Keisuke honda

Comment fait ce gaucher pour être la menace de l’équipe nipponne ?

Négatif

L’ancien joueur de Nagoya Grampus se sert très peu de son pied droit. Sa conduite de balle, même si elle est de très bon niveau, est souvent prévisible. Il utilise fréquemment l’extérieur de son gauche alors que le droit s’imposerait naturellement. Sa protection du ballon se fait toujours dans le même sens pour lui permettre d’enchaîner avec le ballon placé du côté de son meilleur pied. Les rares gestes qu’il réalise du droit manquent de naturel. Les tirs sont nettement moins précis et violents.

Ses appels de balle ne sont pas très variés. Ils sont généralement rentrants quand ils démarrent du flanc droit, et vont directement dans la profondeur voire légèrement vers la ligne quand il les enclenche du côté gauche.

Malgré son 1m81, le jeu de tête ne fait pas partie de ses qualités spécifiques. Ses différents coaches l’utilisent très peu dans la bataille aérienne du rectangle. Les rares buts qu’il marque du front sont le plus souvent inscrits sur des têtes plongeantes ou en coupure de trajectoire, en anticipant l’intervention de son adversaire direct.

Ses 74 kilos font de lui un joueur plutôt léger. Si cela l’aide dans les duels au niveau du sol, il est beaucoup plus en difficulté dans les confrontations avec le haut du corps et les bras. Il se fait facilement balancer par des adversaires agressifs jouant la charge franche de l’épaule.

Malgré ses deux buts marqués durant la phase de poule de cette Coupe du Monde, le Japonais n’est pas un véritable buteur. Son ratio matches/buts (plus de 200 matches et 46 buts en comptabilisant une saison en D2 hollandaise où il a inscrit une petite vingtaine de goals) n’est pas celui d’un goal-getter. Il n’est pas assez présent dans les 10 derniers mètres et dans le face à face avec le gardien, il manque de lucidité.

Son travail en récupération ne se fait pas de façon systématique et il a parfois tendance à se lamenter sur son sort après une action ratée ou une perte de balle. Avec le Japon, il peut se le permettre car tous ses coéquipiers affichent une mentalité et une ardeur au travail irréprochables.

Son développement tactique doit encore énormément évoluer. Il joue actuellement de manière intuitive et il fait confiance presque exclusivement à son instinct et à sa créativité. A l’avenir, son implication dans un schéma tactique collectif doit monter en puissance. Il fait preuve aussi à certains moments d’un excès d’individualisme

Pour son évolution future, il est important de décrocher un contrat dans un top club européen. Fréquenter au jour le jour le gratin du foot européen lui permettrait de franchir quelques paliers supplémentaires. Si ce rêve devient réalité, il devra faire face à une concurrence accrue avec tous les risques que cela comporte.

C’est est un joueur qui manque de régularité dans ses prestations, aussi bien sur 90 minutes que sur la répétition des matches. Il doit devenir plus constant pour attirer les recruteurs.

Positif

Le joueur clé de la sélection nippone possède un pied gauche phénoménal : c’est son arme numéro 1. Avec sa patte, il maîtrise tous les gestes avec une aisance exceptionnelle. Enchaînements, dribbles, contrôles et amorties, tout est réalisé de façon naturelle et avec une élégance hors du commun.

La frappe de balle du gauche est tout simplement extraordinaire et il l’utilise dans toutes les positions. Sur coup franc, il constitue un danger permanent pour l’adversaire. Il enroule remarquablement le ballon au-dessus du mur et il est capable d’imprimer des trajectoires très surprenantes à ses frappes, qui retombent très vite après avoir franchi le mur. Du coin du rectangle, il est capable de frapper au but avec un impact sur le cuir moitié cou de pied, moitié intérieur ou extérieur. Cette manière de procéder permet à la sphère de changer de direction au dernier moment. Les ballons flottants actuels augmentent encore plus ce phénomène.

L’avant japonais adore provoquer ses adversaires en 1 contre 1. Sa dextérité en conduite de balle lui permet d’éviter les tackles de son opposant direct et son dribble court fait des ravages dans les défenses adverses. C’est un joueur qui n’a peur de rien ni de personne, qu’il affronte une star internationale ou un adversaire anonyme.

Il est continuellement en mouvement quand son équipe est en possession de balle. Il s’appuie sur une vitesse de course de très bon niveau pour faire mal aux défenses les plus hermétiques. Sur les premiers mètres, il fait la différence grâce à une fréquence extraordinaire et une énorme envie d’aller vers l’avant, attiré qu’il est par les filets adverses.

Honda possède également de grandes qualités dans le passing. Il utilise toutes les surfaces de son pied gauche pour servir ses partenaires dans les meilleures conditions. Sa vision du jeu est aussi de très bon niveau et ses centres sont précis et bien appuyés.

Il peut se montrer très performant sur toute la largeur du terrain en appelant le ballon dans les espaces libres. Il profite du positionnement de l’attaquant axial pour tourner autour de celui-ci et ainsi déstabiliser la défense adverse par des démarquages dans la profondeur.

Avec les années et l’expérience acquise en Europe, il parvient à provoquer les fautes aux abords des 16 mètres, même si, parfois, il a tendance à en remettre un peu pour tenter d’influencer l’arbitre.

A 24 ans, sa marge de progression est encore très importante et des compétitions comme cette Coupe du Monde et la Ligue des Champions qu’il a disputée avec son club sont du pain bénit pour son évolution.

Né en 1963, Etienne Delangre joua comme défenseur au Standard de 1981 à 1992 (267m en D1 et 6b, champion en 82 et 83). Ex-chargé de cours à l’Ecole du Heysel, il coacha de la P1 à la D1 (Charleroi).

par étienne delangre

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