L’APRÈS GUILLOU

Face à un début de saison pénible à tous points de vue et des condamnations possibles, les Waeslandiens veulent relancer la piste Arsenal.

Le succès face à Zulte Waregem, d’il y a dix jours, renvoie le Lierse à six points : un bol d’air avant les deux matches – en championnat et en coupe – qui les opposent. Daniel Pairon, administrateur du club cité la saison passée comme candidat à la présidence, qualifie cette saison de transition :  » L’équipe trouve petit à petit un équilibre entre la technique et l’engagement, même si la qualité du jeu laisse à désirer « .

Pairon ne s’en soucie pas trop :  » Les années précédentes, on félicitait notre jeu mais quand on finit par lutter pour le maintien, ça en devient lassant. Soyons patients et faisons confiance à ce groupe qui est neuf, tout comme son staff technique « .

A Beveren, l’entraîneur occupe également le poste de directeur technique. En cette qualité, il a son mot à dire lors des réunions du conseil d’administration et peut donc s’évaluer. N’est-ce pas étonnant ? Pairon :  » Walter Meeuws est suffisamment âgé et raisonnable pour rester objectif. C’est une construction à l’anglaise. Nous faisons un copier coller à notre échelle. Nous verrons bien si ce schéma est performant « .

Meeuws doit mettre sur pied une cellule de scouting. En plus de l’équipe fanion, il s’occupe de la formation des jeunes. Le directeur technique précédent, Jean-Marc Guillou, avait la réputation de ne pas faire confiance aux jeunes. Ces derniers, tout comme les entraîneurs, perdaient leur motivation. Pairon n’est pas d’accord avec ce constat :  » Celui qui avait du talent recevait sa chance, à commencer par Wim De Decker ( NDLR : le médian joua à Beveren de 2000 à 2002 avant de passer un an à Gand, trois au G. Beerschot et de signer à Genk pour quatre saisons). Je vous lance un défi : citez-moi un joueur qui a réussi ailleurs au plus haut niveau et affirme que Guillou ne lui a pas accordé sa chance. AnwarBou Sfia et BjornVleminckx évoluent en D2. Il y a quelques années, Westerlo a cru faire une bonne affaire en enrôlant gratuitement notre avant Delanghe. Nous étions très fâchés sur Jean-Marc mais il a rétorqué : -Je leur verse une prime en plus. Il avait du flair : ce garçon joue maintenant en Promotion « .

Le procès avec Guillou n’est pas terminé

Guillou et son staff ont été limogés au printemps dernier, à quelques mois du terme de son contrat. Pairon a tenté jusqu’au bout de réconcilier toutes les parties :  » Mais le navire était voué au naufrage. Guillou s’est rendu invivable. Je l’ai averti deux semaines avant que nous nous séparions mais il pensait que nous n’oserions jamais. A un moment donné, il s’est cru immortel. La témérité est mauvaise conseillère « .

D’après Pairon, ils n’étaient qu’à un fifrelin du scénario idéal : le club revenait sportivement dans des mains flamandes tout en collaborant ponctuellement avec les académies de Guillou.  » Mais il voulait conserver son mot à dire dans la gestion. Ce n’était plus possible. Nous ne voulions plus lâcher le club. Nos successeurs le feront peut-être mais le moment n’était pas encore venu. Nous allons obtenir de nouvelles infrastructures, financées par la commune. Ce point était évidemment délicat « .

Lors d’une réunion de l’ASBL, Guillou a été obligé de s’exprimer en néerlandais. Le manque d’élégance de ces adieux a entraîné deux plaintes susceptibles de se retourner contre le club. Pairon :  » L’interprétation d’un contrat de l’ordre de 400.000 à 500.000 euros nous divise. Le différend nous opposant au staff technique est tout autre. Les deux phénomènes sont indépendants l’un de l’autre, même s’il s’agit de l’héritage de Guillou. Il s’est glissé dans la peau d’un administrateur délégué et a intégré dans les contrats des clauses qui n’avaient fait l’objet d’aucune décision au conseil d’administration « .

Guillou a accordé au coach Vincent Dufour et à ses joueurs des contrats de trois ans qui coûtaient environ 500.000 euros en cas de rupture. Pairon :  » Cette affaire passe au tribunal dans un mois. Je formulerais les choses ainsi : si les deux affaires tournent en notre faveur, nous nous sentirons riches. Dans le cas contraire, nous effectuerons un pas en arrière « .

En plus de ces sommes, chaque club de D1 est aux prises avec un déficit structurel oscillant entre 300.000 et 400.000 euros. Pairon :  » Nous avons diminué notre dette de 1,8 million d’euros ces dernières années, grâce aux transferts, mais nous ne pouvons plus compter sur cette source de revenus à l’avenir « .

Quelles sont donc les issues possibles ? Pairon :  » La région compte beaucoup de clubs dans un mouchoir de poche. Nous nous sommes tournés vers Anvers. C’est une chance car au Pays de Waes, il n’y plus un franc à gagner. Nous misons sur le développement des ports du Pays de Waes, qui peuvent constituer un plus financier pour le club « .

Les clubs anversois ont abandonné cet espoir depuis belle lurette : le port ne donne rien. Pairon :  » En effet, car ils ne collaborent pas avec la Ville. Nous avons cet atout. La commune va d’ailleurs nommer un échevin des Ports lors de la prochaine législature « .

L’infrastructure

En plus, pour offrir un minimum de confort à ses invités, le Freethiel doit se moderniser. La rénovation a des allures de procession d’Echternach. Hormis une couche de peinture jaune vif apposée sur les murs en été, on ne voit rien venir. Les supporters de Zulte Waregem étaient d’ailleurs trempés récemment.

Pairon :  » C’est inadmissible. Nous avons un projet d’envergure : en fonction du scénario et de l’étendue des espaces commerciaux, nous parlons d’un investissement de six à neuf millions d’euros « .

La première procédure d’attribution n’a pas abouti : la commune qui est propriétaire ne veut pas investir plus de cinq millions et cherche un partenaire pour la construction de deux tribunes. Pairon :  » Il semble qu’on ait mal lu le cahier des charges. Les seules personnes intéressées étaient les constructeurs. On a oublié l’exploitation des espaces commerciaux. Comme nous devons respecter la législation, nous devons reprendre toute la procédure à zéro « .

Ces transformations pourront-elles être effectuées à la fin de la saison, les résultats des élections communales ne vont-ils pas entraver le processus ? Pairon :  » Durant la campagne, il n’a jamais été question de football. Je pense que tout le monde soutient le projet. Quant au timing… S’il faut démolir fin avril ou début mai, c’est serré, en effet. Cette construction marquera une ère nouvelle pour une quinzaine d’années mais nous devons passer par une sale période. Il nous faut cinq ans avant de redevenir un club stable « .

A un carrefour aussi périlleux de son existence, le club est-il attrayant aux yeux de repreneurs ? Récemment, un Italien susceptible d’amener des investisseurs d’Europe de l’Est s’est manifesté mais il n’a pu fournir de garanties bancaires suffisantes. Pairon :  » Nous avons vécu une collaboration fantastique entre trois partenaires différents. Nous ne sommes pas opposés à une nouvelle tentative mais à nos conditions « .

L’été a été riche en contacts mais pas en contrats. Pairon entrevoit une autre issue : une collaboration plus étroite avec Arsenal. Le club londonien n’a plus prêté de joueur à Beveren depuis le défenseur letton Igor Stepanovs, qui s’en est allé durant l’été 2004. Pairon :  » Nous voulons relancer ce partenariat. Nous avons établi des contacts et nous travaillons en prévision de la saison prochaine. Nous sommes à la recherche de joueurs et de personnes pour le staff technique. Nous devons pouvoir tirer un avantage de cette situation : nous sommes le seul club lié à ce mastodonte « .

PETER T’KINT

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