Kwiatkowski : la nouvelle étoile de l’Est

La 49e édition de Tirreno-Adriatico s’ébranle aujourd’hui de Donoratico. Elle emprunte un parcours à la fois classique et spectaculaire : un contre-la-montre par équipes et un individuel (18,5 et 9,5 kilomètres) plus deux étapes de montagne, dont une de 244 kilomètres vers Selvarotonda, avec une ascension finale de 17 kilomètres. Le lendemain, c’est encore spectaculaire avec le Muro di Guardiagrele, qui est considéré comme le chemin le plus pentu d’Italie : il ne fait que 800 mètres mais il affiche un pourcentage moyen de 26, avec un pic à 28. Il est comparable au Muro di Sant’Elpidio, qui avait contraint certains coureurs à mettre pied à terre l’année dernière et, joint à la pluie, il avait joué en défaveur de Chris Froome, permettant à Vincenzo Nibali de s’imposer.

Comme l’Italien a préféré Paris-Nice et que Froome, blessé au dos, est forfait, tous les yeux sont tournés vers Alberto Contador mais surtout MichalKwiatkowski, l’action qui monte le plus à la Bourse. Le Polonais de 23 ans d’Omega Pharma – Quick-Step a gagné en février une dure étape du Challenge Majorque plus le contre-la-montre, une étape de montagne et le classement du Tour de l’Algarve et, samedi dernier, il a réussi ce dont peu de coureurs peuvent se vanter : battre Peter Sagan dans une courte finale en côte.

Kwiatkowski est polyvalent et, avec un peu plus d’expérience, il serait monté sur le podium du dernier Tour des Flandres. Il a fini quatrième puis cinquième de l’Amstel Gold Race et de la Flèche Wallonne, tout en terminant onzième du Tour de France.  » Mon point fort, c’est l’absence de points faibles « , explique le Polonais, qui avoue un penchant pour le contre-la-montre mais a énormément progressé en montagne ces derniers mois. L’année dernière, il a perdu Tirreno-Adriatico dans les cols pour terminer quatrième mais compte tenu de sa forme actuelle, il devrait contrarier Contador – comme il l’a fait en Algarve. En outre, le talent fait partie de l’équipe championne du monde en contre-le-montre, ce qui devrait lui permettre de gagner du temps sur ses concurrents dans l’épreuve par équipes, de même que dans l’ultime contre-la-montre individuel.

Kwiatkowski brillait déjà en jeunes. Il a commencé à pédaler à dix ans, à l’exemple de son frère Radek. En juniors et en espoirs, il a été le principal concurrent de… Peter Sagan et de John Degenkolb. En 2008, le Polonais, dont le père est ouvrier et la mère femme d’ouvrage, est devenu champion d’Europe et du Monde en contre-la-montre chez les juniors. Deux ans plus tard, à 19 ans, il est devenu professionnel au sein de l’équipe espagnole Caja Rural mais un an plus tard, il rejoignait déjà RadioShack.

Patrick Lefevere a été ravi de le recruter un an après. En 2012, son diamant brut a enlevé sa première course pro : le prologue des Trois Jours de Flandre-Occidentale. Quelques mois plus tard, il était deuxième du Tour de Pologne, un moment-clef pour le Polonais, qui a compris qu’il était concurrentiel au plus haut niveau.

Lefevere l’a constaté aussi car en automne 2012, il a refusé la proposition de Sky, qui voulait le Polonais en guise de monnaie d’échange dans le transfert de Mark Cavendish. Avant même le Tour des Flandres de la saison passée, le manager a prolongé de deux ans le contrat de sa nouvelle étoile. Un joli coup : OPQS possède peut-être en Kwiatkowski le coureur équilibré et travailleur qui peut un jour remporter le Tour – le rêve de l’équipe. Même si la Grande Boucle constitue un objectif majeur cette année, lutter pour le maillot jaune sera sans doute prématuré. Il n’empêche que le Polonais peut déjà devenir un des meilleurs coureurs du printemps à Tirreno, au Tour du Pays Basque et dans les classiques ardennaises.

PAR JONAS CRÉTEUR

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