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Kaveh Gourmand

Prêtée pour la deuxième année consécutive au Sporting, l’assurance-buts de Charleroi est devenue le symbole des bonnes relations entre Mehdi Bayat et Bart Verhaeghe.

Il y a des retours en forme de chimère. Didier Drogba à l’OM, JPP au Club Bruges ou Eric Gerets au Standard pour ne citer qu’eux. Et puis il y a Kaveh Rezaei. Transféré pour 5,5 millions d’euros du Sporting de Charleroi vers le Club Bruges durant l’été 2018, l’Iranien n’aura lui jamais eu le temps de manquer au club qui l’a révélé à l’Europe du foot.

Dans une autre vie, Rezaei serait pourtant peut-être devenu une légende du Sporting. L’homme d’un seul passage, d’une saison folle à seize buts et six passes décisives. Le genre de gars qu’on n’oublie pas et dont on fantasme le retour chaque été. Parce qu’un joueur qui quitte le nid pour une somme plus de dix fois supérieur à son prix d’arrivée revient rarement à la case départ. Et que fin août 2018, au moment de son envol, l’option d’un échec en Venise du Nord est visiblement exclue par toutes les parties.

Cohérent, à une époque où l’Iranien devient dans le même temps le transfert entrant le plus cher de l’histoire du Club. À 26 ans et seulement douze mois après son arrivée, l’attaquant a déjà la Belgique à ses pieds. L’aventure commence bien, peut-être un peu trop. La guigne, un genou récalcitrant et des manquements techniques insupportables à l’échelle brugeoise se chargeront de cochonner la suite de l’aventure.

Coup de foudre à la Maison de Verre

Deux ans plus tard, Kaveh Rezaei n’est plus que le symbole d’une amourette d’été transformée en love story. En juillet 2016, Bart Verhaeghe et Mehdi Bayat s’encanaillent pour la première fois. Raccord sur leur volonté de se séparer au plus vite de Marc Wilmots à la tête des Diables, les deux hommes divergent un temps sur la forme, mais se rapprochent ensuite définitivement au moment de leur ralliement commun à la cause de Roberto Martinez.

En louant Rezaei à Charleroi pour la deuxième fois, Bruges continue de brosser le Sporting de Mehdi Bayat dans le sens du poil.

Désormais lié par un pari partagé, l’axe Bruges-Charleroi ne cessera par la suite de se renforcer. Deux ans plus tard, le Sporting ne sait pas encore qu’il a mis le grappin sur une mine d’or quand il décide de vendre son buteur iranien au Club. Le même jour pourtant, les Carolos officialisent la signature de Victor Oshimen.

La planche à billets carolo n’a pas fini de tourner. Dans la foulée, au sortir d’une saison manquée avec le Club, l’ancien striker est prêté une première fois aux Zèbres. À l’aise financièrement après avoir palpé quelques vingt millions d’argent frais en provenance du LOSC pour Oshimen, Mehdi Bayat consent un effort important pour sortir le Club d’une impasse, dans un des rares deals à pertes menés par la doublette Vincent Mannaert-Bart Verhaeghe ces dernières années.

Impensable un an plus tôt, Charleroi serait-il désormais capable de s’aligner sur les salaires mirobolants offerts par le Club à ses ouailles ? De sources officielles, c’est ce qui se raconte. Dans les couloirs du Jan Breydel, on aime ainsi saluer l’effort carolo d’avoir pu couvrir l’entièreté des émoluments brugeois de Rezaei. Moyennant un léger dédommagement lié au fait que le buteur est privé de ses retrouvailles annuelles avec le Club.

Les standards salariaux des deux clubs sont si éloignés les uns des autres, que l’effort carolo est forcément louable. Que le salaire de l’Iranien soit pris en charge pour la deuxième année consécutive, et selon les sources à hauteur de 70, 80, 90 ou 95% par les Zèbres, ne relativise en rien l’entorse colossale du Sporting à ses normes salariales usuelles. Et traduit bien l’explosion des honoraires sambriens depuis la reprise du club en 2012.

Des rêves de millionnaires

Reste que si Bart Verhaeghe et Mehdi Bayat ont beau partager leur don d’ubiquité entre leur club et la fédération, ils ne jonglent pas encore dans la même cour. Les nonante millions de budget annuel du Club et les 37,6 millions d’euros de son enveloppe salariale globale renvoient les Carolos à leurs rêves de grandeur. Pas étonnant quand on sait que le seul Simon Mignolet toucherait à lui seul cinq millions d’euros, là où aucun joueur carolo n’émargerait à plus d’un million annuel.

En 2020, à Charleroi, tutoyer le fameux nombre à sept chiffres de revenus sur un exercice ne suffirait pourtant toujours pas pour s’offrir le statut de Zèbre le mieux rémunéré du noyau. Devant Rezaei, mais toujours en dessous du million, un Ryota Morioka ou un Massimo Bruno plafonnent, eux, encore un peu plus haut au sommet de la nouvelle hiérarchie carolo.

Preuve que si le Sporting ne fait pas encore partie des meilleurs payeurs du Royaume, il s’en rapproche désormais. C’est ce qui aura d’ailleurs motivé le Club à offrir les services de son attaquant à ce qu’il convient désormais de considérer comme un concurrent direct. En panne de buteur en préparation, on peut plus facilement comprendre la précipitation carolo dans un dossier que personne n’avait envie de voir traîner jusqu’à la fin d’un mercato exceptionnellement prolongé jusqu’au 5 octobre cette année.

Il reste plus difficile de percevoir l’intérêt du Club à accélérer la finalisation d’un deal qui étonne par son timing. Pourquoi les Flandriens se sont-ils empressés de valider la location d’un joueur de 28 ans, dont le contrat arrivera déjà à son terme en juin 2022 ? Là où il aurait paru plus logique de voir le Club jouer la montre jusqu’à l’automne dans l’attente d’une offre d’achat satisfaisante, les Brugeois auront finalement préféré renforcer ce qui se profile depuis ce week-end comme un potentiel conccurent direct.

On dit que l’absence de propositions concrètes pour un transfert définitif du joueur ces douze derniers mois ont eu raison de la patience de Phillipe Clement. En louant leur poulain à Charleroi pour la deuxième fois, Bruges se doute qu’il dit peut-être déjà adieu à l’idée de revoir un jour une partie des 5,5 millions investis il y a seulement deux ans. Mais continue de brosser le Sporting de Mehdi Bayat dans le sens du poil. Un partenaire de négociations de plus en plus incontournable au sommet du football belge.

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