Justine Van Buyten

Tout le monde a trouvé normal que Daniel Van Buyten fasse un dernier galop d’essai à quelques minutes du match amical Belgique-France et déclare ensuite forfait pour cause d’adducteurs récalcitrants. Mais quand Justine Henin annonça finalement que sa laryngite l’empêcherait de participer au tournoi d’Anvers, certains trouvèrent à y redire.

Pourtant, les deux sportifs avaient les mêmes soucis : la volonté de ne pas aggraver le mal et le refus de s’aligner à moins de 100 % de leurs moyens. Les pros n’aiment pas risquer leur avenir et leur réputation. Si la première tenniswoman du monde a fait se hausser pas mal de sourcils, c’est évidemment que personne ne peut la remplacer valablement. Le stopper de Manchester City n’est finalement qu’un morceau d’équipe. Mais sans doute, aussi, les hésitations multiples de Justine au cours des derniers mois à divers stades de ses tournois (blessures, coups de pompe et autres bobos) engendrent-elles un certain agacement auprès du grand public. Un fan de Justine nous a dit – Avec Eddy Merckx, c’était toujours la même chose, il n’allait jamais bien. Mais Eddy gagnait, comme Justine.

Il y a quand même une différence : Eddy devait tout de même avoir suffisamment l’esprit collectif pour que ses équipiers l’aident quand il le fallait. Justine, elle, est de plus en plus isolée. Elle n’a de comptes à rendre à personne et décide de tout. Sur le plan sportif, après avoir refusé de jouer la finale de la dernière Fed Cup, elle a aussi stipulé qu’elle ne jouerait pas le double aux JO d’Athènes alors qu’ Els Callens ne demandait que ça, elle qui avait remporté le bronze avec Dominique Monami à Sydney 2000. Mais c’est le bon droit de la Rochefortoise de refuser. D’autant qu’elle a l’intelligence de prendre l’avis d’un groupe à la fois important et apparemment très compétent, dont parle son coach Carlos Rodriguez en page 82.

Le double but de la reine de la WTA est clair : prester dans la durée. Il y a dix jours, à Anvers, elle disait qu’elle ne jouerait jamais plus trois semaines de suite :  » J’ai observé que deux semaines de tournoi me suffisaient. Après ça, j’ai besoin d’un break d’une semaine. Ensuite, je peux recommencer. Je suis très attentive à mon corps. S’il y a un petit problème, j’en parle immédiatement à qui de droit. Et en fonction de ce que j’entends, je prends mes décisions. Oui, je fais de la prévention. Alors que de plus en plus de joueuses ont des problèmes physiques, c’est important d’être à la pointe en ce domaine « .

Il faut avoir énormément de discipline et de dureté pour pratiquer le turn-over avec soi-même, non ? Mais Justine est comme ça : joueuse et sélectionneuse. Et Bob Verbeeck, l’organisateur du tournoi d’Anvers, s’arracha ce qui lui restait de cheveux jeudi dernier en apprenant que Justine le laissait tomber après les forfaits de Jennifer Capriati, Amélie Mauresmo, Venus Williams et Elena Dementieva.  » Je respecte sa décision, mais à la place de Justine, moi, j’aurais couru « , a dit de façon allégorique celui qui fut un jour le meilleur coureur européen d’indoor sur 3.000 mètres.

On ne sait si c’est l’organisateur qui parlait (toutes les places du Sportpaleis étaient de toute façon vendues) ou l’ex-athlète plus amateur que professionnel car étudiant aux Etats-Unis. On penche pour la deuxième possibilité. De toute façon, Justine est au-dessus de tout ça : ce n’est pas une carapace que Justine endosse depuis quelques mois, c’est une armure. Malgré attentes et tentations, elle ne prendra à l’avenir plus aucun risque qui pourrait la faire dévier de sa quête de titres de Grand Chelem.

D’ailleurs, en fin de semaine dernière, elle s’envolait pour le tournoi de Dubaï où elle était première tête de série. Daniel, lui, n’a pas joué samedi dernier avec Manchester City, qui est allé gagner chez les Bolton Wanderers…

par John Baete

 » Il faut avoir énormément de discipline et de dureté pour pratiquer LE TURN-OVER AVEC SOI-MÊME « 

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