L’ART DE L’AUTOCRITIQUE

Ça s’est produit samedi soir, dans l’anonymat de la D2 : le Cercle Bruges menait 3-1 face à Geel et semblait promis à une victoire aisée. Dans les cinq dernières minutes, les Vert et Noir ont accumulé les erreurs et les visiteurs ont marqué deux buts. Durant sa conférence de presse, l’entraîneur, Fred Vanderbiest, a assumé la responsabilité des points perdus, ayant effectué deux remplacements malheureux, qui avaient déséquilibré son équipe.

Et de poursuivre en disant que si le match avait duré cinq minutes de plus, le Cercle l’aurait perdu. A cause des changements. Vanderbiest l’a répété à trois reprises. De tels épanchements sont rares en football. Les entraîneurs ne sont pas vraiment des maîtres ès autocritique. Après une défaite, ils préfèrent parler des tâches non exécutées. Sans se demander si les joueurs étaient en mesure d’accomplir ces missions. Souvent, ils fustigent aussi la mentalité du groupe.

Michel Preud’homme l’a souvent fait cette saison. Vendredi soir, à Mouscron, il a encore déploré cette mentalité, après sa pénible défaite 2-1. Preud’homme cherche, il tâtonne. En sept matches, il a déjà aligné 24 joueurs mais en déplacement, il ne parvient toujours pas à faire jouer son équipe. Un sur 12, même un sur 18 si on y ajoute les deux matches européens, c’est dramatique. Naturellement, il est confronté à une avalanche de blessures mais ce n’est pas une excuse au piètre jeu produit vendredi en deuxième période.

Samedi prochain, le 19 septembre, il y aura deux ans que Michel Preud’homme est entraîneur du Club Bruges. Depuis, 21 joueurs ont été achetés. En comparaison avec d’autres clubs et compte tenu de l’époque, c’est un fameux nombre. D’ailleurs, en son for intérieur, le Liégeois aura déjà dressé un bilan de cette période. Pourquoi le Club est-il si mauvais par moments ? Pourquoi le groupe se laisse-t-il envahir par le laxisme, pourquoi est-il fâché avec l’identité des BlauwenZwart et certainement avec le tempérament de feu de son entraîneur ? Comment peut-on s’en prendre si souvent à la mentalité ? Ce groupe est-il humainement mal composé ? Mais surtout, comment est-il possible que des footballeurs grassement payés doivent être sermonnés par le président Bart Verhaeghe et le CEO Vincent Mannaert ?

La réponse est simple : peu de footballeurs s’identifient encore à leur club alors que c’est une nécessité pour connaître le succès. Il faut un noyau de joueurs formés par le club, qui lui sont attachés, complété par des étrangers qui apportent une plus-value. C’est ainsi que le Club Bruges a forgé ses plus grands triomphes.

Les temps ont changé et suite à l’afflux croissant des étrangers, il n’est plus guère question d’amour du club. Pas seulement à Bruges, qui compte 32 joueurs de treize nationalités différentes. Les footballeurs sont des passants, mus par une très haute estime d’eux-mêmes. Les performances intensifient ce sentiment. En début de saison, Hein Vanhaezebrouck l’a senti à Gand, alors que ses joueurs ont pourtant la réputation d’être réalistes. Parfois, le succès est un poison. Un jour, Yves Vanderhaeghe y sera confronté à Ostende aussi. Il a connu une carrière suffisamment remplie pour le comprendre.

Ostende est premier et continue à surprendre. La saison passée, l’équipe côtière avait pris 18 points en quinze matches. Elle a atteint ce total après sept journées. Les ténors, eux, déçoivent, sans que leur retard soir dramatique. Le championnat régulier est un long échauffement avant les play-offs. Il reste assez de temps pour limer les contours. Malgré l’arrivée de Yannick Ferrera, le Standard n’est pas encore ressuscité de ses cendres.

Reste à voir si l’ambitieux Bruxellois possède un bagage suffisant pour tenir bon dans ce club tumultueux. Comme les footballeurs, les entraîneurs doivent choisir le bon moment pour changer d’air. Pour cela, il faut se connaître. Reste à espérer pour Ferrera et le Standard que l’entraîneur se soit bien jugé.

PAR JACQUES SYS

Quel footballeur s’identifie encore à son club ?

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