L’anti-non-sens

Le modeste gardien suscite désormais l’intérêt du top et songe petit à petit à grimper d’un échelon.

Quand Sammy Bossut (25 ans) travaillait comme menuisier, un moment d’inattention a plongé sa main sous la scie mécanique ! A quelques millimètres près, il perdait tout espoir de faire plus tard carrière comme gardien.

Vous pensez encore souvent à cet accident ?

Sammy Bossut : Quand il fait froid, mon pouce devient bleu. C’était un accident stupide. A cause du téléphone, je n’avais pas entendu que la machine tournait et j’ai eu un geste malheureux. Le tendon était complètement arraché. Heureusement que l’os n’a pas été atteint. Je n’y pense pas systématiquement mais je fais un signe de croix avant chaque match avec l’espoir que rien de grave ne m’arrive. Et je ne pense pas redevenir menuisier après ma carrière de footballeur…

Visiblement, vous n’êtes pas arrivé dans le foot pro au terme d’une filière d’écolage dans un club du top…

J’aurais pu rejoindre les jeunes d’Anderlecht mais ma famille et moi-même avons estimé qu’il valait mieux renoncer. Je ne désirais pas vivre dans une famille d’accueil ni effectuer journellement l’aller-retour depuis Tielt. J’étais très casanier. Je préférais rester auprès de mes frères et obtenir un diplôme. Je ne sais pas si c’était le bon choix mais j’ai quand même réussi… grâce à John Dujardin. Il m’a appris les ficelles du métier qui m’ont permis d’atterrir à Zulte Waregem via un passage à Harelbeke.

A l’aube de la trêve d’hiver, Zulte Waregem avait, selon la tradition, connu une période assez difficile…

La préparation n’était pas très encourageante et les premiers matches ne l’étaient pas davantage. C’était un peu prévisible après le départ de Francky Dury et l’arrivée de dix nouveaux joueurs, parmi lesquels beaucoup d’étrangers, qui tous devaient s’intégrer. Cela a imposé un changement de style inédit pour Zulte Waregem. Il s’agissait bien de jeunes joueurs talentueux mais pas assez aguerris. Nous avons pataugé longtemps, jusqu’au moment où la direction a remplacé Bart De Roover.

Après ce remplacement, Hugo Broos a bien relancé l’équipe avant de souffrir à nouveau !

Broos a mis les points sur les i. Chacun connaît son palmarès, nos étrangers ont également du respect pour cela. D’abord il nous a dit qu’il y avait beaucoup plus dans ce groupe que nous ne montrions. En parlant beaucoup avec chacun, il a rétabli la confiance des joueurs. Le meilleur exemple est celui d’Habibou. Broos est l’homme qu’il faut. Sur le plan humain, je le situe au même niveau que Dury.

Sous De Roover, la discipline laissait beaucoup à désirer.

Certains abusaient de ce laxisme. Des joueurs arrivaient en retard au petit déjeuner ou même à des séances de théorie, sans qu’il s’en suive de sanction. Cela provoque de l’irritation au sein du groupe. Pour punir vraiment le footballeur, il faut le mettre deux semaines à l’écart du groupe. Autrement, l’entraîneur brûle tout son crédit. Cela ne signifie pas pour autant que De Roover est un mauvais coach. Mais les jeunes joueurs sont aussi plus difficiles à gérer qu’auparavant. Lorsqu’en tant qu’ancien on leur fait une remarque ils ont plutôt tendance à rouspéter qu’à écouter. Ou bien ils font la tête à l’entraînement parce qu’ils n’ont pas envie de courir ou ne sont pas retenus pour le prochain match. On a aussi vu cela à Bruges et au Standard. Je ne comprends pas.

 » On n’est à l’abri de rien « 

De Roover avait une connaissance assez limitée du français alors que la langue du vestiaire était majoritairement le français…

Il communiquait de manière très satisfaisante. S’il y avait parfois des propos imprécis, c’était aux joueurs plus anciens de traduire et de transmettre le message. Mais il appartient aussi aux joueurs de s’adapter et d’apprendre le néerlandais. Le club ne leur dispense pas des cours de langue pour rien. A un certain moment, Dury s’est exclusivement exprimé en néerlandais, précisément parce que des joueurs ne l’apprendraient pas autrement.

Comment vous jugez-vous ? Vous avez tenu vos filets inviolés durant 8 matches sur 20. Seul Silvio Proto a fait mieux.

Vu les circonstances, le début a également été difficile pour moi. Quand l’équipe ne tourne pas, le gardien en est victime. Néanmoins, j’entendais que je figurais parmi ceux qui tiraient leur épingle du jeu. C’était réconfortant. Mais on n’est à l’abri de rien… Je m’efforce toujours de travailler mes points forts et mes points faibles, comme par exemple mes dégagements. Ceux-ci ne doivent pas être longs mais précis car c’est pour nous un moyen d’entamer une action axée sur la vitesse de Habibou et de Chevalier.

Estimez-vous le temps venu de penser à un transfert ?

J’espère bien qu’en fin de saison je pourrai effectuer un petit pas vers un échelon plus élevé. Si je pars pour un club du top, je veux toutefois recevoir la garantie que je pars sur un pied d’égalité avec les autres gardiens. L’étranger ne me fait pas peur. On shoote peut-être plus fort mais les buts ont partout les mêmes dimensions. Et la direction de Zulte Waregem ne me mettra pas de bâtons dans les roues si je peux m’améliorer.

Le sommet de la reconnaissance est une sélection en équipe nationale : l’espérez-vous encore ?

Le problème est qu’il y a beaucoup de concurrence au poste de gardien et Sammy Bossut ne représente pas une préoccupation majeure pour le staff technique de l’équipe nationale…

PAR JENS D’HONDT – PHOTOS: REPORTERS/ GOUVERNEUR

 » Je ne représente pas une préoccupation majeure pour le staff technique de l’équipe nationale… « 

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