L’art de donner

L’Excel poursuit sur sa bonne lancée et le Sporting sur sa mauvaise!

Les Hurlus viennent de réaliser une série de sept matches consécutifs sans défaite, si l’on inclut la Coupe de Belgique. Une bonne organisation et beaucoup de réalisme ont suffi à empocher les trois points. Si les Zèbres ont montré quelques velléités offensives dans le premier quart d’heure, ils ont semblé être assommés par le but de Christophe Grégoire, qualifié de subtil par ceux qui l’ont marqué, de stupide par ceux qui l’ont encaissé…

« Je n’avais pas vu où se trouvait le gardien », avoue l’intéressé. « Mais je savais où était le but, et comme je voyais trois adversaires fondre sur moi, j’ai tenté ma chance ».

Le Sporting a eu suffisamment de temps pour redresser la barre, mais les Zèbres avaient pris comme un coup sur la tête et ne s’en sont jamais remis. « Mon ancienne équipe ne s’y est sans doute pas prise de la bonne façon », estime Alexandre Teklak. « Dans l’axe, Gordan Vidovic et Olivier Besengez se sont régalés de ces longs ballons aériens. Le jeu carolo était beaucoup trop stéréotypé. Ce n’est pas à moi de donner des conseils à l’adversaire, mais je pense qu’en jouant au sol, les Zèbres auraient apporté un peu plus de variété et nous auraient davantage mis en danger. Je n’ai jamais ressenti la moindre menace. A 0-1, j’avais déjà le sentiment que nous ne pourrions pas être rejoints. Défensivement, nous avons joué le match quasi parfait. Et, offensivement, nous avons concrétisé les rares occasions dont nous avons hérité ».

Marcin Zewlakow attend un retour

Si, défensivement, Mouscron a contrôlé la partie, Marcin Zewlakow s’est souvent retrouvé livré à lui-même devant. « C’est le nouveau système de jeu qui veut cela », affirme l’attaquant polonais. « Je suis souvent isolé. Parfois, je vois une possibilité de tenter une action, mais pour la réaliser, il me faudrait le soutien de mes partenaires ».

Un soutien qu’il a rarement reçu samedi. « S’il y a un secteur de jeu dans lequel Charleroi était susceptible de créer le danger, c’était sur les ailes », explique Christophe Grégoire.  » Koen De Vleeschauwer et moi ne pouvions donc pas trop nous aventurer en zone adverse pour soutenir Marcin ».

L’attaquant polonais a donc fait contre mauvaise fortune, bon coeur. « Je ne vais pas critiquer le nouveau système, puisqu’il se révèle performant. Cette nouvelle façon d’évoluer, en 4-5-1, exige de moi une grosse dépense d’énergie. Je dois souvent affronter deux ou trois défenseurs. Après chaque match, je suis bien fatigué, mais… c’est mon boulot! Je cours pendant 90 minutes, et si on peut ensuite célébrer une victoire pendant toute la semaine, ce n’est pas désagréable ».

Marcin Zewlakow s’exécute pour le bien de la collectivité avec cet esprit de sacrifice et d’abnégation qui le caractérise. « Mon credo, c’est que lorsqu’on donne quelque chose dans la vie, on finit toujours par recevoir quelque chose en retour. Alors, j’attends. Je joue pour l’équipe et j’espère qu’un jour, mes équipiers joueront pour moi. Samedi, je me suis créé une occasion. Le gardien a détourné mon envoi. Mais je suis heureux d’avoir offert un but à Zoran Ban. Je suis certain que bientôt, il me rendra la pareille ».

Tantôt attaquant de pointe, tantôt extérieur droit comme contre Lommel voici dix jours, Marcin Zewlakow se plie de bonne grâce à la volonté de l’entraîneur. « Honnêtement, je préfère jouer comme attaquant de pointe. Seul, ou avec un équipier à mes côtés, ce qui m’offre un peu plus de possibilités de combinaison. Mais, lorsque je glisse sur l’aile, c’est que la situation l’exige ».

La formule se révèle gagnante. « Il n’y a pas que le système de jeu ou l’arrivée de Mbo Mpenza« , estime Alexandre Teklak. « D’ailleurs, nous avons battu Lommel et Charleroi sans lui. Je pense réellement que l’état d’esprit a changé. Un déclic s’est produit lors de la victoire contre Bruges. Je retrouve désormais une solidarité qui s’était un peu perdue durant le premier tour et j’ai l’impression que, désormais, nous pouvons battre n’importe qui. Par rapport à avant, nous gagnons énormément de duels. Nous commettons beaucoup de fautes, des petites fautes dites professionnelles, qui empêchent l’adversaire de développer son jeu ».

Problème mental pour Pivaljevic, physique pour Etchi

Quant à Charleroi? « Le match de samedi a été à l’image de la saison pour les Zèbres », poursuit Alexandre Teklak. « Parfois, on voit des bonnes choses. Trop peu, à mon sens. Je ne retrouve plus cette volonté de se battre pour ses couleurs, que j’avais connue autrefois au Mambourg. La politique de recrutement n’y est sans doute pas étrangère. Il n’y a pratiquement plus de joueurs de la région. On ne transfère plus que des joueurs extérieurs ou des étrangers qui, parfois, ne parlent même pas la langue. Cela devient difficile, dans ces conditions, d’encore former un bloc ».

« J’ai senti dès les premières minutes que ce n’était pas le Sporting des grands jours », reconnaît Enzo Scifo. « Nous n’avons jamais réussi à emballer le match. Mouscron nous a bien endormis et sa force de frappe a fait la différence ».

Le premier quart d’heure n’avait pourtant pas été mauvais. « Nous prenons à nouveau un but consécutif à une phase arrêtée », regrette Ronald Foguenne. « Cela devient une habitude. Nous avions déjà été piégés comme ça contre le RWDM et à St-Trond. Quand l’adversaire reçoit un coup franc, c’est la pagaille chez nous, il y a un grave manque de rigueur. Un moment d’égarement peut arriver à tout le monde, mais quand ça se reproduit chaque semaine, il faut se poser des questions. Le deuxième but de Mouscron, qui suit une rentrée en touche, est un but de carnaval: deux hommes partent sans problèmes dans le dos de la défense. On peut toujours viser un point même en jouant mal et en ne se créant pas d’occasions. Mais on ne peut plus tenir le 0-0 si on n’a pas une certaine rigueur sur les phases arrêtées ».

Foguenne revient de l’enfer. Depuis son arrivée de Gand, il y a un an et demi, il a fréquenté beaucoup plus souvent l’infirmerie que le terrain. Samedi, il était accompagné de deux autres néophytes dans l’entrejeu: Daniel Camus et Alexandre Di Gregorio, qui sont eux aussi restés plusieurs mois sans jouer. « Il ne faut pas nous demander monts et merveilles », reconnaît Foguenne. « Le rythme ne se retrouve pas en deux matches ».

Bertin Tokéné et Darko Pivaljevic sont dans le même cas: Charleroi leur offre une chance de réhabilitation, mais ils doivent d’abord gommer les traces de plusieurs mois passés dans l’ombre. « Personnellement, je me sens très bien », dit Tokéné. « Je ne pense pas qu’on puisse mettre la défaite contre Mouscron sur le compte des joueurs arrivés récemment dans l’équipe ».

Pivaljevic avait été grippé pendant toute la semaine et n’est monté qu’après une heure. Il pointe un problème mental dans l’équipe: « Dès que nous prenons un but, nous nous effondrons complètement. Plus rien ne va dans les têtes. Nous devons être capables d’inverser des matches, comme St-Trond l’a fait contre nous. Il y a assez de qualités footballistiques dans notre groupe, mais le mental ne suit pas. Je n’ai jamais eu l’impression que l’équipe donnait le maximum face à Mouscron. Dès que nous arrivions à 30 mètres du but adverse, plus rien ne fonctionnait ».

Ernest Etchi affirme carrément que les Zèbres n’ont pas joué pour gagner: « Nous avons joué à la baballe, chaque joueur ne pensait qu’à lui, et Mouscron nous a attendus calmement. On ne peut pas viser mieux quand on n’exerce aucun pressing sur le porteur du ballon. J’étais pourtant optimiste après un quart d’heure. Je me disais que nous allions les manger. Malheureusement, nous avons une fois de plus bien commencé et très mal terminé. Nous finissons toutes nos rencontres à la traîne. Le problème est peut-être physique ».

Le défenseur camerounais a une pensée pour les supporters: « La veille du match, j’ai vu plein de gens qui faisaient la file pour acheter leur billet. Je me suis dit qu’ils méritaient bien une victoire. Au lieu de cela, nous perdons à cause de buts évitables. Une fois de plus. Je ne peux pas reprocher aux supporters de nous avoir sifflés car ils méritent un autre Sporting ».

Pierre Danvoye et Daniel Devos

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