L’arme secrète

Longtemps blessé, Lucky Luke n’a pas encore eu souvent l’occasion de dégainer.

Le shooteur monténégrin PredragSavovic, 27 ans, estampillé NBA, avait été acquis par les Spirous d’ Eric Somme pour conférer à la formation carolorégienne le petit extra susceptible de faire la différence sur la scène européenne. Ses débuts sous le maillot carolo avaient été prometteurs : en préparation, il avait été élu MVP du tournoi de Brest où il avait notamment inscrit 31 points en finale contre Pau-Orthez. Mais, depuis lors, LuckyLuke n’a plus guère eu l’occasion de dégainer. Lors du premier match de championnat contre Anvers, il s’est blessé à la hanche après cinq minutes de jeu. Verdict : deux mois et demi d’inactivité. A peine rétabli, il s’est reblessé au mollet. Moins grièvement, cependant : il n’a loupé que deux matches.  » Aujourd’hui, je n’ai plus aucun pépin physique « , affirme-t-il.  » Mais je dois retrouver le rythme « .

Recordman des trois points à Hawaii

Pedja, a été formé au Partizan Belgrade bien qu’il soit originaire du Monténégro :  » J’ai débuté en D1 à 17 ans. Avec le Partizan, j’ai été champion de Yougoslavie et aussi quart de finaliste de la Coupe Korac en 1997. A l’époque, j’évoluais comme distributeur. Je suis devenu un ailier shooteur par après. A 21 ans, après deux saisons dans des petits clubs yougoslaves de D1, j’étais parti aux Etats-Unis à l’université d’Alabama. J’y ai participé à 21 matches, mais sans vraies ambitions : je ne montais sur le terrain que quelques minutes et j’avais une moyenne de deux points par match. Lors d’un déplacement à Los Angeles, j’ai rencontré le coach de l’université de Hawaii, qui m’a vu à l’£uvre et m’a affirmé que j’avais réellement le potentiel pour jouer dans son équipe. Je suis parti à Hawaii, où j’ai bouclé un cycle d’études complet de quatre ans tout en prenant le basket au sérieux. J’étais un bon élève et j’ai été plébiscité parmi les All American Academics qui est la reconnaissance la plus élevée. Au bout des mes quatre années à Hawaii, je me suis retrouvé avec deux diplômes : économie et finances internationales « .

Hawaii, ce n’est pas l’endroit le plus désagréable pour passer quatre années.  » Effectivement, mais je n’avais pas beaucoup de temps pour aller à la plage. Car, en dehors de mes études, je travaillais également. J’étais inspecteur dans la construction « . La tête et les jambes, donc.  » Pourtant, avant de partir aux Etats-Unis, je ne parlais pas couramment l’anglais. Je l’ai appris sur place. Mais j’apprends vite. Aujourd’hui, je suis à Charleroi depuis six mois et je commence déjà à me débrouiller en français « .

A l’université de Hawaii, Savovic s’est véritablement révélé comme basketteur.  » J’avais de très bons rapports avec le coach. Il savait comment m’utiliser. J’ai énormément progressé sous sa direction. Une année, j’étais l’un des deux meilleurs shooteurs des Etats-Unis, et j’ai battu le record du nombre de tirs à trois points tentés et réussis à l’Université de Hawaii. J’avais une moyenne qui avoisinait les 21 points par match. Pendant ma troisième saison, l’univ’ a réussi le meilleur classement de son histoire. On a été champion de Conférence, et j’ai été élu Playoffs Player of the Year et Conference Co-Player of the Year, avec un joueur qui évolue aujourd’hui en NBA aux Los Angeles Clippers, MelvinEly. On participait à la WesternAtlanticConference, et on se déplaçait régulièrement en Californie et même au Texas. Je me souviens avoir joué contre Louisiana Tech, l’ancien collège de RonEllis. Lors du tournoi final NCAA, malheureusement, nous n’avons pas eu de chance. Nous avons été éliminés dès le premier tour alors que nous menions de 14 points à la mi-temps. J’avais inscrit 31 points lors de ce match « .

Sur l’injury list à Denver

Après une année à Alabama et quatre à Hawaii, Predrag Savovic tenta donc sa chance en NBA.  » Je n’ai pas été drafté, mais j’ai été recruté en qualité de freeagent par les Denver Nuggets. Hélas, cela ne s’est pas passé comme prévu. J’avais signé pour trois ans, mais je ne suis resté qu’un an. J’ai bien été placé sur l’ injurylist, mais je n’étais pas blessé. C’est compliqué en NBA : lorsque le club estime qu’il n’a pas besoin d’un joueur, il le place sur l’ injurylist afin de pouvoir ajouter un nouveau joueur dans le roaster. Je n’avais jamais été blessé longuement avant que la poisse ne s’abatte sur moi à Charleroi. Simplement, je n’ai jamais reçu ma chance en NBA. Les Denver Nuggets préféraient ouvrir la porte à quelques jeunes qu’ils avaient sous la main. C’est râlant, car je pense que j’avais le potentiel pour réussir. J’ai participé à une trentaine de matches, et je me souviens de victoires contre Utah, Miami, Boston et deux fois Phoenix auxquelles j’ai pu apporter ma contribution, mais généralement je jouais deux ou trois minutes, pas plus « .

Aussi, en fin de saison dernière, Savovic préféra revenir en Europe.  » J’avais de nombreuses offres, y compris dans de grands clubs européens, mais j’ai opté pour Charleroi et à ce jour, je ne l’ai pas encore regretté une minute. Ce qui m’a plu chez les Spirous ? Le fait que l’on comptait vraiment sur moi et la possibilité de faire partie d’un projet ambitieux. Je sais que Charleroi veut bâtir quelque chose de grand, en Belgique et en Europe, et c’est très valorisant d’apprendre que l’on compte sur vous pour y parvenir. Bien que nous soyons originaires de la même région, je ne connaissais pas le coach SavoVucevic avant de débarquer au Spiroudôme. Mais il n’y a pas que lui qui m’a convaincu. Tout est chouette à Charleroi : les gens, les partenaires, la salle, l’ambiance. Je découvre aussi un championnat que l’on a trop tendance à sous-estimer. Que l’on ne s’y trompe pas, la compétition belge est d’un excellent niveau. Je ne peux pas réellement la comparer avec le championnat yougoslave, car il y a trop longtemps que je n’y ai plus mis les pieds, mais les prestations des Spirous et de Pepinster en Coupe ULEB attestent que ces équipes n’ont rien à envier aux meilleures équipes européennes. Je regrette simplement de ne pas encore avoir pu donner la pleine mesure de mon talent. Mais la saison n’est pas finie « .

Et si la possibilité de retourner en NBA se représentait ?  » Pour l’instant, je ne me focalise pas du tout sur la NBA. Je suis content d’y avoir goûté. C’est déjà un accomplissement, car pour beaucoup de joueurs, cette ligue qui réunit les 400 meilleurs joueurs du monde est un rêve inaccessible. Mais il y a moyen d’être heureux en Europe également. Et même en Belgique « .

Daniel Devos

 » Charleroi veut être grand : c’est TRèS VALORISANT « 

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