Kéré, le guide

Le défenseur burkinabé du Sporting Charleroi a débuté à la CAN en 2000. Dix ans après, il est toujours un des piliers des Etalons.

Il y a juste dix ans, Badou Kéré (27 ans) participait à sa première phase finale de la CAN au Nigeria et au Ghana avec le Burkina Faso. Sous la houlette de notre compatriote René Taelman, les Etalons avaient dû se contenter d’un seul et maigre petit point contre l’Egypte, le Sénégal et la Zambie et furent dès lors éliminés d’entrée de jeu.

Badou Kéré : La logique avait tout simplement été respectée. Lors du tirage au sort, nous avions été versés dans le quatrième chapeau et, en fin de parcours, nous nous sommes donc retrouvés à notre véritable place. L’Egypte nous avait planté 4 buts et le Sénégal 3. Mais nous avons eu le mérite de sauver l’honneur grâce à un 1-1 face aux Zambiens. Un but signé Alassane Ouedraogo, qui était mon coéquipier chez les Zèbres à cette époque.

Votre deuxième participation remonte à l’édition 2004 en Tunisie. Pour quelles raisons aviez-vous loupé le Mali, deux ans plus tôt ?

Peu avant cet événement, l’entraîneur, Luis Oscar Fullone, avait été remplacé par ses deux adjoints Jacques Yameogo et Webonga Pihouri. Ils établirent une nouvelle liste de joueurs, sans certaines valeurs sûres, dont moi-même. Je n’ai pas perdu grand-chose car l’équipe a fini à nouveau dernière de son groupe suite à des revers 1-2 contre le Maroc et le Ghana. Chacun s’attendait toutefois à ce que les Etalons signent un succès contre l’Afrique du Sud, qui était à prendre. Mais le match se solda par un nul vierge. Deux ans plus tard, nous avions terminé bons derniers aussi, derrière le Sénégal, le Mali et le Kenya. Mais nous étions parvenus à créer l’exploit grâce à un 0-0 contre la bande à Khalilou Fadiga. C’est mon plus beau souvenir dans cette compétition.

Et le pire ?

Il ne remonte pas à une phase finale mais aux qualifications. En rentrant d’un match contre la République centrafricaine, au mois d’octobre 2002, j’avais attrapé la malaria et passé plusieurs jours aux soins intensifs, à Charleroi. Sur le terrain, en 2004, j’ai souffert un jour, comme jamais avant, face à l’attaquant kenyan Dennis Oliech, à la base de trois goals contre nous. Il avait d’ailleurs été désigné Révélation du tournoi et ses prestations lui avaient d’ailleurs valu d’être transféré au FC Nantes. Dans les moins bons souvenirs, je mentionnerai également nos absences de phases finales en 2006 et 2008. Nous faisons partie de la troisième garniture en Afrique et, quelquefois, tout se joue sur un détail face aux plus faibles lors des éliminatoires…

Groupe de la mort

Quel sera votre objectif en Angola ?

Personnellement, l’obtention d’une toute première victoire mais ce ne sera pas aisé car nous sommes repris dans un authentique groupe de la mort aux côtés de la Côte d’Ivoire, du Ghana et du Togo. Mais je veux y croire malgré tout. De toute façon, le défi sera beau pour moi face à des attaquants comme Didier Drogba, Samuel Eto’o, Emmanuel Adebayor et, probablement, le Ghanéen Dominic Adiyah qui s’était distingué avec les -20 ans de son pays lors des Championnats du Monde en Egypte, l’automne passé. Que du beau monde !

A propos d’attaquants, vous serez privés d’Aristide Bancé, qui a renoncé à sa sélection.

Ce n’est pas une grosse perte car il a des problèmes avec tout le monde au sein du groupe. Sous prétexte que les affaires marchent relativement bien pour lui à Mainz, en Allemagne, il estime devoir être titulaire en équipe nationale. Désolé mais Moumouni Dagano, dont tout le monde se souvient ici, et le Niçois Habib Bamogo sont incontournables devant. Tant pis si Bancé ne le comprend pas.

Comment jugez-vous la génération actuelle des Etalons par rapport à celle de vos débuts ?

Nous sommes trois fois plus forts. A l’époque, à l’exception de quelques joueurs comme Ouedraogo, ou encore l’Anderlechtois Lamine Traoré et moi, les autres internationaux évoluaient toujours au Burkina Faso. A présent, on compte plusieurs éléments dans des clubs de renom : Moussa Ouattara à Kaiserslautern, Charles Kaboré à Marseille, Jonathan Pitroipa à Hambourg ou Sibiri Alain Traoré à Auxerre. Hélas pour nous, la concurrence est devenue beaucoup plus forte aussi. Bon nombre de sélections s’appuient aujourd’hui sur des joueurs qui n’évoluent plus au pays. C’est le cas de la Côte d’Ivoire notamment.

C’est votre favori ?

Oui. Contrairement au Cameroun, qui est une grosse pointure aussi, les Eléphants n’ont plus rien gagné depuis leur victoire finale au Sénégal en 1992. Je crois qu’ils sont mûrs pour combler ce vide.

par bruno govers – photo: belga

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