L’ange de la miséricorde

Une seconde chance pour Franck Schleck.

PAR BENEDICT VANCLOOSTER

Le départ du 65e Tour d’Espagne sera donné samedi aux arènes de Séville, avec un contre-la-montre par équipes pour commencer. En l’absence des derniers vainqueurs Alberto Contador et Alejandro Valverde, Andy Schleck et Denis Menchov, 2e et 3e du dernier Tour de France, sont les favoris.

Naguère, les spécialistes des courses par étapes considéraient le Tour d’Espagne comme un préparatif à la Grande Boucle. En 1995, l’épreuve espagnole déménagea au calendrier, passant du printemps à la fin de l’été. Malgré cela, la course ibérique est restée sous influence du Tour de France puisque ces 15 dernières années, aucun vainqueur à Paris n’a réussi à remporter la victoire à Madrid. L’épreuve française est tellement usante mentalement et physiquement qu’elle donne un sentiment de satiété au maillot jaune.

Le Tour d’Espagne, lui, est comme un auteur anglais le décrit si bien  » un ange de la miséricorde « . Il offre une dernière occasion aux spécialistes des courses à étapes de donner de l’éclat à leur saison. Ce n’est pas un hasard si Menchov a signé ses deux victoires après avoir été écrasé par la concurrence un mois plus tôt au Tour. Le flegmatique Russe pourrait en cas de troisième succès égaler les records de Toni Rominger et Roberto Heras. Rabobank ne se met pas trop la pression :  » Nous visons avant tout une victoire d’étape et verrons le moment venu s’il est justifié de nous battre pour le classement final « , dit Adri van Houwelingen, le directeur d’équipe de Menchov.

Andy Schleck a tranché : il prend le départ sans ambitions particulières au niveau de son classement personnel. Dans son dernier grand tour pour Saxo Bank, il jouera le rôle d’équipier de luxe pour son frère Fränk. L’aîné a soif de succès après sa fracture de la clavicule encourue lors du Tour de France. Avec six arrivées au sommet et seulement 46 km de c-l-m individuel, c’est un parcours qui convient bien au corps frêle de celui qui s’est marié tout récemment.

Dans leur poursuite du maillot de leader – qui n’est plus doré mais rouge – les frères Schleck auront face à eux un duo fort chez Liquigas : Vincenzo Nibali semble avoir retrouvé les jambes qui lui ont permis de terminer 3e au Giro cette année. La présence de son coéquipier Roman Kreuziger peut être utile d’un point de vue tactique, dans une course où la victoire se joue traditionnellement à quelques secondes.

Côté espagnol, l’expérimenté Ezequiel Mosquera (34 ans) part avec le plus de jus et vise le podium à Madrid, lui qui a échoué à l’ingrate 4e place ces 3 dernières années. Le ressort de Joaquim Rodríguez, qui vise aussi la victoire finale, est-il encore assez tendu après la débauche d’efforts consentie au Tour ? Et le battant Carlos Sastre entamera même son troisième grand tour cette année !

On ne s’attend pas à voir des Belges au top du classement. Certains viendront y préparer les Championnats du Monde, comme Philippe Gilbert. D’autres espèrent décrocher leur sélection pour ces CM ou sont à la recherche d’un transfert lucratif, comme Wouter Weylandt, qui pourra se mesurer au gratin du sprint mondial.

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