L’AFFAIRE PÉLICAN

2m08, près de 110 kilos… et un monosourcil. Si Anthony Davis est facilement reconnaissable sur un parquet, c’est surtout pour son talent et son potentiel qui semblent sans limites… à 22 ans à peine.

« Quel joueur choisiriez-vous pour démarrer une franchise aujourd’hui ?  » Cette question a été posée à tous les managers d’équipe lors de la traditionnelle enquête NBA qui leur est dédiée. LeBron James ? Kevin Durant ? Non, Anthony Davis ! Et le jeune intérieur des New Orleans Pelicans rencontre un véritable plébiscite : 86,2 % des General Managers lui feraient donc confiance pour mener leur équipe au sommet. James et Durant se partagent les miettes avec 6,9 % des voix seulement. L’ailier des Cavaliers en récoltait encore 50 % l’an passé et près de 90 % il y a deux ans. C’est dire l’impact qu’a  » The Unibrow  » (Le monosourcil) depuis son entrée dans la grande ligue.

Un impact qu’a bien mesuré sa franchise en lui faisant déjà signer une prolongation de contrat de 5 ans valant 145 millions de dollars ! Record historique.  » Les mots ne peuvent décrire notre excitation d’avoir Anthony Davis comme pierre angulaire de notre organisation « , expliquait le manager Dell Demps.  » Anthony est une grande personne, un joueur phénoménal et un représentant idéal des Pelicans.  » Si le nouveau contrat télé NBA permet aujourd’hui de telles offres mirobolantes, il est révélateur de la confiance que les Pelicans accordent à un jeune de 22 ans qui n’entame que sa 4e saison NBA.

Davis n’est pas non plus un néophyte et sait comment gagner. Pour sa seule saison universitaire en 2012, il emmène Kentucky au titre NCAA, le premier depuis 1998, tout en étant désigné meilleur joueur du tournoi. L’an passé, il fait partie de la sélection américaine prétendument  » sans stars « , malgré les présences de Stephen Curry, James Harden ou Kyrie Irving, et qui écrasera tous ses adversaires lors de la Coupe du Monde en Espagne. A 19 ans, il a également pris part aux JO 2012 à Londres avec une médaille d’or à la clé, mais avec un temps de jeu bien moindre.

UN DUNCAN EN PLUS RAPIDE

Monstre physique, Anthony Davis est l’intérieur du futur. Intelligence de jeu, sacrifice, travail, maîtrise des fondamentaux, il rappelle un certain Tim Duncan. Il en a les mêmes qualités, capable de jouer sur postes 4 et 5 mais bien plus rapidement que l’illustre star des San Antonio Spurs. Même hors des parquets, il y a du Timmy en lui. Discret, sérieux, appliqué, le natif de Chicago ne se retrouve jamais dans la colonne des faits divers et n’est jamais sérieusement mis à l’amende par la Ligue.

Présent offensivement et défensivement, il est surtout en constante évolution. Depuis son entrée en NBA, il n’a fait qu’augmenter ses moyennes dans toutes les catégories. En trois ans, il marque près de 11 points de plus, prend 2 rebonds et donne 1 passe décisive supplémentaires. En défense, il est dorénavant à 1,5 interception et près de 3 contres par match. Comment défendre sur un tel joueur ? Mais comment l’attaquer également ?

Meilleur contreur des deux dernières années, il a également été cette dernière saison le joueur ayant inscrit le plus de paniers à 2pts. Le dernier à avoir combiné ces deux statistiques ? La légende des Lakers et des Bucks Kareem Abdul-Jabbar. Ce dernier l’a d’ailleurs adoubé :  » Il sait marquer face au panier, dos au panier. Il contre, prend des rebonds… il est capable de tout faire.  »

SA NOUVELLE ARME : LE TIR À 3 POINTS

Le plus impressionnant là-dedans, c’est qu’il est toujours occupé à développer et travailler son jeu. La saison dernière, il a encore ajouté un shoot mi-distance et un très bon jeu dos au panier. Et comme si cela ne suffisait pas, il a travaillé tout l’été son tir à 3 points. Les vidéos sur les réseaux sociaux le montrant empiler les paniers le prouvent. Cette nouvelle arme pourra également étirer les défenses et attirer son vis-à-vis à l’extérieur et libérer ses coéquipiers. Si la saison vient à peine de débuter et qu’il est trop tôt pour tirer des conclusions, son pourcentage de 44 % fait déjà rêver. Toujours en apprentissage donc, comme son équipe.

Si l’on pouvait pointer une faiblesse, c’est dans son entourage. Drafté par la Nouvelle-Orléans, qui s’appelait encore les Hornets après le déménagement de Charlotte, Anthony Davis a été choisi par une équipe peu habituée au succès et versée dans la très concurrentielle conférence ouest. Qualifiés pour les playoffs lors du dernier match de la saison régulière, les Pelicans ont eu le malheur de croiser la route des futurs champions en titre, les Golden State Warriors de Stephen Curry. 4 défaites en 4 matchs plus tard, les coéquipiers d’Anthony Davis étaient déjà en vacances malgré une belle opposition.

UN MVP PLUTÔT MAL ENTOURÉ

Plutôt que de continuer sur cette base, le management a décidé de débuter un nouveau cycle. Exit le coach Monty Williams, bienvenue à Alvin Gentry, l’ancien assistant coach des Warriors. Et dès la fin des finales NBA remportées par son équipe, Gentry passait un message à son futur joueur.  » L’année prochaine, nous serons de retour ici, avec toi ! « , disait-il en pointant le trophée NBA. De quoi mettre des étoiles dans les yeux de Davis.

La réalité est tout autre. Car si les Pelicans peuvent compter sur un futur MVP pour les nombreuses années à venir, le reste de l’effectif est plutôt léger. Aucun joueur all-star, aucune autre grosse pointure et très peu de joueurs d’expérience. Hormis le champion NBA 2008 avec les Celtics, Kendrick Perkins, 31 ans et déjà sur le déclin, tous les autres joueurs ont fait partie d’équipe plutôt habituées à viser la draft que le titre.

A l’intérieur, le Turc Omer Asik et le Français Alexis Ajinça ont des profils défensifs et sont limités en attaque. A 31, 29 et 27 ans, ces joueurs ne constituent plus l’avenir de la franchise de Louisiane et peuvent être transférés si une bonne occasion se présente. A l’extérieur, Tyreke Evans, Eric Gordon et Jrue Holiday sont de bons joueurs mais pas de ceux qui peuvent épauler un prétendant au titre comme peuvent l’être KyrieIrving ou KlayThompson.

Si Anthony Davis veut un jour gagner le titre, il doit également compter sur la capacité de son management à bien l’entourer et à construire une équipe complémentaire comme les Warriors ont pu le faire par exemple. Sur son talent, il pourra aussi attirer à l’avenir les joueurs à la recherche d’une bague comme LeBron James a su le faire. D’ici là, il aura sans aucun doute ajouté un ou deux titres de MVP et sera peut-être considéré comme l’un des meilleurs intérieurs de l’histoire.

PAR GEORGES XOURAS – PHOTO BELGAIMAGE

Anthony Davis a signé un contrat de 145 millions de dollars sur 5 ans ! Record historique.

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