Kot et poupée de porcelaine

Qu’aimez-vous faire en dehors de l’arbitrage?

Paul Allaerts (38 ans): Je suis employé à plein temps chez Dexia. Franchement, il me reste peu de temps à consacrer à d’autres choses. Avant, j’assistais régulièrement à des matches, quand je n’arbitrais pas moi-même, mais c’est devenu moins fréquent. Je consacre le peu de loisirs qui me restent aux enfants. Par exemple, le bain est ma tâche par excellence.

Les critiques qu’on adresse parfois aux arbitres vous touchent-elles?

Je n’ai pas vraiment de problèmes. Les arbitres sont souvent critiqués. Je comprends les joueurs. Ils sont extrêmement concentrés sur leur match et ils veulent toujours avoir raison. Il n’y a jamais de fumée sans feu. De toute façon, la plupart d’entre eux savent que je ne suis pas très influençable. J’accepte facilement les critiques de la presse lorsqu’elles sont justifiées. Si ce n’est pas le cas, c’est évidemment plus difficile. On apprend à vivre avec car on ne peut évidemment contrôler les médias. Un arbitre qui ne parvient pas à vivre avec la critique ne siffle pas longtemps au plus haut niveau: il ne tient tout simplement pas le coup. La seule chose que je n’accepterais pas, ce serait qu’on s’en prenne à ma famille, qu’elle soit touchée par ces critiques. Moi, j’ai choisi de devenir arbitre et on peut s’en prendre à moi mais il faut laisser ma femme et mes enfants hors de ça.

Qui aimeriez-vous rencontrer, un jour?

Je n’en sais rien. Sûrement pas un footballeur. Le soi-disant statut de vedette dont ils jouissent est tellement relatif… Ce sont des gens comme les autres. L’attention que porte la presse à une Coupe du Monde est inimaginable. Le football n’est plus que du business pur. Il brasse beaucoup d’argent, notamment via le marketing. Si je devais choisir une personnalité à rencontrer, ce serait plutôt quelqu’un qui représente quelque chose sur le plan social.

Quel est votre plus beau souvenir, sportif et privé?

Sur le plan privé, la naissance de mes enfants. Ce sont des moments uniques que je n’aurais pas voulu rater pour tout l’or du monde. Sportivement, j’ai vécu plusieurs bons moments. Je suis très heureux de ce que j’ai atteint actuellement. Ma carrière d’arbitre est déjà une réussite.

Quelle période de votre vie aimeriez-vous revivre?

Sans aucun doute, mes études! (Christina rit: « Il ne doit vraiment pas réfléchir »!) Ce fut une des plus belles périodes de ma vie. Chaque époque a son charme mais celle des études était spéciale. J’ai étudié l’informatique à Louvain, où j’étais en kot.

Quelles sont vos lectures favorites?

Je lis fort peu. Hormis le journal, je me borne aux magazines sportifs. Je n’aime pas tellement les livres. Je n’ai jamais été assidu de ce point de vue, même durant ma jeunesse.

Comment êtes-vous devenu arbitre?

J’ai moi-même joué au football et je ne rêvais certainement pas de devenir arbitre mais mon frère l’était. C’est comme ça que je suis entré dans la corporation. J’ai continué à jouer au football en salle. Je n’ai arrêté qu’une fois devenu arbitre de D1, sinon, je n’aurais plus jamais été à la maison. Parfois, il faut abandonner certaines choses pour progresser dans d’autres. J’ai plus ou moins sacrifié le football à l’arbitrage. J’ai rapidement compris que je ne serais jamais un grand footballeur, de toute façon. Je n’avais pas assez de talent. Et plus vous progressez en arbitrage, plus votre motivation croît.

Quelle est l’existence d’une femme d’arbitre?

Christina Willems (37 ans): Le week-end, je fais souvent des tas de choses seule mais je dois dire que ça va mieux depuis que Paul arbitre dans les divisions supérieures. Les matches se déroulent parfois le vendredi et le samedi soir et nous avons au moins notre dimanche. C’est plus agréable pour les enfants aussi. La partenaire d’un arbitre n’est pas vraiment impliquée dans le football, puisqu’elle ne fait partie d’aucune équipe. J’assiste donc rarement à un match. Je n’y vais que lorsqu’on organise quelque chose à l’attention des femmes des arbitres et des juges de ligne. J’ajouterais que quand quelque chose est prévu, c’est très bien organisé.

Aimez-vous le football?

(Décidée) Non! Je ne suis pas du tout fan de football. Il m’arrive de suivre un match des Belges mais sinon, mon attention se limite à parcourir les résultats dans les grandes lignes.

Et les enfants?

L’un d’eux. L’aînée, Stéphanie (11 ans), est fanatique. Elle joue d’ailleurs elle-même. Evelien (neuf ans) a d’autres centres d’intérêt et les cadets, Michiel (cinq ans) et Jolien (deux ans et demi) sont encore trop petits.

Quelle a été votre dernière source importante de dépense?

L’aménagement du jardin devant la maison. Le jardinage fait partie de mes hobbies. Je fabrique aussi des poupées en porcelaine et je pratique la peinture sur céramique. J’essaie de consacrer une soirée par semaine à ces activités. Avec quatre enfants, il n’est pas toujours évident de se réserver des plages de temps libre. J’aime aussi me promener et rouler à vélo. Dans ce cas, les enfants m’accompagnent.

Avez-vous toujours eu envie d’une famille nombreuse?

Oui, même si j’ai dû insister pour avoir quatre enfants. Je viens moi-même d’une famille de quatre enfants et je ne voudrais pas vivre autrement.

Paul est-il un père sévère?

(Les deux aînées opinent du chef) Il faut qu’on l’écoute. Il n’intervient pas rapidement mais quand il dit quelque chose, il le pense vraiment et il reste conséquent. Je suis moi-même assez sévère. Evidemment, nous faisons aussi des concessions mais les règles sont faites pour être respectées, sous peine de sanction. Les enfants le savent. J’estime très important qu’ils obéissent et apprennent à s’adapter à des situations différentes. Nous attachons aussi beaucoup d’importance aux résultats scolaires. Ils doivent s’appliquer, y compris dans leurs loisirs. Ils peuvent choisir ce qu’ils font mais ils doivent s’y tenir au moins un an.

Quels sont les qualités et défauts de votre mari?

(Paul rit: « Dois-je sortir »?) Il est charmant. Ce que j’aime en lui, c’est que je sais à quoi m’en tenir. Un de ses défauts, c’est qu’il ne raconte pas grand-chose. Quand quelque chose ne va pas, je le remarque à son attitude mais lorsque je lui pose des questions, il ne dit rien. Il est d’un naturel plutôt renfermé. Il garde ses problèmes pour lui. Je suis différente: je préfère parler de mes problèmes quand j’en ai. éa me soulage.

Qui fait la cuisine?

Maman! Paul sait cuisiner mais il ne le fait pas. Je ne le lui demande pas non plus car je suis toute la journée à la maison. (Paul : « J’ai vécu plusieurs années en kot. Je suis donc capable de tirer mon plan mais Christina n’aime pas que je me fatigue à la cuisine ».) C’est vrai: la cuisine est mon territoire et je préfère que les choses en restent là.

Ilse Peleman

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