L’ADIEU aux armes

A 39 ans, le meilleur shooteur à trois points de l’histoire de la NBA va prendre sa retraite.

Avec ses 88 petits kilos pour un double mètre et une carrure à peine plus large que le bassin, il a tout de l’échalas. Mais le gentil Reggie Miller n’est pas n’importe quel tuteur ! Voilà 18 saisons qu’il se plante devant les paniers adverses avec le sérieux et l’aplomb de ceux qui transpirent le talent et respirent la confiance. Et qu’avec la ruse d’un vieux renard et son air gentil et innocent, il provoque habilement les fautes de l’adversaire ! Une longévité exceptionnelle qui laisse très loin en retrait son premier poursuivant en activité, Kevin Garnett (Minnesota Timberwolves) et seulement dix petites années de carrière.

Tout aussi remarquable que cette permanence est le fait que Miller n’a jamais connu qu’un seul club au cours de sa brillante carrière : les Indiana Pacers qu’il a rejoints en 1987 en qualité de 11e choix du draft au terme d’une brillante campagne sportive à l’université de UCLA. Les 2.095 points qu’il y a accumulés au cours de ses quatre années ne sont devancés que par ceux d’un illustre prédécesseur dans la prestigieuse institution californienne : Kareem Abdul Jabbar.

Seuls deux joueurs de NBA ont été plus fidèles à leur équipe que Miller : la paire John Stockton et Karl Malone (Utah Jazz). Les dirigeants d’Indianapolis se félicitent tous les jours de l’avoir sélectionné au lieu du favori, le régional Steve Alford. Avec respectivement plus de 1.200 matches et 25.000 points à son compteur personnel, Miller occupe la 12e position au classement des pointeurs les plus prolifiques de tous les temps. Et avec 821 paniers à 3 points avant les playoffs, il n’est rien de moins que le meilleur pointeur à distance de toute l’histoire de la NBA. Et tant pis si sa moyenne générale a dégringolé de 18,4 points à 14,8 cette saison. L’important est qu’il soit parvenu à qualifier les Pacers pour les playoffs au terme d’une superbe pige en remplacement de son jeune coéquipier et successeur Jermaine O’Neal, sur la touche pendant 22 matches. Six semaines de grâce qui ont malheureusement pris des allures de chant du cygne. Miller tirera sa révérence au terme du présent exercice.

Cette décision irrévocable prise en plein milieu de l’hiver étonne et attriste son entraîneur Terry Porter, qui estime qu’à 39 ans bien faits, Reggie en a encore sous la pédale.

 » L’orange a encore du jus ! « , commente identiquement l’entraîneur adjoint des Pacers. Il n’a jamais donné l’impression de lassitude et il continue d’ailleurs à s’entraîner avec enthousiasme « .

Un palmarès sans titre NBA…

Une chose est certaine, il pourra évoquer de magnifiques souvenirs : cinq nominations dans l’équipe All Star et deux médailles d’or : une de champion du monde (Toronto en 94) et une de champion olympique (Atlanta en 96). A son grand dam, il n’aura jamais connu les honneurs d’un titre suprême avec son club.

 » Je l’ai souvent frôlé puisqu’on a atteint six fois la finale de l’Eastern Conference et une fois la finale nationale « , confie-t-il. C’était en 2000 contre les intraitables Los Angeles Lakers emmenés par un duo au sommet de son art : Kobe Bryant et Shaquille O’Neal.

Ses plus belles victoires, Miller les a vécues en-dehors des stades. En Californie tout d’abord, sa terre natale, où il a dû lutter contre une malformation congénitale à la hanche qui l’a handicapé jusqu’à l’âge de 5 ans. Les spécialistes allèrent même jusqu’à douter qu’il puisse un jour marcher sans béquille ! A Indianapolis ensuite où, tout au long de sa carrière professionnelle, il s’est employé à projeter une image d’un vrai role model, principalement grâce à ses actions philanthropiques. Celles, inévitablement médiatiques comme la Reggie Miller Foundation venant en aide aux victimes des incendies et aux sinistrés. Sans parler de ses visites dans les écoles publiques, sa présence lors de levées de fonds pour des associations caritatives et ses importants dons versés à des bonnes £uvres (on parle de plusieurs millions de dollars). Un engagement personnel qui force le respect.

 » Il faut parfois oublier la précision meurtrière de ses tirs ! « , remarque non sans humour Doc Rivers, le coach de Boston, l’équipe qu’Indiana a battue au premier tour des playoffs.

Uncle Reggie comme on l’appelle désormais en raison de son âge respectable pour un basketteur de haut niveau, va donc bientôt jouir d’un repos bien mérité. Nul doute que d’ici quelques années, il entrera par la grande porte au Hall of Fame, ce musée qui n’accepte que les meilleurs.

Bernard Geenen

Il aura passé 18 SAISONS CHEZ LES INDIANA PACERS, dans l’Etat le plus basket des USA

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