» L’Antwerp me plaît : il bouleverse l’ordre établi « 

Hilde Van Malderen (40 ans) est une ancienne journaliste spécialisée en foot. Depuis le début de l’année, elle est responsable de la communication du Royal Antwerp FC.

« J’ai quitté le milieu pendant trois ans, durant lesquels j’ai écrit un livre, ( Kathaai, ndlr) et donné le jour à une petite fille, mais le club a peu changé. J’avais déjà interviewé par le passé Luciano D’Onofrio, Laszlo Bölöni, Wim De Decker, Jelle Van Damme et j’ai immédiatement retrouvé mes marques.

Ce qui m’a frappée, en tant que journaliste, c’est qu’on me jugeait sur tout sauf sur mon travail.  » Hilde Van Malderen

Je n’accepterais pas de travailler pour n’importe quel club. L’Antwerp me plaît. Il bouleverse l’ordre établi. Il s’appuie sur une riche et turbulente histoire. Il n’est pas artificiel. L’Antwerp est spécial parce qu’il est pur et rude. Droit, passionné, entêté.

Ses supporters sont phénoménaux. On retrouve moins ce côté authentique dans les autres clubs. Je remarque aussi que l’Antwerp peut compter sur la sympathie des amateurs de football comme de mes amis, bien qu’ils soient surtout supporters de Gand.

Ce serait différent pour Anderlecht ou le Club Bruges. Personnellement, je n’ai jamais eu vraiment de club favori car quand j’étais adolescente, je m’intéressais à l’athlétisme. Carl Lewis et Katrin Krabbe étaient mes héros.

Nous voilà maintenant en PO1 et je constate que les grands clubs deviennent nerveux. Ils comprennent que l’Antwerp possède la base et le potentiel requis pour se mêler à eux. Je trouve exagérées les critiques sur notre soi-disant football négatif.

Je sais comment ça fonctionne : un analyste embraie, les autres suivent et ça devient un fait établi. Plus une équipe progresse, plus on l’analyse. Il ne faut pas se laisser influencer. Je n’ai d’ailleurs pas l’impression que ce soit le cas de l’Antwerp.

On oublie parfois que ce n’est que notre deuxième saison en division un. Après toutes ces années en division deux, on ne peut pas s’attendre à ce qu’il développe d’un coup du football-champagne.  »

Impressionnée par Van Gaal et Gerets

 » Un des plus beaux moments de ma carrière journalistique a été l’inauguration de la Ghelamco Arena de Gand. Enfin, il y avait un nouveau stade, alors que le football belge stagnait depuis des décennies.

Un autre moment mémorable a été ma rencontre avec Louis van Gaal, à mes débuts en journalisme au quotidien De Morgen. J’étais à l’AZ pour interroger Stein Huysegems et j’ai croisé Van Gaal.

Au grand étonnement de mon chef, Hans Vandeweghe, j’ai obtenu son interview. Une semaine plus tard, je retrouvais Van Gaal dans un petit conteneur. Sa personnalité m’a intimidée.

Quelques années plus tard, EricGerets, à Marseille, m’a fait la même impression. Je travaillais alors pour Het Laatste Nieuws. J’ai été la seule à pouvoir l’interroger et ça a été l’article le plus lu de l’année. Mais j’étais terriblement nerveuse !

J’étais souvent la seule femme dans la salle de presse. Ce qui m’a frappée, c’est qu’on me jugeait sur tout sauf sur mon travail. Je ne m’intéressais pas à la mode ni au maquillage mais on ne parlait que de ça autour de moi.

Un moment donné, j’ai aussi fait l’objet de jalousies car je pouvais écrire des éditoriaux et j’ai travaillé pour la télévision. Parfois, des joueurs ont cru que c’était une plaisanterie : une femme qui les interviewait ? !  »

Intimidations sexuelles

 » D’un autre côté, ils me considéraient sans doute moins comme une menace et il m’arrivait d’obtenir plus facilement ces interviewes.

Nous avons enfin une analyste, Imke Courtois, mais elle est à la fois une bénédiction et une malédiction car elle est aussi mannequin. Elle est très naturelle mais pourquoi Tamara Cassimon, T2 des Red Flames et fine tacticienne, ne reçoit-elle pas sa chance ?

Elle a passé la quarantaine et elle est trop âgée. C’est pareil pour Ingrid Vanherle, qui parle très bien de football. De ce point de vue, la presse n’évolue guère.

En 2014, j’ai publié un livre sur mes expériences du milieu : Speelgoed. Jouet. malheureusement, on l’a réduit à quelques anecdotes sur des intimidations sexuelles alors que ça ne représentait qu’une petite partie du contenu. Or, j’insistais déjà sur une série de problèmes du football, comme la puissance croissante des managers.

Mon livre est sorti un peu trop tôt. On ne m’a pas reproché d’écrire des mensonges mais de parler de ça alors que j’estimais que c’était de mon devoir de journaliste.  »

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