KNOCKAERT KNOCKDOWN

J’ai bien dit down pas out. Down, ça veut dire au tapis mais pas battu. Y’a encore la possibilité de mettre l’autre KO. Ou plutôt les autres. Anthony a le jeu de jambes pour danser autour de son adversaire, l’étourdir et le planter là où ça fait mal. Là où il y a la victoire au bout. Knockaert est un beau joueur. Beau mais pas encore séduisant. Pour cela, il faut qu’il comprenne l’essentiel. Comme son coach d’ailleurs. Il a pas l’air comme ça, mais il est rock n’roll le p’tit Yannick. Pas de doute, il a la niaque.

J’ai bien aimé sa sortie sur ces gamins de merde. Nous journalistes, on se plaint que les interviews sonnent comme une sonate en ré mineur. Mais lui, le p’tit qui doit adorer Céline Dion, il nous a mis un bon gros riff de guitare. Angus Young réincarné. One-two-three-four, un-deux-trois-quatre mots pour faire une phrase qui décoiffe. Un petit coup de vent en guise de tempête.

Anthony, lui, est le genre de mec qui voit la faille. S’y engouffre pour trouver la lumière mais s’y perd. Une faille qui sentait bon le tremblement de terre. Mais point de réplique chez ces reliques de footeux. Des Divas aphones qui se prennent pour la Callas. Et là d’accord avec  » Don Dono  » qui a remis le Français à sa place. Domenico le roi des zygomatiques. L’homme capable de transformer n’importe quel enterrement en festival du rire.

Dominique D’Onofrio a tout juste. Knockaert a tout faux. Il est arrivé dans un petit club de province d’un championnat mineur et il s’est cru plus grand que les 117 ans d’existence du Standard. De Liège, je précise. Hé mon petit, tu veux  » fnir  » faire la loi à Liège ? Tu sais où t’es tombé ? Ça fait mal, tu sais quand tu prends les Principautaires pour des cons. Mais tu ne pouvais pas savoir. T’es arrivé, t’as vu un cirque. Donc t’as fait le clown. Et tu nous as fait rire. D’abord de bonheur. J’aime ce genre de provocateur tant qu’il le reste balle au pied. On a l’impression que le meilleur bon mot, c’est avec les pieds qu’il peut nous l’offrir. Et on a aimé. Mais bon, le foot pro, c’est aussi être crédible. C’est aussi le jeu sans ballon. Et là, comment dire, y a comme un blème. Mais bon, c’est pas sa faute. Vu que, de toute évidence, y a pas de gendarme à Sclessin. Ou plutôt, y en avait pas. En prenant le risque de se retrouver seul, très seul face à son vestiaire, Ferrera a sifflé la fin des embouteillages. Ceux des egos de charrettes qui se prennent pour des limousines. Sûr que ce genre de mise au point doit rester dans la complicité du vestiaire mais ça ce sont les règles d’un vrai grand club. Le Standard ne l’est plus. Pour le moment. Parce que moi, j’ai envie de croire en ce président qui va très vite passer de Walt Disney à Tex Avery. Du rêve à la réalité.

Je trouve cela très sain qu’il ait les couilles de mettre sur la table publique ce qu’il a de plus intime avec le risque de se les faire couper. Tout le monde sait que le monde du foot est parfois pire que le monde tout court. Mais peu nous offrent la crédibilité de la sommation. Veni Vidi Venanzi. C’est tout ce qu’on lui souhaite. De l’énergie, il lui en faudra et il en a. C’est peut-être pour ça qu’il a fait appel au poteau qui bougeait tellement bien. L’éolienne terrestre qui ne parlait jamais pour faire du vent. Daniel Van Buyten est tout le contraire du vestiaire du Standard. Lui, il fait avant de l’ouvrir. Lui, il sait d’où il vient. Il sait que c’est sur le terrain qu’on fait de sa gueule. Ce mec est extraordinaire. Faire ce qu’il a fait avec ce qu’il avait, c’est la classe mondiale. L’intelligence et l’humilité peuvent vous mettre sur le toit du monde. Et, petit conseil les petits Standardmen, je vous souhaite, quand à 40 ans vous serez dans votre fauteuil à regarder le foot à la télé, d’être avec une famille qui vous aime pour ce que vous êtes. Pas pour ce vous avez été. Ou supposément été.

PAR FRÉDÉRIC WASEIGE

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