» Koster m’a beaucoup appris, Daum rien ! « 

Pourquoi n’a-t-il pas réussi à Bruges ? Quelle bêtise a-t-il commise au volant de sa voiture ? Le nouveau défenseur de Mons s’explique.

Après deux ans et demi, l’aventure brugeoise s’est achevée pour DaanVanGijseghem. Sans avoir vraiment commencé. L’ancien grand espoir de Mouscron quitte la Venise du Nord sur un échec. Déçu de ne pas avoir su s’imposer ou soulagé de s’extirper d’un club où il a connu beaucoup de problèmes ? Les deux. Pour lui, c’est surtout la faute à pas de chance.

 » Je suis arrivé à Bruges en janvier 2010, suite à la faillite de l’Excelsior. J’étais en retard au niveau physique, car on s’était peu entraîné durant les dernières semaines au Canonnier. Je savais que, dans ces conditions, j’éprouverais des difficultés à intégrer directement le 11 de base. Je me suis focalisé sur la saison suivante. Malheureusement, j’ai loupé toute la préparation à cause d’une inflammation au tibia. Je n’étais pas prêt pour le début du championnat. Je me suis donc contenté du banc, jusqu’au match à Anderlecht où RyanDonk s’est blessé à l’échauffement. Je l’ai remplacé au pied levé. Tout s’est bien passé : j’ai fait une bonne rencontre et on n’a pas encaissé de but. J’ai continué sur ma lancée et j’ai encore livré de très bons matches. J’ai aussi disputé de bons play-offs en gardant souvent le zéro. Je m’entendais bien avec mes coéquipiers. Mais la poisse n’était pas encore décidée à me lâcher : lors de la préparation de la saison 2011-2012, je me suis à nouveau retrouvé sur la touche. Toujours cette fichue inflammation. L’équipe s’est formée sans moi. Juste avant la trêve, j’ai joué en Réserve sans être à 100 %. RudiVerkempinck et PhilippeClement m’ont demandé de me tenir prêt pour les deux matches de la semaine, contre Birmingham en Europa League et le Standard en championnat. J’avais encore mal mais j’ai joué sous infiltration. Si j’avais deviné les conséquences, je n’aurais jamais accepté. Une perte de balle de ma part a coûté un but contre le Standard. Pire : ma blessure s’est aggravée. Lors du stage de janvier à Marbella, je n’étais pas en état de m’entraîner : j’ai juste pu faire un peu de vélo. ChristophDaum avait pris le relais d’ AdrieKoster. L’Allemand n’a pas pu me juger. Et une fois de plus, l’équipe s’est formée sans moi. Daum s’est appuyé sur les automatismes du début de saison. De toute façon, je ne pouvais rien revendiquer : je devais être opéré. A Mouscron, je n’ai jamais été blessé mais en deux ans et demi à Bruges, je n’ai participé à aucune préparation. Certaines personnes m’ont déçu au Club. Je ne citerai pas de noms, mais je n’ai pas senti beaucoup de respect de leur part. Peut-être ai-je également déçu ces personnes-là. C’est possible, j’ai mon caractère. Je rends ce qu’on me donne, mais j’attends que la correction soit mutuelle. Ceux qui m’ont applaudi lorsque tout allait bien ont été les premiers à me lâcher lorsque je me suis retrouvé dans le pétrin.  »

 » Un pas en arrière ? Pas de problème ! »

Malgré tout ce qu’il lui est arrivé, Van Gijseghem n’estime pas avoir perdu son temps à Bruges.  » Mentalement, ces contretemps m’ont rendu plus fort. Footballistiquement, j’ai progressé aussi au contact de joueurs d’un niveau supérieur. Koster, un entraîneur qui apprécie les défenseurs qui savent jouer au ballon, m’a beaucoup appris. Daum, en revanche, rien du tout. Je ne l’ai quasiment pas côtoyé. Il ne s’occupait que des 11 titulaires. Les autres ne comptaient pas. Peu de joueurs ont eu des contacts étroits avec lui. C’est sûrement un bon entraîneur : son palmarès parle pour lui. Mais je n’ai jamais fait partie de ses plans. Cet homme a l’habitude de travailler dans des grands clubs et a toujours maintenu une distance énorme avec les joueurs. Je comprends qu’un coach ne se place pas au même niveau, mais à ce point-là, c’est du jamais vu. C’est à peine s’il disait bonjour lorsqu’on le croisait. Pour moi, la page brugeoise est tournée. Je veux me concentrer sur la saison à venir. Elle est synonyme de nouveau départ. « 

Le choix de son nouveau club est révélateur.  » J’avais des touches avec le Beerschot, Courtrai et Mons. Pas avec l’étranger, et cela ne m’aurait d’ailleurs pas tenté : je voulais un environnement familier, un club où les gens en place me connaissent et sont disposés à me faire confiance. « 

Ce qui est le cas à Mons.  » J’ai travaillé avec EnzoScifo, GeertBroeckaert et FranckyVandendriessche à Mouscron. J’ai aussi senti que DimitriMbuyu, AlainLommers et même le président DomenicoLeone me voulaient vraiment. J’effectue un pas en arrière ? Cela ne me pose pas de problème. Les ambitions de l’Albert sont moindres que celles du Club, mais mes chances de jouer ont augmenté. Financièrement, je dois aussi mettre un peu d’eau dans mon vin. Je viens de commencer les entraînements et pouvoir tâter le ballon m’a fait un bien fou. Je ne me fixe pas d’objectif en termes de classement, j’espère simplement que les Dragons confirmeront leur statut de révélation. Je me suis bien préparé durant les vacances. Je suis resté en Belgique et me suis rendu dans un centre de revalidation qu’un ami vient d’ouvrir. J’ai travaillé intensivement avec lui durant trois semaines.  »

 » Je ne suis pas un fou du volant « 

Van Gijseghem croise les doigts.  » Je suis professionnel depuis huit ans. La saison dernière est la seule où les contretemps se sont accumulés. Mon accident de voiture s’est ajouté à mes pépins physiques et mes déboires sportifs. J’espère en avoir fini avec tout ça. « 

Un accident de voiture qui a entaché sa réputation et a peut-être failli lui coûter sa carrière…

 » On a beaucoup exagéré les circonstances de cet accident « , estime-t-il.  » C’est tout juste si on ne m’a pas traité de meurtrier. Je n’ai jamais réagi à tout ce qui a été écrit. Ma famille et mon entourage savent ce qu’il s’est réellement produit. Un accident peut arriver à tout le monde, mais en tant que footballeur, on est censé montrer l’exemple et j’ai donc été pointé du doigt. J’ai commis une faute, je le reconnais : j’avais un peu bu. Pas ce que vous croyez : je ne sortais pas d’une discothèque aux petites heures. Il était 22 h 30 et j’avais accompagné mon dîner d’un peu de vin, c’est tout. J’ai fait la course ? J’ai dépassé un autre véhicule, c’est vrai. Mais j’ignorais complètement l’identité du conducteur, pourquoi me serais-je amusé à faire la course avec lui ? Je roulais sur une route où la vitesse est limitée à 90 km/h et où il y a des boîtiers contenant des flashes tous les 500 mètres. Je ne suis pas con au point de pousser sur l’accélérateur à cet endroit-là. En plus, je conduisais une petite voiture qui n’avait rien d’un bolide. Oui, c’était une Mercedes classe A, vous voyez à quoi cela ressemble ? SvenDhoest, le jeune gardien, était à mes côtés. J’ai été un peu distrait et j’ai perdu le contrôle de ma voiture, qui a heurté la berme centrale. La presse s’est basée sur le rapport de la police pour rédiger ses articles ? Comment la police aurait-elle pu savoir ce qu’il s’est passé ? Elle n’était pas présente au moment de l’accident. J’ai accepté que Bruges me sanctionne en me reléguant dans le noyau B pendant deux mois. Je méritais d’être puni. En revanche, j’ai plus difficilement accepté d’être privé de deux mois de salaire. Cette sanction-là était disproportionnée.  »

Van Gijseghem avait la réputation d’être un garçon sérieux. Et il était averti des dangers de la route : alors qu’il jouait à Mouscron, il s’était endormi au volant au retour d’un entraînement et s’était réveillé sur le bas-côté après avoir effectué un tête-à-queue. Il avait eu beaucoup de chance, ce jour-là.

PAR DANIEL DEVOS

 » C’est tout juste si l’on ne m’a pas traité de meurtrier. « 

 » En un an, j’ai vécu ce que les footballeurs vivent sur toute une carrière. « 

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