KILLER ROCK

Deuxième saison aux Etats-Unis pour notre compatriote : après la découverte, c’est l’adaptation.

« Je suis heureux ! « . La réponse, simple et réjouissante, fuse dès qu’on demande à Didier M’benga comment il va.  » L’intégration sociale est rapide aux Etats-Unis et dans le sud en particulier, si accueillant. L’ambiance et la mentalité au sein des Dallas Mavericks sont très bonnes. Au niveau basket pur, je suis évidemment toujours en phase d’apprentissage. La saison dernière, tout était nouveau pour moi : le jeu, la tactique, le cadre de vie, la culture et la langue. La tactique est difficile. Nous devons potasser le playbook, un code épais comme une bible et bourré de jargon et d’images. Un exemple : New York 54 signifie un pickaround sur l’aile où le joueur numéro 5 doit essayer de trouver le numéro 4. On est souvent interrogés et toute mauvaise réponse est sanctionnée par une amende, généralement 10 dollars. Ce n’est pas tellement le système que je trouve ardu, mais bien la compréhension et la communication. Par rapport aux Américains issus du basket d’université, j’ai du retard. J’ai mis un an avant de lire le jeu puis le comprendre. A ce stade que j’appréhende 70 % de ce que je dois savoir. Même si nous avons un nouvel entraîneur qui – c’est une pratique courante – a changé toutes les phases et leur appellation « .

Le coach Avery Johnson dit de lui :  » Il n’y a rien à lui reprocher : il est consciencieux et travailleur. Il observe bien et écoute attentivement. C’est positif. Sa mentalité est exemplaire. Tout ce dont il a besoin, c’est du vécu, du temps de jeu « . Un souhait qui allait être exaucé dans la dernière quinzaine de décembre quand il balayait en quelques matches ses stats de la saison dernière (3’09 – 1,0 pt. – 0,5 rebond) en faisant grimper sa moyenne de la saison à 4’06 – 1,8 pt. – 1,0 rebond lors d’une belle période de son club contre Los Angeles (d. 106-109), Phoenix (v. 102-96), Orlando (v. 109-103). Minnesota (v. 102-95), Lakers (d. 112-90), Seattle (v. 98-101) et Indiana Pacers (v. 102-80).

 » Mes équipiers m’appellent Killer Rock « , dit Didier.  » Je pèse actuellement 117 kg soit 6 de plus que lors de mon arrivée mais ce sont 6 kg de muscles. Je n’ai pas encore assez joué à mon goût, mais c’est normal. Dirk Nowitzki a eu besoin de deux ans pour s’imposer. Mon pote sénégalais DeSagana Diop, qui vient de nous rejoindre, n’a pas non plus beaucoup joué au cours de ses quatre premières années de NBA à Cleveland « .

Et puis, il y a la concurrence au poste de Big Man dans une équipe qui n’en manque pas : Erick Dampier (2,11 m), DeSagana Diop (2,13… comme Didier), Pavel Podkolzin (2,26 m)… et l’indéboulonnable Nowitzki (2,13 m). De plus, Johnson, qui succède à la légende Don Nelson, prend peu de risques en alignant les joueurs d’expérience.

Les copains d’abord

Qui sont les joueurs qui l’impressionnent ?  » Je ne parlerais pas des stars – en grande majorité les marqueurs – car on fait tout pour leur faciliter la tâche. Il est normal de réussir 30 tirs quand on a le feu vert pour tenter 50 ou 60 essais. Les vedettes sont très protégées. Cela dit, il y a trois joueurs qui m’épatent : le MVP de la saison écoulée, le Canadien Steve Nash, distributeur des Phoenix Suns, Marcus Camby (le centre des Denver Nuggets) et notre distributeur Jason Terry. Jason est un des joueurs les moins médiatisés mais ses qualités de meneur et de directeur de jeu sont phénoménales « .

Des copains ?  » Ici, j’ai des affinités avec Nowitzki et DeSagana, un frère africain francophone. Un autre pote, c’est Tony Parker (San Antonio Spurs). Je lui téléphone, parfois deux fois par jour. Le Soudanais Luol Deng (Chicago Bulls) fait aussi partie du cercle de mes amis. Et puis Dikembe Mutombo (Houston Rockets) bien sûr « .

Et l’avenir ?  » Je me sens attaquant dans l’âme et je veux le rester. Je travaille d’ailleurs dans ce sens. L’aspect offensif est la base de mon jeu développé par Willy Steveniers. Mais mon jeu a complètement changé chez les Mavericks et en équipe nationale belge où j’ai un rôle plus défensif. Mon contrat avec Dallas arrive à expiration à la fin de cette saison et on commence déjà à parler transferts. J’ai eu une touche avec une autre équipe, mais la direction a refusé. Je veux y arriver et j’y arriverai. Ceci étant, mes ambitions personnelles ne sont pas exclusivement sportives. Tout comme Mutombo, j’ai créé une fondation éponyme pour venir en aide aux plus déshérités et donner une chance aux jeunes grâce au sport. L’été prochain, je retournerai au Zaïre pour la première fois depuis 6 ans. Il y a tant de choses à y faire « .

BERNARD GEENEN

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