Jusqu’ici, TOUT VA BIEN

Douze premiers mois compliqués, ponctués par la descente du club en P1, n’ont pas aidé le club cher au clan Kompany à s’inscrire dans la stabilité. Pas grave, au BX on se refuse à parler du passé et on s’obstine à regarder droit devant. Parce que, dans un premier temps ils se le sont juré, l’important ce n’est pas la chute, c’est l’atterrissage.

« L’année dernière, c’était encore un peu comme au parc, cette année on sent que le sérieux commencer à arriver.  » Ciriac est un des nouveaux fidèles du BX Brussels. Mi- supporter, mi porteur de ballon, cet ancien joueur amateur se définit lui-même comme l’ami de beaucoup de monde, une sorte de conseiller dans l’organigramme encore un peu flou du BX. Normal pour un club qui soufflait, au mois de juillet dernier, sa toute première bougie. Et si le tour de chauffe s’est transformé en une sévère désillusion, avec la relégation à l’échelon provincial de l’équipe première, vous ne trouverez personne au sein du BX pour jeter le bébé avec l’eau du bain.

De tous ceux-là, le plus détaché est peut-être bien PierreKompany, le père de qui vous savez :  » Que l’équipe gagne ou perde, finalement ça n’a pas beaucoup d’importance. J’ai peut-être vu 1000 ou 2000 matches dans ma vie, alors vous savez, une victoire ou une défaite…  » Mais alors, si ce n’est l’équipe première et ses résultats en dents de scie, derrière quoi court le BX Brussels ?

Un projet social ambitieux

C’est tout d’abord vrai que le projet né sur les cendres de l’éphémère FC Bleid-Molenbeek et initié par Vincent Kompany il y a un peu plus d’un an n’a jamais eu pour objectif de faire du BX un club pyramidal destiné à escalader quatre à quatre les marches menant vers les sommets du football belge.  » Un projet social plus qu’un club de football  » rappelait d’ailleurs JessDePreter, directeur exécutif du club, au moment de la présentation du BX à la presse en juillet 2013 à Tour et Taxis. Et, dans les faits, le BX met en effet le paquet pour tenter de ne pas oublier d’où il vient et où il va.

Pour cette seconde année d’existence, la priorité a ainsi été la mise en place d’un programme ayant pour but le développement des compétences personnelles par le sport. Une belle idée initiée dès janvier dernier par le recrutement d’un manager social en la personne de CathyVanRemoortere. Cela, afin de prendre le temps nécessaire pour appréhender le projet, comme l’explique Jess De Preter :  » On lui a dit de prendre six mois pour voir tout le monde, étudier, apprendre,… Mais c’est cette année que le programme commence réellement.  »

Réellement, pas vraiment. Le recrutement a en fait été effectué bien en amont puisque le projet ne devrait voir le jour que l’an prochain. Cette année fera donc office de transition.  » L’idée, c’est d’arriver à travailler sur des compétences importantes pour le jeune. Que ce soit dans le cadre scolaire, dans sa vie professionnelle ou pour des choses de la vie, mais tout cela demande du temps « , explique posément Cathy Van Remoortere. Si les plus jeunes devront encore un peu attendre avant de voir la structure se mettre en place, les entraîneurs constateront, dès cette année, que les choses bougent au BX.

Avec la mise en place d’un programme intitulé  » Coach the coacher « , le but sera, dans un premier temps, de former les entraîneurs.  » En travaillant sur l’aspect social, pédagogique et psychologique des coaches, nous cherchons à les préparer au mieux. Ceux qui suivront la formation seront aussi les mieux rémunérés. Le but est de mettre en place une formation continue qui puisse, par exemple, à terme, permettre à chaque entraîneur de donner ses entraînements dans une autre langue que sa langue maternelle.  »

Un ancrage régional

L’autre grand chantier de l’été au BX visait à doubler le nombre de ses jeunes adhérents. Avec comme objectif d’abriter une section par catégorie d’âge et d’ainsi pouvoir dédoubler celle-ci entre un noyau A et un noyau B. L’objectif a rapidement été atteint. Le plus dur est maintenant de devoir dire non, pour se prémunir de tout excès.  » Grandir oui, mais pas trop pour que chacun joue. Le but, c’est d’avoir maximum trois réserves pas équipe « , explique, entre deux entrevues parentales, PatriciaDeWolf, coordinatrice administrative manifestement débordée par les trop nombreuses demandes de ce début de saison. Des requêtes auxquelles il n’est pas toujours possible de donner suite malgré les injonctions du big boss.

 » Vincent veut tout le monde, il refuse toute idée de tests. Le but, c’est que tous les gamins puissent jouer des matchs. C’est un projet magnifique, non ? » L’homme qui s’enthousiasme, c’est MichelDeWolf, l’époux de Patricia. 56 printemps, 19 saisons au plus haut niveau et trois coupes du monde (1986, 1990 et 1994) avec les Diables Rouges n’ont manifestement pas suffi à fatiguer le personnage. D’ailleurs, quand l’ancien sociétaire de la maison molenbeekoise devenu mauve en cours de carrière arrive en bord de terrain, apprêté comme un joggeur du dimanche, à un entrainement des U12, ce n’est pas juste pour se faire mousser au contact des parents, mais bien pour leur proposer quelques tours de pistes.

Histoire de ne pas prendre froid, de garder la forme aussi. L’homme n’a plus grand-chose à gagner, mais est manifestement conquis par le projet autant que par son géniteur :  » Grâce à Vincent, tout est redevenu possible « . Tout, malheureusement pas vraiment. De fait, à l’heure actuelle, le BX est limité à un nombre maximum d’adhérents. Pour dépasser le seuil des 200 fixé à la fin de saison dernière – finalement passé à 220 à la rentrée – le BX risque pourtant bien d’une nouvelle fois devoir penser son redéploiement dans la capitale. Le manque d’espace à Bruxelles, une maxime indémodable et un souci quotidien connu de tous les acteurs de la vie sportive bruxelloise que Jess De Preter apprend lui aussi à expérimenter.

Aux 4 coins de la capitale

 » Franchement, avec le manque énorme d’infrastructures sportives dans la Région bruxelloise, nous sommes déjà contents parce qu’on n’espérait pas avoir si vite autant d’équipes de jeunes « , dit-il. Pour accélérer le processus, le BX a donc prôné l’éclectisme en n’hésitant pas à se dispatcher aux quatre coins de la capitale. Le CERIA à Anderlecht, les terrains de l’avenue des Croix de Guerre à Neder-Over-Heembeek et le Bempt à Forest constituent aujourd’hui les trois pôles d’attraction du BX. Et à ceux qui s’étonnent de cet étalement géographique, Jess De Preter répond que le BX n’en a pas encore fini :  » Avec les problèmes de mobilité à Bruxelles et si l’on veut toucher un plus grand public, c’est une bonne chose. Le scénario idéal, c’est d’être présent dans un maximum d’endroits parce qu’on veut encore s’agrandir. Et la demande ne manque pas, mais pour l’instant on ne peut pas plus. Cette année, c’est une année de consolidation.  »

Une année de consolidation qui se fera loin des bases  » originelles  » du club puisque le BX a déserté les installations du RSD Jette où évoluait son équipe première l’an dernier. Une décision qui fait sens pour JuniorNgalula, ancien d’Anderlecht reconverti en  » manager à l’anglaise  » du BX :  » On se cherche peut-être plus que les autres, mais on avait besoin d’un endroit où on se sent à l’aise.  » Ce qui n’était manifestement pas le cas à Jette. AndréDeliens, pilier du FC Bleid à ses débuts et entraîneur-adjoint de Junior confirme :  » A Jette, la cohabitation était difficile et l’entente délicate. En fait, c’est comme si l’on jouait toujours en déplacement.  » Le problème résolu, le BX Brussels découvre les joies de recevoir. Ce dimanche 14 septembre, il enregistra même sa première victoire de la saison sur un score-fleuve de 3-0. Coincé dans le zoning de Forest, le BX n’est peut-être pas encore tout à fait chez lui au BEMPT, mais commence tout doucement à faire parler de lui à Bruxelles. C’est déjà ça.

Une base solide

En attendant, on le sait, la marque des grands clubs se calcule souvent à leur zone d’influence dans le Royaume. On sait aussi qu’à Bruxelles, il est souvent difficile de s’installer comme une alternative crédible aux côtés des monuments que sont le Sporting d’Anderlecht, l’Union Saint-Gilloise ou encore le White Star. Reste donc au BX à se trouver un public capable d’offrir une longévité sportive au matricule 09026. Pas encore gagné au vu de la rapiditéavec laquelle les deux clubs de supporters créés l’an dernier dans l’excitation du début de saison ont finalement disparu.

Président d’honneur du très éphémère BX K-STARS, Michel De Wolf a assisté à la longue agonie des supporters :  » Ils se sont vite sentis délaissés, la sauce n’a jamais vraiment pris et les résultats ne suivaient pas. Si bien qu’à la mi- saison, le projet était déjà quasiment enterré.  » Le recensement de la fin de saison dernière est implacable. En mai dernier, la base de supporters venus en ligne droite du FC Bleid-Molenbeek a presque complètement disparu. Junior Ngalula a assisté à cette désertion un peu tristounette, s’est longtemps fait du mouron, mais semble aujourd’hui avoir repris confiance.

 » C’est presque une bonne chose finalement « , observe-t-il.  » C’est maintenant à nous de prouver qu’on mérite de s’intéresser à nous. On n’a pas toujours tout fait pour mériter cet amour, mais on va y remédier. Et puis, même en D1, c’est là même chose. La preuve avec OHL. Quand tu descends, tu perds forcément des supporters.  » Le calcul est en effet très souvent vite fait. Rien d’étonnant donc à ce qu’ils ne soient plus qu’une petite trentaine à encore venir supporter le BX le dimanche après-midi. Un noyau de fidèles parmi lesquels on retrouve inévitablement Ciriac.

 » C’est vrai, le BX ce n’est pas encore le Barça, mais attendez de voir dans deux ou trois ans. Ça promet ! « , dit-il.  » Et puis, de toute façon, à entendre Jess De Preter, le BX ne veut que de vrais supporters. Et tant pis si cela doit prendre du temps :  » Il y a un Anglais, SimonKuper, un économiste qui expliquait un jour que la plupart des amateurs de foot ont trois clubs : le club de coeur, avec un lien émotionnel fort, le club qu’on aime bien parce qu’il est proche de chez nous et un troisième qui change de temps en temps. Nous, on veut être le premier club, celui du coeur. Celui que viennent voir les anciens joueurs,… Cela mettra du temps, nous en sommes conscients. Mais on va créer nos propres supporters. Lentement, mais solidement.  »

PAR MARTIN GRIMBERGHS – PHOTOS: BELGAIMAGE

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