« L’AFFAIRE STOICA? RESPONSABILITE PARTAGEE »

Le Bruxellois sent venir un dénouement catastrophique.

Rien ne bouge au RWDM et il est maintenant question que ce club ne joue même pas la saison prochaine!

Georges Heylens: C’est de plus en plus dramatique, là-bas. Chaque jour apporte de nouvelles rumeurs. Le président De Prins serait pris à la gorge par sa famille, qui lui interdirait d’encore investir un euro dans le club. On parle aussi d’une fusion avec Strombeek. Personnellement, je ne suis pas étonné par la tournure qu’ont prise les événements. Il y a deux ans, j’avais rencontré longuement les dirigeants de Molenbeek parce que j’étais intéressé par une reprise. Des gens sympas, au demeurant. Ils m’ont demandé de faire réaliser un audit sur la situation du club, et cette étude a prouvé toute l’étendue des dégâts. A les entendre, il n’y aurait pas de problème en D1, parce qu’il y aurait des recettes assurées. Mais que représentent 3.000 supporters fidèles? Peut-être 3 ou 4% du budget d’une saison. Les dirigeants se mettaient le doigt dans l’oeil. Malgré ces perspectives très peu encourageantes, j’avais trouvé un gros investisseur. Mais tout a capoté parce que j’aurais empiété sur les fonctions de Freddy Smets. On sait que c’est l’enfant chéri d’Eric De Prins.

Comment auriez-vous pu faire revivre le RWDM?

D’abord en exploitant mieux son stade. Il est possible d’y ouvrir des magasins qui rapporteraient près d’un demi-million d’euros par an. Avec 200 mètres en bordure de rue, on peut faire des choses intéressantes. Et j’aurais commencé par ouvrir une boutique pour les supporters.

Mais comment rentabiliser une boutique s’il n’y a que 3.000 fidèles?

On aurait fait cela à l’échelle du RWDM: petitement. Je suis sûr que cela aurait pu rapporter de l’argent. Je n’aurais pas imité ce qui se fait à Anderlecht. Là-bas, on nous dit que le fan-shop est rentable. Je sais qu’il rapporte plus d’un million d’euros par an, mais Madame Vanden Stock doit tout dire: quand elle a payé son personnel, les fournisseurs et ses investissements, il ne reste plus rien. Je parle avec les fournisseurs et je sais ce qui se passe au Sporting.

Presque partout en Belgique, les salaires sont à la baisse: un mal nécessaire?

Tout à fait. Il y a des dégâts financiers énormes dans notre football et nos clubs vont porter ce fardeau pendant des années. Un peu partout, on est obligé de faire venir de l’argent de l’extérieur pour survivre. C’est aberrant. Ce qui se passe au Standard, par exemple, est traumatisant. Il faut redescendre les pieds sur terre. Je comprends et j’approuve la politique qu’ont choisie des clubs comme La Louvière et Charleroi. Même si j’ai une nette préférence pour la manière employée à Charleroi, où c’est beaucoup plus propre qu’à La Louvière. L’affaire Karagiannis me reste toujours en travers de la gorge. A côté de cela, ce club a fait quelques très bons choix, comme celui de nommer Ariel Jacobs entraîneur.

Que retenez-vous de la campagne des transferts?

Quel calme… Mais c’était prévisible, vu la situation financière de nos clubs. Au moment où la saison démarrera, on trouvera encore une quantité impressionnante de joueurs qui n’auront rien. Dans certains cas, la situation peut profiter aux petits clubs: à Ath, nous avons par exemple fait signer Kujovic, le gardien d’Alost. Oui, un gars pareil a accepté de descendre en Promotion pour se remettre en vitrine.

Quel club du top s’est le mieux renforcé?

Le Standard… parce qu’il n’a perdu personne. Et son meilleur transfert, c’est Waseige. Anderlecht a aussi acquis un grand entraîneur. Hugo Broos a la philosophie de la maison. Reste à voir s’il pourra supporter la pression qui pèse au Sporting. Anderlecht n’est pas Bruges, où c’est plus familial. Quand Bruges perd quatre fois d’affilée, on ne panique pas encore. Mais quand Anderlecht reste deux semaines sans gagner, c’est la folie.

Stoica n’a toujours pas de club!

C’est incompréhensible. Dans cette affaire, je sens arriver un dénouement catastrophique. Le plus inconvenant, c’est qu’Anderlecht casse du sucre sur son dos à la moindre occasion.

Mais Stoica a quand même joué avec les pieds des dirigeants?

D’accord, mais l’inverse est vrai aussi. Et a-t-on jamais cherché à le mettre en confiance à Anderlecht? La responsabilité de l’échec est partagée.

Pierre Danvoye

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