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Kompany n’a pas fini

Il y a trois mois, Anderlecht n’était plus nulle part et Marc Coucke se faisait descendre. Puis il y a eu l’incroyable euphorie provoquée par le retour de Vincent Kompany. Dans les deux cas, on a assisté à des réactions extrêmes. Les gens étaient trop négatifs par rapport au boulot du président, ils sont devenus trop positifs par rapport au come-back de l’icône. Une partie de la population a cru qu’il suffisait de Kompany pour transformer radicalement Anderlecht en quelques semaines. C’était utopique, évidemment. C’est impossible d’atteindre un très haut niveau dès le premier match de championnat quand on sort de play-offs catastrophiques.

Kompany ou pas, Anderlecht reste une équipe en cruel manque de leaders.

Et donc, logiquement, on a vu une équipe encore en souffrance dans son premier match de championnat. Contre un candidat au maintien, ce qui ne rassure pas ! Je crois pourtant au projet de Kompany. Depuis qu’il est rentré, on a souvent parlé du retour du fameux ADN anderlechtois. Cet ADN, c’est un football qui gagne, un foot attractif, et si possible avec un nombre important de jeunes joueurs formés par le club. Et je pense que ça peut marcher, mais avec du temps, évidemment.

Avec des gars comme Yari Verschaeren, Francis Amuzu ou Jérémy Doku, ça peut le faire. Avec eux, la griffe jeune et locale est là. Il faut maintenant que Kompany parvienne au foot qu’il a en tête, un foot dominant avec une construction depuis l’arrière. Il n’a pas choisi la voie et l’objectif le plus facile mais ce sera beau si ça marche.

Est-ce qu’Anderlecht a déjà le matériel humain pour réussir ça ? Je suis fort sceptique. On a vu des hommes et des choses qui ne marchaient pas contre Ostende, et ce n’était pas un fait unique, ça a confirmé des manquements constatés dans les matches de préparation. Je crois qu’après ce premier rendez-vous avec de l’enjeu, Kompany y voit déjà plus clair sur quelques cas précis. Par exemple, il y a maintenant deux solutions avec Thomas Didillon. Il avait été bon en phase classique la saison dernière, puis beaucoup moins efficace pendant les play-offs. Là, il a montré qu’il avait des soucis avec le jeu au pied. Entre-temps, c’est bien confirmé. Alors, soit on lui apprend à utiliser ses pieds, soit on fait venir un autre gardien.

MARC DEGRYSE
MARC DEGRYSE© BELGAIMAGE

Contre Ostende, j’ai été surpris par le choix de Kompany d’aligner Hotman El Kababri en défense. Il a souffert contre un… demi Ronald Vargas. Si on le laisse là, qu’est-ce que ça va être quand il se retrouvera en face des meilleurs attaquants du championnat ? Sebastiaan Bornauw avait le meilleur guide possible à côté de lui : Kompany ! Mais ça ne s’est pas vu. Idem pour Elias Cobbaut. Peter Zulj devant la défense, c’était encore un choix surprenant. Pour moi, le médian défensif idéal est celui qui ne perd pratiquement pas un ballon, style AxelWitsel. Zulj a fait tout le contraire. Pendant ce temps-là, Sven Kums était en tribune, ça m’interpelle quand même. Devant, c’est Pieter Gerkens qui a eu les faveurs du coach. Il ne s’est pas mal débrouillé mais ce n’est pas sa place. S’il était attaquant de pointe dimanche, c’est simplement parce qu’Anderlecht n’en a pas d’autre alors que les choses sérieuses ont repris. Ça aussi, c’est interpellant.

Cette défaite ne doit pas tout remettre en question. Vincent Kompany a un style de jeu en tête, ça n’a pas fonctionné contre Ostende, au niveau du résultat brut, mais ce style clair est un premier pas dans la bonne direction. On doit voir aussi ce qui a bien marché, comme l’explosion immédiate de Michel Vlap. Je le compare à Hans Vanaken, il peut devenir le chouchou du public anderlechtois. Avec un Vlap et un Verschaeren au top de leur potentiel, tu peux voir grand.

Le mauvais départ mauve est aussi la conséquence d’un souci mental qu’on a souvent mis en exergue la saison dernière. Si le Sporting avait fait 2-0, il aurait sans doute été parti. Ici, il a suffi de l’égalisation ostendaise pour tout casser. On a directement vu des têtes basses, pas de réaction, pas d’esprit de révolte. Kompany ou pas, Anderlecht reste une équipe en cruel manque de leaders. Encore un aspect dont il faut tenir compte dans la suite du recrutement.

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