Le défenseur central bruxellois n’a pas encore raté une minute de jeu cette saison.

Il avait débuté la saison dernière en D1 sous Emilio Ferrera, avait ensuite traversé une période plus difficile mais a bien rebondi : cette saison, avec Albert Cartier, le jeune défenseur du Brussels Steve Colpaert (19 ans) n’a pas encore raté une minute de jeu.  » L’entraîneur m’a offert une chance et je l’ai saisie à pleines mains. J’avais déjà eu un pressentiment favorable lors des matches de préparation. Je me suis donné à fond, pour démontrer à Albert Cartier qu’il pouvait compter sur moi. Mon travail a payé « .

La saison dernière, tout n’avait pourtant pas été rose pour ce produit du club. Emilio Ferrera lui avait offert ses premières minutes en D1 mais l’avait parfois remis à sa place également.  » J’ai souffert, c’est sûr. C’est dur de s’entendre dire, lorsqu’on revient de blessure, qu’on n’a pas le niveau de la D1. Mais c’était peut-être dit avec une bonne intention. C’était sa manière de faire comprendre aux jeunes qu’il ne suffit pas de paraître pour s’imposer et que le chemin qui mène à la D1 est semé d’embûches. Parfois, il y aurait à redire à son comportement. Il lui est arrivé de passer devant moi sans me dire bonjour. Mais bon, je ne lui en veux pas. Lorsque j’ai été relégué dans le noyau B, j’ai pris un coup sur la tête mais je ne me suis pas découragé. J’ai beaucoup réfléchi à ce que je pourrais faire pour revenir et j’ai travaillé d’arrache-pied. Si Emilio Ferrera a voulu faire passer un message à mon intention, c’est réussi. Je me suis endurci mentalement à travers cette épreuve et je dois l’en remercier, car cela me sera peut-être utile pour la suite « .

Dans ces moments difficiles, Steve Colpaert a pu compter sur le soutien de ses parents et de son manager PatrickDecoster.  » Mon père, qui fut mon entraîneur chez les jeunes de Dilbeek, m’a incité très tôt à réagir positivement aux contretemps. Lorsque j’avais une égratignure, je pleurais facilement, comme beaucoup de gamins. Mon père m’a appris à mordre sur ma chique, en me faisant comprendre que c’était le métier qui entrait. J’ai appris, très jeune, à ne pas jeter l’éponge. Mais, si j’ai un caractère fort, je le dois surtout à… ma mère. C’est une sacrée femme, qui ne se laisse pas marcher sur les pieds. Comme toutes les mamans, elle a été aux petits soins pour moi, mais lorsque quelque chose ne lui plaît pas, elle réagit. Je suis un peu comme elle. Mon manager m’a beaucoup parlé également pendant ces moments difficiles. Il n’a pas réagi comme d’autres managers, en disant : – Si tu ne reçois pas ta chance au Brussels, je te trouverai un autre club ! Non, il m’a incité à persévérer, à me montrer plus fort que toutes les personnes qui pourraient se mettre en travers de ma route « .

L’enfant de la maison

Au Brussels, Steve est un peu l’enfant de la maison. Né à Etterbeek, une autre commune de l’agglomération bruxelloise, il a toujours habité à Molenbeek, à cinq minutes du stade. Son père, EddyColpaert, joua au Daring jusqu’en Réserve, à l’époque de JohanBoskamp. S’il a signé sa première carte d’affiliation à Dilbeek, c’est simplement parce qu’il a suivi ses copains de l’époque.  » Je fréquentais l’école de la chaussée de Ninove. De là à Dilbeek, il n’y avait qu’un pas, et la plupart de mes compagnons de classe y évoluaient. Ils m’ont entraîné là-bas. Ensuite, Alost m’a contacté et je suis parti à l’Eendracht. Puis, lors de la faillite d’Alost, je suis venu en Cadets au RWDM… qui est également tombé en faillite. J’ai signé à Strombeek et enfin au Brussels. Mon père est particulièrement heureux de me voir en équipe Première. C’est un peu, à travers moi, son rêve à lui qui se réalise, car il n’est jamais parvenu à atteindre la D1 « .

Etre un produit du cru, est-ce un avantage ou un inconvénient ?  » D’abord, je tiens à souligner que je ne suis pas le seul. IsaIzgi est également un produit du cru. Il défend même les couleurs du club depuis plus longtemps que moi. MichaëlJonckheere, qui a fait ses classes au RWDM, commence aussi à pointer le bout du nez. C’est bien de trouver une petite touche locale et je crois que les supporters sont heureux de voir qu’un gamin de l’endroit parvienne à faire son trou. Au départ, ils ont tendance à pardonner assez facilement les petites erreurs que l’on commet. Mais il ne faut évidemment pas répéter ces fautes. En D1, tout le monde est logé à la même enseigne. Lorsqu’on perd un match, cela a des répercussions sur tout le groupe, que l’erreur ait été commise par un jeune ou par un joueur expérimenté. Mais pour les supporters, je crois que je resterai toujours le ket du Brussels « .

Steve Colpaert n’a pas oublié ses débuts en D1.  » J’ai fêté ma première titularisation le 12 décembre lors d’un déplacement au Cercle. J’avais 18 ans et 3 mois. On a gagné 1-2, face à une équipe qui se profilait comme un concurrent direct. Je suis resté relativement serein, mais je dois remercier mes équipiers de l’époque qui m’ont parfaitement encadré. J’ai facilement évacué le stress qui aurait pu m’envahir. Cette date restera spéciale malgré tout : lorsqu’on débute pour la première fois en D1, on se rend compte qu’on a franchi un palier « .

Aucune concurrence déloyale

Cette saison, le ket n’a pas encore raté une minute de jeu en championnat. Il a été titularisé lors de chaque match, n’a jamais été remplacé et est pour l’instant à l’abri d’une suspension puisqu’il n’a pas encore écopé du moindre carton jaune.  » Ce serait formidable de jouer les 34 matches dans leur entièreté « , sourit-il.  » Mais la saison est encore longue et personne n’est à l’abri d’une blessure. Touchons du bois… « .

Steve Colpaert est heureux de travailler sous la direction d’Albert Cartier.  » Je ressens la confiance qu’il place en moi et c’est un sentiment très agréable. Ses entraînements n’ont rien d’extraordinaire mais on travaille beaucoup la technique. On répète des petits gestes tout simples, mais diablement utiles, comme les passes, les dribbles et les contrôles. Le point fort d’Albert Cartier, c’est de garder le groupe en éveil. A l’entraînement, on travaille tout en s’amusant. Personne ne vient avec des semelles de plomb et cela se reflète en match. Albert Cartier peut se montrer sévère, mais il n’impose aucun stress à son groupe. Il insuffle confiance à tout le monde. On sait que les partenaires vont se battre pour le collectif et essaieront de corriger les éventuelles erreurs que l’on commettrait. Du coup, on a envie de leur rendre la pareille. C’est très agréable de travailler dans ces conditions « .

Lors du déplacement à Westerlo, qui coïncidait avec les arrivées dans le groupe de Mario Espartero et d’ IbrahimKargbo, on avait pensé que cette belle solidarité allait s’effriter. L’implantation d’éléments étrangers semblait avoir déstabilisé le groupe. Les nouveaux devaient trouver leurs marques dans un ensemble bien en place depuis le début de la saison et on a eu brièvement l’impression qu’il faudrait tout reprendre à zéro. Mais, une semaine plus tard, lors de la venue d’Anderlecht, on avait déjà retrouvé cette rage de vaincre qui avait fait la force des coalisés.  » La mentalité a complètement changé au Brussels. Chacun a compris qu’on aurait besoin de tout le monde pour achever la saison. Le noyau n’est pas pléthorique. Rien de comparable avec celui d’Anderlecht ou de Bruges. Tôt ou tard, il y aura des blessés ou des suspendus. On a déjà été privés d’ Igor De Camargo pendant trois matches et c’est cette absence qui a obligé Albert Cartier à modifier son système de jeu. Croyez-moi, l’arrivée des nouveaux joueurs a été très bien accueillie. L’engagement d’Ibrahim Kargbo ne m’a pas effrayé. Ce n’est pas de la concurrence déloyale. C’est à moi de démontrer que je mérite ma place. Et, si un jour, je me retrouve sur le banc, ce sera à moi de travailler pour revenir « .

Le Brussels n’est pas une fin en soi

Au cours des huit premiers matches de championnat, Steve Colpaert a déjà eu trois coéquipiers différents à ses côtés dans l’axe central de la défense : Davy Theunis, Alexandre Clément et Ibrahim Kargbo.  » Ne me demandez pas lequel je préfère. Ils ont chacun leurs qualités propres, mais je m’entends avec tout le monde « .

Au besoin, Steve Colpaert peut aussi évoluer à l’arrière droit ou au médian défensif, comme en équipe nationale de jeunes, même s’il se débrouille plutôt bien dans l’axe malgré sa petite taille (1m76).  » Ma petite taille ne me pose pas de problème. Je compense par ma vitesse et mon placement. J’ai une bonne détente également et ma taille ne m’empêche pas d’aller au duel. Je fais aussi partie d’un collectif et mes éventuelles lacunes sont compensées par le groupe « .

Si la défense du Brussels était parvenue à préserver ses filets inviolés lors du premier match de la saison à Beveren, elle a toujours encaissé au moins un but par la suite.  » Lorsqu’on encaisse, on a toujours tendance à pointer la défense du doigt « , fait remarquer Colpaert.  » Mais la faute n’incombe pas toujours aux défenseurs ou au gardien. Dans un bon collectif, il faut défendre à 11. Chacun doit s’y mettre, y compris les attaquants et les milieux de terrain. Lorsqu’une équipe encaisse peu, c’est aussi parce que tous les secteurs ont travaillé à la récupération du ballon « .

Déjà courtisé par Mouscron et Charleroi cet été, Steve Colpaert a choisi de rester fidèle au club de son c£ur mais n’en demeure pas moins ambitieux. Son objectif ? Arriver le plus loin possible, tout simplement.  » La motivation est là. L’envie de travailler également. Mais je sais que, tout seul, je n’y arriverai pas. J’aurai besoin de l’aide de mes équipiers, de mes entraîneurs, du staff technique. Je ne considère pas le Brussels comme une fin en soi. Cela restera le club de mon c£ur, mais j’ai envie, un jour, d’aller voir plus haut. Il n’y a rien de mal à être ambitieux, que je sache ? »

Daniel Devos

 » ON S’AMUSE EN SEMAINE et ça se ressent en match  »

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