Kid CREOLE

Bruno Govers

Le Guadeloupéen est l’une des valeurs sûres chez les Coalisés.

En tout début de saison, alors que l’effectif du FC Brussels n’était pas encore totalement défini, son coach, Emilio Ferrera, s’érigeait déjà en farouche thuriféraire de Fritz Emeran (28 ans).  » A quoi bon engager Bertrand Crasson si je suis déjà paré sur le flanc droit avec ce joueur « , disait-il à l’époque, en substance.

Et même si le Berre débarqua, après coup, au stade Edmond Machtens, force est de reconnaître que sa venue n’eut aucune incidence sur le parcours du Guadeloupéen. Hormis une absence naguère à Westerlo, pour abus de cartes jaunes, ainsi qu’une autre, à l’automne, pour incompatibilité d’humeur (en attendant le verdict du comité sportif suite à son exclusion récente face au Germinal Beerschot), le transfuge de Gueugnon se sera érigé, au même titre que Richard Culek et Alan Haydock en l’une des valeurs les plus sûres chez les Coalisés. Même si, comme il l’avance lui-même,  » cet hommage ne fait malheureusement pas avancer le schmilblick « .

Fritz Emeran : Davantage que mes propres prestations, c’est la bonne tenue de l’équipe qui importe. A cet égard, il y a un décalage entre la qualité du jeu que nous produisons semaine après semaine, depuis l’entame de cette campagne, et le piètre nombre de points que nous avons récoltés. Tout a commencé dès la première journée quand, contre le cours des événements, le Racing Genk a remporté la totalité de l’enjeu lors du temps additionnel. A partir de là, la malchance n’a cessé de nous coller aux basques. En près de dix ans de carrière, je n’ai jamais connu une phalange autant poursuivie par la poisse que la nôtre. C’est aberrant, voire carrément surréaliste. Logiquement, toute série a une fin. Dès lors, je me fais fort que nous serons tôt ou tard durablement récompensés de nos efforts. A cet égard, les trois points pris contre le Germinal Beerschot peuvent constituer un nouveau départ.

Qu’est-ce qui vous incite à croire à un changement ?

Plus que tout, les compliments de nos adversaires. Il ne se passe guère de match sans que l’opposition se répande en propos flatteurs sur nous. Personnellement, à la fin de chaque match, j’entends presque toujours la même rengaine de la part de celui que je suis appelé à museler : – Très bien joué ! Bonne continuation. Vous méritez nettement mieux que votre classement. Cette phrase-là, je ne l’ai pas entendue une mais un nombre incalculable de fois ces derniers mois. Normal, dans la mesure où nous n’avons à aucun moment été surclassés par nos vis-à-vis. Au contraire, notre fonds de jeu et notre organisation sont meilleurs que ceux de bon nombre d’autres équipes de l’élite. Mais il nous a trop souvent manqué un fifrelin de chance pour être heureux. La seule fois qu’on a eu la baraka depuis le début de cette année, c’était face au Germinal Beerschot. Cette fois-là, on a enfin eu l’armature du but avec nous sur la tentative de Daniel Cruz. D’habitude, c’est toujours nous qui faisions trembler le piquet ou la barre transversale adverse.

Ce match contre le Germinal Beerschot était catalogué comme celui de la dernière chance. A raison ?

Non. D’ici la fin de la saison, toutes les rencontres seront cruciales. A commencer par celle que nous livrerons dans une dizaine de jours, chez nous, face aux Montois. Il sera important d’engranger les trois unités contre eux et, dans une mesure générale, veiller tout au long du deuxième tour à récolter le plus de points à domicile. Au cours du premier volet de la compétition, nous n’avions gagné qu’une seule fois chez nous : face à Mouscron. C’est beaucoup trop peu comparativement à la concurrence, même si, par rapport à nos rivaux directs, nous nous sommes sans conteste mieux exportés durant la même période. Dans l’intervalle, toutefois, l’Albert a marqué des points précieux à Beveren tandis qu’Ostende a créé la sensation à Anderlecht, tout en engrangeant trois succès d’affilée. Nous aussi devrons réussir un coup d’éclat, pour bien faire. Et pourquoi pas à Bruges, le week-end prochain ? L’état du terrain pourrait être un allié précieux pour nous.

De premier non relégable à premier relégable

A la fin des matches aller le FC Brussels comptait respectivement 6 et 8 points d’avance sur Ostende et Mons. Depuis lors, la donne a complètement changé. Comment avez-vous digéré cette chute soudaine aux enfers ?

Nous sommes passés d’une position de premier club non relégable à celle de premier relégable. Mais cette situation ne nous a pas infligé un coup au moral pour autant. Au terme des matches aller, nous nous étions donné un peu d’air en réalisant un 6 sur 6 face au Cercle Bruges et à Mouscron. Par la suite, cet exemple a inspiré Ostende, auteur d’un 9 sur 9 et Mons avec un 9 sur 15. Dans ces conditions, un phénomène de saute-mouton n’est pas surprenant. Le plus important, ce n’est pas de réaliser son maintien aujourd’hui. Tout ce qui importe, c’est de sauver sa peau au bout de 34 journées. Et nous avons les moyens d’y parvenir.

Le FC Brussels a perdu près de la moitié de ses rencontres par le plus petit écart, le plus souvent 1-0 ou 2-1. En tant que défenseur, comment vivez-vous ces données chiffrées ?

Je pars toujours du principe que chaque but est évitable. Mais dans un même ordre d’idées, je me fais parfois la réflexion aussi que notre sort ne serait pas aussi précaire actuellement si tous les tirs que nous avons envoyés sur le cadre adverse, avaient terminé leur course au fond des filets. Comme quoi, chacun d’entre nous, à son niveau, porte une part de responsabilité dans la mauvaise posture du club. Ce qui n’empêche nullement l’ambiance d’être bonne dans le groupe. On ne manque d’ailleurs jamais de se charrier gentiment. Ainsi, quand je fais remarquer à mon pote Zézéto qu’il n’est pas interdit, pour lui, de marquer un but de temps en temps, il me réplique que ça ne sert à rien puisqu’on en prend de toute façon deux dans ces circonstances. On se marre comme on peut (il rit).

A l’image de Zézéto, Christophe Kinet, Nicolas Flammini et Christ Bruno, vous avez été écarté à un moment donné du noyau A. Pour quel motif ?

Emilio Ferrera estimait à l’époque, non sans raison, que j’avais perdu mon esprit guerrier. Et c’est vrai qu’après notre victoire au Standard û notre premier succès de la saison au demeurant û je m’étais dit que plus rien de fâcheux ne pouvait nous arriver. Grave erreur, évidemment, et l’ancien coach m’a ramené bien vite les pieds sur terre. Si je me suis pleinement réhabilité par la suite, c’est grâce à lui. Et je lui en sais gré. En réalité il me faisait irrésistiblement penser à Albert Cartier, que j’ai connu à Gueugnon : même passion, même souci du travail bien fait, mêmes compétences sur le plan tactique. La seule différence, c’est l’approche psychologique. Car il fallait quand même être blindé pour encaisser les remarques d’Emilio.

Au FC Brussels, vous en êtes à votre troisième séjour en Belgique après des passages à Malines et à Genk. Pourquoi ce retour ?

Gueugnon, c’est un tremplin dont ont profité d’autres joueurs, comme l’ex-Louviérois Frédéric Tilmant, avant moi, ou le néo-Carolo Steeve Théophile. A mes yeux, ce club de Ligue 2 française était l’idéal pour se mettre en valeur et décrocher un beau transfert. A ce titre, j’étais comblé par un come-back au plus haut niveau en Belgique, dans une compétition plus médiatisée que l’antichambre de l’élite en France. D’ailleurs, tous les joueurs qui sont issus de cette série dans l’Hexagone se sont signalés en compétition belge, ces derniers mois. Il suffit de songer à tous ceux qui font le bonheur des Loups ou du Sporting Charleroi aujourd’hui. La Belgique et son championnat constituent franchement la terre d’accueil idéale pour ceux qui désirent se relancer.

Bruno Govers

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