L’après Roussel

Le directeur des Dragons regarde l’avenir avec confiance et affirme que son club copie Genk.

Alors que Charleroi et La Louvière ont mal à la tête et s’inquiètent pour leur avenir financier ou sportif, Mons avance, progresse au fil des projets, a porté sur les fonts baptismaux la société anonyme qui gèrera le club et lancera sous peu les adjudications pour la construction de son nouveau stade.

En 2005, l’enceinte de la Rue du Tir abritera confortablement 12.000 spectateurs. « Ce sera un petit Genk », avance Jean-Claude Verbist. « Le Stade Tondreau comptera 8.000 places assises. La première phase des travaux commencera dès la fin du mois de mai.Nous nous sommes rendus au Fenixstadium des champions de Belgique en titre. L’accueil de la direction y fut extraordinaire. Son stade est magnifique: ce n’est pas difficile, on a copié Genk ».

Cette réalisation nécessitera un investissement de 12,5 millions d’euros, 60% étant payés par la Région Wallonne, le reste par la Ville de Mons. Il avait été question de bâtir une arène sur des terrains de l’intercommunale Idea, à Maurage, entre La Louvière et Mons, que les Dragons et les Loups se seraient partagés. C’était une idée d’ Hervé Hasquin (MR) mais Elio Di Rupo (PS) a compris ce que le football pouvait apporter au redéploiement de sa ville et l’Albert restera au Tondreau. « Nous sommes très bien chez nous », affirme Jean-Claude Verbist. Autrement dit: Mons et La Louvière ne partageront pas les mêmes installations. « Il n’y aucune raison de déménager », continue Jean-Claude Verbist. « Nous trouverons aussi une solution afin que l’équipe Première s’entraîne sur des terrains situés près du stade.Le projet de Maurage est un coup d’éclat politiqueavant les prochaines élections législatives: y croire, ce serait la plus belle façon de ne plus avoir de club de la région en D1. Il faudrait discuter, tout remettre à plat: cela prendrait un temps fou. Or, on n’a plus une minute à perdre car, à l’échéance de 2005, il faudra un stade impeccable pour décrocher la licence. De plus, les subsides pour de telles initiatives ont été attribués.Mons aura donc son stade moderne… avenue du Tir ».

Autrement dit: le projet de Maurage a déjà fait naufrage. Filippo Gaone en rêvaitpour ses Loups: il devra penser à autre chose ou se nourrir des promesses de sa ville qui veut moderniser le Tivoli. Sur sa lancée, l’Albert passe progressivement de l’âge de pierre à l’ère du professionnalisme. Trois personnes s’occupent désormais du marketing. Et le club a été réorganisé en société anonyme. Les deux premiers actionnaires ne sont autres que le président Dominique Leone et la société Holcim (Cimenteries d’Obourg). Le passif est de 500.000 euros, l’actif (valeur minimale calculée en tenant compte de la valeur du rachat par autrui du contrat en cours des joueurs) s’élève au même montant. Pour le moment, le capital s’élève à 62.000 euros mais il sera rapidement revu à la hausse avec la venue de nouveaux actionnaires.

La moyenne monte sans cesse

Le PSG a une option pour devenir actionnaire de cette société anonyme à concurrence au maximum d’un quart des parts. Le budget pour la saison actuelle est de 3,7 millions d’euros. Il sera probablement en équilibre et Mons le fera passer à 5.000.000 d’euros la saison prochaine. « Pour en arriver là, il fallait nécessairement renoncer à l’organisation en asbl afin de nous tourner vers une société anonyme », note Jean-Claude Verbist. « Cette formule est plus claire. Les banques accordent plus facilement des lignes de crédits et autres facilités à des sociétés anonymes. Les investisseurs n’aiment pas du tout les associations sans but lucratif ».

Si Mons est sur les rails en ce qui concerne son organisation financière et son infrastructure, il n’en reste pas moins que tout dépend finalement, et heureusement, de ce qui se passe sur le terrain. C’est là, et nulle part ailleurs, que Mons a pris son envol. Les sportifs ont signé les premiers exploits et le reste a suivi. A un point tel que Mons fait preuve d’exemple: ambiance positive au Stade Tondreau, une moyenne de 6.000 spectateurs qui ne cesse de monter et un football de qualité. La réussite de Mons fait penser à celle de Mouscron lors de ses débuts en D1. Jean-Claude Verbist sourit: »Après notre premier match de D1, à Beveren, beaucoup ont lancé que Mons n’était qu’un oiseau pour le chat. Je savais pourtant que le groupe détenait beaucoup de qualités. Assez pour vivre une saison tranquille en D1. Mais je sais que tout est si fragile ».

Il suffit parfois de la méforme ou de l’absence d’un joueur pour que la mécanique s’enraye. Pour le moment, Mons dépend beaucoup de la production offensive de CédricRoussel. Or, en carburant de la sorte, le poulain de Roger Henrotay attirera le regard de nombreux clubs. « Je connais très bien Cédric », affirme Jean-Claude Verbist. « J’étais le manager de La Louvière lors de son éclosion. J’ai participé aux tractations de son transfert du Tivoli à Gand. Il y a donc longtemps que je cerne son potentiel qui est énorme. Ses débuts ne furent pas saignants à Mons car il devait retrouver ses sensations et son football après être resté des mois sans jouer à Wolverhampton. Cédric a remonté la pente. Il a réussi son défi à Mons. Maintenant, on peut le perdre en janvier. Je crois cependant qu’il restera jusqu’en fin de saison. Le contrat est clair: s’il veut repartir à Wolverhampton, il s’en va après une demi-saison. Mais il déteste l’entraîneur en place là-bas et ce dernier le lui rend bien et ne l’alignera jamais. Cédric sait tout cela. Il est dans un formidable courbe positive et ce n’est qu’un début. Contrairement à ce qu’on dit, Wolverhampton ne prendra pas de décision à sa place. Cédric Roussel aura le dernier mot: personne d’autre. A mon avis, il restera à Mons jusqu’en fin de saison car, en jouant de la sorte, il sera retenu en équipe nationale et c’est son rêve.En juin, il partira car l’Albert ne pourra pas payer le salaire d’un joueur que tout le monde suit déjà ».

Pour le moment, Mons ne supporte qu’un quart de sa paye, le reste étant à charge de son club anglais.

Leone gère tout à la loupe

Mons n’a pas de potion magique mais s’appuie d’abord sur beaucoup de travail. Jean-Claude Verbist a récemment été opéré au genou (il a désormais deux prothèses) mais se coltine beaucoup de dossiers. Brillant homme d’affaires (recyclages, produits métallurgiques, etc.), le président Dominique Leone compte et recompte tous les sous. A l’Albert, tout le monde sait qu’Elio Di Rupo retirerait tout de suite son soutien à un club géré de façon folklorique. Or, sans cet appui-là, Mons ne serait qu’un oiseau pour le Dragon. 24 heures après un match, Leone veut les chiffres de toutes les recettes (billetteries, buvettes…) sur papier et fait tout analyser. Le président montois débute en tant que président mais apprend vite, consulte sans cesse son directeur, entretient pas mal de contacts avec des clubs français et lit mille choses sur le foot.

« J’ai carte blanche mais Leone suit tout », dit Jean-Claude Verbist en riant. En quelques mois, Mons a donc fait d’aussi grands pas que Neil Armstrong, le premier homme à marcher sur la lune le 21 juillet 1969. « Il y a un climat formidable », affirme Jean-Claude Verbist.  » Marc Grosjean y est pour beaucoup, c’est évident. A La Louvière, Marc était souvent tendu. Il a mûri et a confiance en son staff technique. En cours de match, il discute avec son adjoint, le consulte. Il n’avait jamais fait cela à la Louvière. Ici, il sait que le T2 ne cherchera jamais à prendre sa place. Son football est organisé mais surtout intéressant à suivre avec un mariage réussi entre les anciens et les nouveaux. Il y a de fameux gagneurs dans le groupe: Kris Van de Putte (peut-être pas le meilleur gardien de D1 mais quelle belle mentalité), Liviu Ciobotariu (exemple à suivre sur et en dehors du terrain), Eric Joly (quelle registre technique), Eric Suray (positif et exemplaire quand il ne jouait pas), Claude-Arnaud Rivenet (toujours utile), Cédric Roussel (puncheur) : si des gars comme eux vont au charbon, les autres suivent et se bonifient. Quand Eric Joly a vu ce qui se passait à Mons, il m’a vite dit que son désir était de rester. Je me suis précipité à Gand afin de transformer la location en transfert définitif ».

Le but de l’Albert est de se mettre le plus vite possible à l’abri afin de préparer la prochaine saison. Il y aura des départs, des arrivées et les accords avec le PSG, grâce à Roger Henrotay, seront utiles. Les Français placeront des joueurs à l’Albert comme c’est le cas cette année pour Rabiu Baita, Tarik Kharif, Mbemba Sylla, JonathanFeriaud. Le PSG paye le salaire de ces joueurs tandis que Mons prend en charge l’appartement, la voiture et les primes de matches. « Nous savons que Mons devra avoir un budget de cinq millions d’euros pour vivre tranquillement en D1 », conclut Jean-Claude Verbist. « Cela ne posera pas de problèmes… »

Pierre Bilic

« Nous aurons notre budget de cinq millions d’euros »

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