L’ANGLETERRE N’EST PAS L’ESPAGNE

Emilio Ferrera aime Diego Tristan et les équipes bien travaillées.

La quatrième journée en L.C. était placée sous le signe de matches retours…

Emilio Ferrera: Avec des résultats conformes à la logique. La plupart des ténors se sont imposés, à l’image de Manchester United contre le FC Nantes ou du Real Madrid en déplacement au FC Porto. La seule véritable surprise, dans les chiffres surtout, c’est le revers (3 à 0) du FC Barcelone à l’AS Roma. Le coach du Barça, Carlos Rexach, a décontenancé pas mal de monde en optant dans son équipe de départ pour cinq gauchers, dont Rivaldo sur l’aile droite. Au lieu de surprendre l’adversaire, les Azulgrana se sont d’abord surpris eux-mêmes.

Le tournant, dans cette rencontre, ne fut-il pas l’introduction au jeu de Vincenzo Montella à la place de Marco Delvecchio?

Tout à fait, dans la mesure où Delvecchio n’en avait pas mené large, tout au long de la première période, face à Carles Puyol. Montella, en revanche, posa davantage de problèmes à ce joueur. Et comme sur l’autre flanc, Cafu prenait très régulièrement l’avantage sur Sergi, le danger chez les Romains était déployé sur tout le front de l’attaque. Car, au centre de cette ligne, Francesco Totti et Gabriel Batistuta ne manquaient pas de répondant non plus.

Curieusement, en l’espace de huit rencontres en Ligue des Champions, Batigol n’est toujours pas parvenu à faire parler la poudre.

Batistuta pèse toujours de tout son poids sur les arrière-gardes adverses. S’il n’en était ainsi, jamais il n’obtiendrait les faveurs de Fabio Capello. Mais c’est vrai qu’il a quelque peu perdu en force de frappe. Batigol se crée toujours autant d’occasions, mais son taux de réussite n’est plus le même qu’avant. A Anderlecht, au premier tour de l’épreuve, il avait hérité de trois opportunités réelles, sans pouvoir les concrétiser. L’Argentin se ressent très certainement des efforts qu’il a déployés depuis une bonne décennie dans le Calcio. Il ne faut quand même pas oublier que les joueurs, en Italie, disputent pour ainsi dire un match de niveau européen chaque semaine.

Plusieurs joueurs carburent grosso modo à la moyenne d’un but par match : Ruud van Nistelrooy, David Trezeguet et Diego Tristan. Quel est celui qui vous interpelle le plus?

Sans conteste Tristan. Je ne voudrais pas faire injure au talent de van Nistelrooy, mais la Premier League n’a pas la même cote, à mes yeux, que le Calcio ou la Liga. Ce que réalise l’attaquant de La Corogne est exceptionnel : il est constamment livré à lui-même à la pointe de l’attaque. Ce qui ne l’empêche ni de trouver l’ouverture, ni de créer des espaces. Il est, avec Raul, le meilleur puncheur européen du moment.

Rarement la Juventus fut aussi malmenée que lors de son déplacement à La Corogne. Pourquoi?

A partir du moment où ses individualités, comme Trezeguet ou Alessandro Del Piero, sont mises complètement sous l’éteignoir, la Juve n’a plus grand-chose à proposer : elle ne repose pas sur un bon fonds de jeu. A La Corogne, c’est le contraire. Même si des valeurs sûres comme Tristan, Fran, Amavisca ou Valeron sont dans un jour sans, l’équipe reste à la hauteur grâce à son collectif. Au cours des 16 derniers matches, Javier Irureta n’a pas aligné deux fois de suite le même 11 de départ. Et pourtant, les résultats ne s’en sont jamais ressentis. C’est toute la différence entre une équipe travaillée et une qui l’est beaucoup moins.

Liverpool et Arsenal n’offrent-ils pas la même disparité?

Exactement. Chez les Reds, on sent fort bien la griffe de Gérard Houllier. C’est une mécanique remarquablement huilée, alors que les Gunners tablent surtout sur des actions de classe de l’un ou l’autre joueurs d’exception comme Thierry Henry ou Dennis Bergkamp. A cet égard, je crois que le prochain match à Highbury entre Arsenal et La Corogne vaudra par la différence de style.

Bruno Govers

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