Kusturica se prend trop pour Maradona

Le répit entre la finale de l’Euro et les tribulations chinoises de nos Diablotins olympiques, mettez-le à profit pour renforcer les bases sur lesquelles s’est construite votre culture sportive : regardez (autre chose que des matches), lisez (autre chose que des classements) ! En sus, les quelques suggestions refilées ci-dessous sont autant d’idées pour offrir quand viendront les fêtes. Ne me remerciez pas, entre footeux c’est tout naturel…

1. Décédé voici quelques semaines, Roger Blachon était un géant. Un géant du dessin d’humour sportif (et pas rien que sportif) auprès duquel Pad’r, quoique talentueux, ne peut que s’incliner d’humilité… Entre autres albums, il convient de signaler celui regroupant 10 ans de dessins à L’Equipe Magazine (Denoël), les 2 tomes de Blachon Sport (Seghers) et les 4 tomes de Dessins sportifs (Glénat). Trouvez-les, souriez ! Personne n’a dépeint comme Blachon, emmêlant ironie et tendresse, le monde des compétiteurs invétérés…

2. Si les polars vous détendent, dévorez Raclée de Verts de Caryl Férey (La Blanche/Suite Noire, 2007). Les 98 pages se lisent en moins d’une mi-temps, elles racontent l’histoire d’un Stéphanois qui adore aller voir les Verts avant de trucider des dames. L’auteur aime la provoc, son héros est asocial et déjanté, le résultat est d’un mauvais goût paradoxalement sympa et rigolo…

3. En 1984, Marc Villard avait aussi écrit un polar/foot, Ballon mort, truffé de nostalgie pour les années d’enfance (et réédité cette année chez Castor Astral). Il retâte aujourd’hui du ballon par écrit avec un recueil de 18 nouvelles, Le coup du sombrero (Atalante), dédié à Diego Maradona : une imagination où la fiction se mélange aux souvenirs, des tournures ciselées remplies de dérision,… le tout à refiler à nos détracteurs, ceux qui aiment les livres en croyant que le foot n’est aimé que par les brutes !

4. Pour fermer le caquet des précités autant que pour briller dans le monde, potassez aussi Le goût du football (Mercure de France, 2006), ouvrage collectif où sont regroupés les avis sur le foot d’une cinquantaine de pointures de la vie littéraire d’hier et d’aujourd’hui : faut pas obligatoirement tout lire, picorez si vous préférez, ça va d’ Antoine Blondin à Pierres Desproges en passant par Umberto Eco

5. Si figure parmi vos proches un footeux de 12/15 ans recalé en français et qui n’aime pas trop lire (ça doit exister…), soyez charitable en lui refilant ce Foot d’amour de Hubert Ben Kemoun (Thierry Magnier, 2006) : l’histoire d’un ado gardien de but qui, pendant la finale interscolaire, éprouve bien du mal à se concentrer par la faute de toutes ces filles gesticulant sur les gradins…

6. 44 jours, the Damned United fit un tabac voici deux ans en Grande-Bretagne, et vient enfin d’être édité en français (Rivages). David Peace y romance l’ascension et la chute de Brian Clough qui, après une carrière de buteur à Middlesbrough, fut le plus rock’n roll des entraîneurs anglais. Notamment pendant les 44 jours incendiaires durant lesquels Clough, après avoir été l’entraîneur à succès de Derby County, accepta de coacher en 1974 un Leeds United en pleine gloire après Don Revie : ce seront 44 jours d’enfer où se mêleront alcool et magouilles, kick and rush et bas de classement, haine et violences, limogeage enfin sous la pression de Billy Bremner and Co… Un Brian Clough tordu et captivant, sur fond social de Grande-Bretagne juste avant Thatcher. Un roman trépidant que Stephen Frears vient d’adapter pour le cinéma, sous le titre Bloody United.

7. Ce qui m’amène aux films si vous craignez les livres, pour vous rappeler qu’à Cannes, Emir Kusturica a présenté son Maradona by Kusturica. Les deux hommes s’y rejoindraient dans une certaine impertinence, mais les avis sur ce document sont mitigés tant Kusturica s’y affiche… et s’y affiche fan de Diego son sujet : lequel peut irriter par son exhibitionnisme et sa mégalomanie, mais aussi émouvoir lorsqu’il évoque ses erreurs.

8. Plus léger et disponible en DVD, je vous suggère Le match de leur vie de David Anspauch, qui retrace la participation des USA à la Coupe du Monde 1950, et la victoire impensable face aux pros anglais : évidemment une success-story sportive à l’américaine, mais aussi un recadrage historique intéressant sur ce qu’était le foot du top voici plus d’un demi-siècle.

9. Je termine à tout hasard par un mystérieux DVD existant quelque part… vous pouvez me l’offrir pour Noël si vous le dénichez ! Le documentaire Konspiration 58 évoque une association affirmant que le Mondial de 1958 en Suède n’a jamais eu lieu, mais que ce fut seulement une vaste manipulation de la CIA, pour tester la crédulité des masses et la possibilité de les man£uvrer ! Bonne finale d’Euro 2008… s’il existe réel-lement !

par bernard jeunejean

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