé un test à Vicenza (Série B italienne). Tout s’est bien déroulé et les examens médicaux avaient donné satisfaction. Cependant, l’affaire a capoté car au même moment, le club a été racheté et le staff n’avait pas la garantie d’être maintenu. Ils ont donc abandonné tous leurs projets. A ce moment, j’ai vraiment eu peur car j’avais sacrifié la CAN pour cette expérience à Vicenza « .

Pourtant, une fois la CAN terminée, Brahami revient en sélection et la roue décide alors de tourner en sa faveur.  » C’est grâce à Stéphane Pauwels, qui est aujourd’hui le manager général de La Louvière et toujours, pour quelques mois, manager de la fédération algérienne, que je suis arrivé à La Louvière. Il se souvenait de moi et m’a contacté. Tout a été très vite réglé « .

Stéphan Vande Velde

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