L’abc de double H

Une vue très originale des choses de sa vie.

Arrogance

Bluff, audace. Au début de sa carrière, la petite Juju paraissait plutôt renfermée et calme. Avec l’aide de son entraîneur, sans oublier son mariage et sa progression foudroyante, c’est une nouvelle femme qui est née. Elle est pleinement consciente du poids de ses mots et de ses coups, qu’elle assène sans pitié, sur les courts et en dehors. Ainsi, récemment, elle a déclaré que ses concurrentes plus puissantes s’énervaient de plus en plus après une défaite. D’après Justine, elles ne peuvent accepter de s’incliner face à une fille de gabarit inférieur. Sciemment, la Rochefortoise marche sur la ligne étroite qui sépare l’arrogance de l’assurance, bien soutenue par son coach Rodriguez et son entourage. Pendant les matches, la numéro deux mondial est un modèle de professionnalisme. Il n’y a guère de place pour le fun sur le court. Justine joue pour devenir numéro un. Elle n’a pas de temps à perdre en sentiments ni en scrupules.

Backhand

Des revers d’une main, des joyaux. C’était sa marque de fabrique, dès son entrée dans le circuit. Et sa technique fait dorénavant rage dans le monde entier.

Clijsters

Collègue, rivale. Elles ont progressé de concert et offert une place à la Belgique sur l’atlas mondial du tennis. Bien que Justine ait un an de plus que Kim, elle a souvent accusé un certain retard sur la Limbourgeoise, première à rejoindre le top-50, à remporter un tournoi WTA et à se qualifier pour une finale du Grand Chelem. Cependant, depuis la victoire de Justine à Roland Garros, les rôles semblent s’être inversés. Avant, Justine semblait crispée face à la citoyenne de Bree alors que maintenant, et certainement dans leurs duels directs, elles affiche plus de feu et de volonté. Au début du boom tennistique belge, on a un peu romancé leur relation mais en fait, elles n’ont jamais été amies. Elles ont des caractères trop différents, sans oublier la concurrence qu’elles se livrent. Elles se respectent, sans plus.

Drive

Stimulant. La jeunesse malheureuse du numéro deux mondial est oubliée. On en a assez parlé. Lui a-t-elle cependant conféré une motivation supplémentaire, la volonté de se réfugier dans le tennis ? Peut-être. Mais dès son plus jeune âge, Justine a été passionnée de tennis et, comme Kim Clijsters, il fallait la renvoyer du court, après des heures d’entraînement. Au début de sa carrière, quand elle a froidement déclaré vouloir devenir la meilleure mondiale, elle a suscité un étonnement mêlé d’ironie devant pareille audace. Il apparaît qu’elle a toujours poursuivi cet objectif et elle est maintenant bien placée pour réaliser son rêve.

Etcheberry

Gourou du fitness. Le professionnalisme de Henin est connu. Elle a bien fait de quitter la Belgique pendant l’hiver pour préparer sa saison au camp de Pat Etcheberry en Floride. L’ancien lanceur de javelot a déjà entraîné beaucoup de vedettes : Capriati, Courier, Sampras, pour ne citer qu’eux. Ses méthodes sont très dures. D’épuisement, Justine a souvent été au bord des larmes, mais son travail porte maintenant ses fruits.

Françoise

Sa mère. Enseignante, elle s’est battue en vain contre une grave maladie, pendant un an, mais elle est finalement décédée en 1995. En visite à Roland Garros quelques années avant la mort de sa mère, Justine lui avait juré qu’un jour, elle se produirait au stade Philippe Chatrier. Suite à son triomphe, au printemps dernier, elle a d’ailleurs rappelé le souvenir de sa mère à tout le stade.

Gold Coast

Australie, tournoi WTA. Le premier tournoi professionnel que Justine a remporté. Comme il n’était pas question de faire les choses à moitié, elle a aussi gagné, dans la foulée, celui de Canberra. Ces victoires lui ont permis de terminer l’année 2001 au numéro sept.

Hardenne

Mariée à Pierre-Yves en novembre dernier , Justine Henin a tenu à associer le nom de son mari au sien. Elle a fait sa connaissance lors d’une remise de prix au club d’un membre de sa famille. Au fil du temps, il est devenu son principal soutien. Il s’est lancé dans la carrière de manager mais n’avait pas les reins assez solides pour survivre dans ce monde. Il s’occupe maintenant des aspects pratiques des devoirs de Justine.

Idole

Steffi Graf. Pour la dépasser, Justine doit encore gagner 102 tournois et 22 Grands Chelems. Un fameux défi.

José

Le père. Ancien chef de la Poste de Rochefort. Sa fille s’est éloignée de lui en 2000, se sentant étouffée par la pression que lui infligeaient son père et ses deux frères aînés. José avait abandonné son métier pour mieux suivre la carrière de sa fille et la diriger. Du coup, Justine a dû assurer la responsabilité financière de la famille. Cette situation a conduit à une rupture qui ne fait que se confirmer au fil des années.

Karma

Championne de Belgique en 1997, elle est la plus jeune de tous les temps. Elle a même évincé Dominique Van Roost-Monami, qui figurait alors dans le top-40 mondial. Justine l’a humiliée, ne lui laissant gagner qu’un jeu. Elle avait 15 ans mais tout le monde avait compris que cette adolescente irait loin.

Long terme

Un but, le tennis. Contrairement à Clijsters, par exemple, Justine a bien l’intention de jouer très longtemps. Elle ne raccrochera pas ses raquettes de sitôt. En route vers son objectif, le numéro un, elle ne se laisse pas distraire par des offres lucratives ou superflues. Elle reste dans le chemin fixé. Pas de programme trop lourd, pas de risques, pas de hâte.

Marloie

Son domicile, auquel elle reste fidèle malgré une situation financière confortable. Justine et Pierre-Yves ont certes quitté le petit studio situé au-dessus de la boucherie d’un oncle au profit d’un appartement plus vaste. Marloie n’est pas loin de Dinant.

Nervosité

Au début de sa carrière, ses nerfs lui ont souvent joué des tours. Son visage était marqué des stigmates du stress et on pouvait presque prédire quand la nervosité lui causerait problème, rien qu’en l’observant. Un moment donné, ses matches face à Clijsters constituaient un véritable martyre pour Henin. L’aide d’un psychologue n’a pas été très utile. En revanche, sa vie de femme mariée a tout changé. Elle est devenue une jeune femme sûre d’elle-même, qui s’est également épanouie en dehors des courts.

Olivier

Olivier Rochus et Justine ont progressé ensemble et ont souvent remporté les mêmes tournois. Justine s’est entraînée avec lui de sept à neuf ans, au TC Géronsart de Jambes. Ensuite, ils ont fréquenté le centre AFT de Mons. D’ailleurs, Justine a été championne du monde officieuse en moins de 14 ans, grâce à sa victoire à l’Orange Bowl, un an après qu’ Oliait réalisé cet exploit.

Paris

Premier Grand Chelem. En 1997, Justine avait déjà remporté le titre parisien en juniores. Six ans plus tard, avec Kim Clijsters, elle a offert une première à notre pays. Sa terrible demi-finale contre Serena Williams entrera certainement dans l’histoire du tennis.

Quatuor

Justine l’a répété maintes fois. Elle préfère un entourage restreint qu’elle connaît bien. Son mari, son entraîneur, son préparateur physique et elle-même forment un quatuor qui fonctionne parfaitement et qui se passe de toute autre personne. L’année dernière, comme Kim, elle a embauché une kinésithérapeute chargée de l’accompagner partout. L’expérience n’a pas été concluante. La kiné n’a pas vraiment été admise dans le groupe et a préféré démissionner, au bout d’un mois.

Rodriguez

Carlos, son coach. Ce jouer argentin moyen a débarqué en Belgique au milieu des années 80. Il est devenu entraîneur à la Ligue francophone de tennis. Il a fait la connaissance de Henin alors qu’elle avait 14 ans et ne l’a plus quittée. Carlos a la même détermination que sa pupille, qu’il rêve de voir numéro un mondial.

Sportive de l’Année

Est-ce pour cette fois ? Compte tenu de la saison qu’elle réalise, on voit mal comment elle ne serait pas enfin élue… mais elle se heurte constamment à Kim Clijsters. Quel impact va avoir l’aspect communautaire dans cette rivalité ? Mais n’oublions pas la propagande fantastique qu’offrent les deux jeunes femmes à notre pays.

Technique

Parfaite. Justine est de loin la joueuse la plus douée du moment. A ses débuts, son service lui causait des problèmes, tout comme son coup droit, mais elle a apuré ces coups-là. Son service est devenu formidable, surtout compte tenu de sa taille. Elle a très bien intégré les volées à son registre tactique. Justine maîtrise tous les coups, ce qui est unique dans le tennis féminin.

US Open

Un deuxième titre ? Au départ de la quinzaine, en l’absence de Serena, tenante du titre, et compte tenu du point d’interrogation entourant Venus, Justine ne devait craindre que Clijsters, tout en se méfiant de Mauresmo, Davenport et Capriati. Elle doit aussi rester sur ses gardes, au cas où l’une ou l’autre Russe se mêlerait au débat. Avec Kim, elle est la grandissime favorite à la victoire finale et elle a même un petit avantage. Dans leurs duels, la Wallonne est plus rude et sa préparation a été plus modérée, ce qui lui conserve sa fraîcheur.

Venus

L’aînée des Williams a toujours beaucoup impressionné Justine. Le fait qu’elle ne montre pas la moindre émotion sur le court et sa puissance au service ont marqué la Rochefortoise.

Wimbledon

Première finale de Grand Chelem, en 2001, après un Roland Garros décevant. En demi-finale contre Kim, Justine avait enlevé le premier set (6-2) avant de gaspiller cet avantage important. A Wimbledon, elle s’est rattrapée, éliminant Jennifer Capriati en demi-finale. En finale, elle a dû s’avouer vaincue, en trois sets, face à une Venus nettement plus costaude. Le sort allait encore la frapper : juste après la finale, elle apprit que son grand-père préféré venait de décéder. Il est donc normal qu’elle se souvienne de ce moment avec des sentiments très mitigés.

X

Ancienne inconnue. A ses débuts, Henin-Hardenne faisait un peu figure de vilain petit canard. Il y a quelques années, dans une édition spéciale du guide WTA, on trouvait pas moins de 150 photos des Williams dans toutes les poses imaginables. Il n’y avait qu’un seul cliché de Justine. Sa réserve et ses problèmes de communication l’ont longtemps empêchée de jouir de la notoriété méritée. Depuis, une autre Justine s’est révélée au grand public.

Yankees

Le public à l’US Open. Avec leur amour inné de la simplicité, les Américains ont depuis longtemps rebaptisé Justine, au nom trop long, en  » double H « .

Zéro

Fort peu, voire aucune faiblesse. Rodriguez affirme qu’elle dispose d’une marge de progression de 30 %, surtout sur le plan physique. L’hiver dernier, Etcheberry a surtout travaillé ses membres inférieurs. Dans quelques mois, il va s’attacher au buste et aux bras. Si Justine parvient à combiner sa volonté de fer et sa perfection technique à un physique puissant, 2004 nous réserve de magnifiques moments.

L’analyse par Filip Dewulf

Justine ne se laisse pas distraire par des offres lucratives ou superflues

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire