L’Académie du Standard encore braquée

Joris Kayembé va bien, il a un temps de jeu presque complet depuis que Porto l’a prêté à Arouca, autre club de D1 portugaise, en janvier dernier. En même temps, il s’impose avec les Espoirs de Johan Walem. Jonathan Benteke a eu des minutes de jeu avec Zulte Waregem en fin de phase classique.

Leur point commun ? Ils ont quitté l’Académie du Standard où on refusait de croire en eux.  » J’ai pourtant fait le forcing pour Kayembé « , dit son agent Kismet Eris.  » En pure perte. Mais, plus encore qu’un problème d’argent, c’était un problème de gestion, de considération « .

On revient avec ces exemples du passé parce qu’il y a d’autres départs aujourd’hui. On peut presque parler de braquages en série à l’Académie. On entend diverses explications. Le Standard refuserait de jouer dans le petit jeu des avantages divers offerts aux parents de jeunes très doués. Il y aurait à l’occasion des pressions pour que les gamins s’engagent avec Dudu Dahan.

En tout cas, l’exode se poursuit. En novembre de l’année dernière, la presse anglaise signalait que les recruteurs de Liverpool étaient chauds pour arracher Thibaud Verlinden (15 ans), fils de Dany. Il n’ira finalement pas à Anfield mais il va quand même quitter le Standard pour l’Angleterre. C’est Stoke qui a arraché le morceau. Une autre pépite, Zinho Vanheusden, devrait filer à l’Inter Milan. Pour Adrien Bongiovanni, ce pourrait être l’AS Rome ou Monaco. Chez les U14, c’est Nicolas Raskin (fils de l’ancien joueur Thierry Raskin) qui va passer à Anderlecht. Et il y a encore d’autres départs en vue.

Jean-François De Sart a dirigé l’Académie et il a un avis tranché sur la question :  » C’est d’abord une question de génération. Les joueurs de 1995 étaient au-dessus de la mêlée, ils représentaient la moitié du noyau qui a fait le Championnat d’Europe U17. Forcément, il y en a beaucoup qui ont été transférés ailleurs. Aujourd’hui, on parle beaucoup de la génération 1999. Il y a sept ou huit Standardmen en équipe nationale, c’est d’abord là qu’ils sont repérés par les clubs anglais et d’autres pays aussi.  »

Ces clubs profitent du fait que, chez nous, il est interdit de mettre un joueur sous contrat avant l’âge de 16 ans.  » On peut les avoir pour rien, il suffit de verser les indemnités de formation, et de nombreux parents perdent la tête « , poursuit Jean-François De Sart. Pour contourner la difficulté, une solution (illégale) consiste à passer par le porte-fort : on promet au joueur et aux parents de leur verser une certaine somme au moment où il signera son premier contrat. Mais ce n’est même pas toujours suffisant, il arrive que des parents acceptent cette promesse puis fassent quand même passer leur fils ailleurs.

 » Reste à voir si ces gamins et ces parents font le bon choix « , conclut l’ancien patron de l’Académie.  » Quelles sont les chances de succès pour un jeune Belge qui accepte une offre d’un club du top anglais ? Si Manchester United ou un autre a besoin d’un renfort pour son équipe Première, il préférera acheter un international. Et pour ce qui est de la formation proprement dite, je ne suis pas persuadé que ce soit mieux dans les clubs anglais, même les grands clubs, qu’au Standard ou dans d’autres bonnes équipes belges.  »

PAR PIERRE DANVOYE

Jean-François De Sart, ex-patron de l’Académie  » Je ne suis pas persuadé que la formation soit meilleure dans les grands clubs anglais qu’au Standard.  »

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