Killian Overmeire a été marqué par CHABAL

 » En dehors du foot, j’ai énormément de respect et d’admiration pour les athlètes olympiques qui s’entraînent plus dur que les footballeurs pour moins de reconnaissance et d’argent. Chapeau ! Mais dernièrement, le sportif qui m’a le plus marqué est le rugbyman français Sébastien Chabal. C’est une montagne. Je l’ai vu mettre des joueurs ko dans un match sans moufter. C’est effrayant… et ça ne doit pas être très bon pour la santé « .

Il n’a pas le coup de patte de JonnyWilkinson, le demi d’ouverture anglais, l’as du drop gagnant. Il n’a pas l’élégance de JuanHernandez, le numéro 15 argentin du Stade Français et qui figurait sur la couverture des Dieux du stade, le calendrier osé publié par le club parisien. Il n’a pas l’efficacité d’ AndrewButchJames, le bélier des Springboks. Contrairement à ces trois joueurs, il n’était pas titulaire dans son équipe au Mondial. Pire même : il a dû sa sélection aux forfaits de PascalPapé, DimitriYachvili et ThomasCastaignède. Pourtant, SébastienChabal a été l’une des figures marquantes du dernier Mondial. Pour son look de barbare qui lui a valu son surnom d’ Attila mais aussi pour ses plaquages dévastateurs. Il ne laisse personne indifférent : soit on loue sa puissance hallucinante et son goût du combat soit on fustige ses multiples fautes, qui finissent par pénaliser son équipe.

Dès sa première sélection, le 4 mars 2000, les pro- et anti-Chabal s’opposent. Le sélectionneur BernardLaporte opte pour la deuxième catégorie et laisse le joueur de côté. Il le reprendra pour la Coupe du Monde 2003 mais ne lui donnera pas sa chance. Il l’alignera lors du match pour la troisième place contre la Nouvelle Zélande. Pour expliquer la défaite, le coach français a, entre autres, pointé le nombre trop élevé de fautes commises par Chabal. Ce dernier s’était fait remarquer par trois plaquages qui ont désintégré CarlosSpencer, DougHowlett et AaronMauger. Pour expliquer ce manque de technique et de jugeote, Chabal rappelle qu’il n’a pas suivi un parcours normal : il n’est passé pro qu’à 23 ans. Ado, il préférait la moto et n’a donc pas reçu une formation convenable.

Chabal s’exile en 2004 à Sale, un club dans la banlieue de Manchester où il gagne un nouveau surnom Seabass (loup de mer et déviation anglaise de Sébas). Il y remporte le Challenge européen en 2005 et le titre de champion en 2006. Outre Manche, le Français a retrouvé tout son allant. Ses compatriotes restent bouche bée quand ils le voient atomiser le Stade Français lors de la Coupe d’Europe 2006. Il est de nouveau rappelé en équipe nationale et remporte le Tournoi des Six Nations 2007 en tant que titulaire..

Tout est parti des Antipodes

Dans la foulée, il a participé à la tournée en Nouvelle Zélande en juin dernier avec les Bleus, qui ont encaissé 103 points contre 21 lors des deux tests. Lors du premier match, Chabal désintègre le numéro 8 adverse, ChrisMasoe, d’une manchette dont il a le secret et qui lui a valu son premier surnom Cartouche. Lors du deuxième, il charge AliWilliams et lui fracasse la mâchoire. Aussi bizarre que cela puisse paraître, le public l’ovationne. La presse locale l’affuble d’un nouveau sobriquet : Caveman (l’homme des cavernes). Début de la Chabalmania

Peu importe qu’il soit devenu la coqueluche du public aux Antipodes, Laporte ne compte pas vraiment sur lui pour le Mondial. Lors des trois derniers matches de préparation, le coach en fait un joker. Et cela marche surtout le 11 août contre l’Angleterre (victoire 15-21 à Twickenham). Monté au jeu à une demi-heure du terme, il marque un superbe essai à la 70e après avoir passé trois adversaires dont un accroché à son cou. Toutefois, le jeu à l’ancienne de Chabal basé sur la fougue n’est pas de nature à rassurer le coach national. Mais forcé par les événements, Laporte fera appel à Chabal et lui signifie qu’il l’alignera en deuxième ligne. Troisième ligne durant dix ans, le mastodonte accepte avec le secret espoir que, pendant la compétition, les choses changent. Ce ne fut pas le cas et Chabal a perdu sa Coupe du Monde. Et face aux Anglais, en demi-finale, DestroyChabal n’était plus qu’un moneyplayer, l’homme censé être décisif aux moments cruciaux.

Entre-temps, il est retourné en Angleterre où il est redevenu le chouchou du public et des filles. Loin des stéréotypes, il incarne le mythe de l’homme fort, naturel, humble, sincère et dont la voix grave et posée rassure. Il passe bien à la télé et, avec Laporte, il est le seul personnage du rugby à avoir droit à sa marionnette aux Guignols.

Brute épaisse sur le terrain, (il a notamment pris cinq semaines de suspension en février 2006 pour avoir marché sur la tête de Lawrence Dallaglio puis craché sur Fraser Waters, deux joueurs des Wasps de Londres), Chabal n’est pas du genre à stresser en dehors. Il n’a d’ailleurs pas peur de rire de lui. En revanche, il évite de parler de sa popularité croissante mais avoue :  » Toute cette agitation autour de ma personne ne me dérange pas, tant qu’on parle de rugby « .

par nicolas ribaudo

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