Jumeaux de rêve

On dit d’eux qu’ils sont les nouveaux Neville. Sauf qu’ils sont jumeaux, brésiliens et… bien plus talentueux.

« R unning down the pitch/ Don’t know which ones which/ Viva Da Silvas/ Both got a lovely perm/born from the same sperm/Viva Da Silvas !  » (Ils remontent le terrain/On ne sait pas qui est qui/ Vivent les Da Silva/Ils ont une belle permanente/ Ils sont nés du même sperme/Vivent les Da Silva).

En Angleterre, la consécration passe toujours par un chant. Pour les jumeaux brésiliens, c’est fait. On aime leurs cheveux bouclés, leur ressemblance, leur vivacité et endurance. Arrivés à 18 ans en 2008, Fabio et Rafael Da Silva ont pris une part active dans le 19e titre de Manchester et dans le parcours sans faille en Ligue des Champions.

Manchester a dû les acheter tous les deux parce qu’il en voulait surtout un : Fabio. A l’époque, un recruteur mancunien avait repéré ce gamin de 15 ans lors d’un tournoi de jeunes à Hong Kong. Né à Petropolis un soir de 1990, Fabio séduisait par sa maturité et sa vivacité. Pourtant, pas question de transférer le gamin avant sa majorité. Il faudra donc attendre 2008 pour que Fluminense lâche sa pépite et négocie en même temps le départ de son jumeau, Rafael. Identiques à une exception. Fabio est latéral gauche, Rafael latéral droit.

A l’époque, Fabio est un pur joyau, capitaine de l’équipe brésilienne des -18 ans. Rafael est, lui, encore un peu tendre, même si comme son frère, il a pris part aux Jeux Panaméricains avec la sélection auriverde. Alex Ferguson croit dur comme fer à la réussite des frères, les supporters un peu moins, échaudés par les flops sud-américains dans le Théâtre des Rêves.

Pourtant, alors que la fortune semble destinée à Fabio, c’est Rafael qui va percer le premier. Sans doute parce que Ferguson cherche en vain un remplaçant à un Gary Neville vieillissant et souvent blessé. Après avoir essayé sans grand succès Wes Brown et placé le polyvalent (mais peu talentueux) John O’Shea, le manager écossais décide de faire confiance à ce gamin de 19 ans, haut comme trois pommes et fin comme un roseau. Mais ô combien volontaire, rapide et accrocheur.

Il faudra attendre un quart de finale de Ligue des Champions, en 2010, face au Bayern Munich, pour vraiment se rendre compte que Manchester tient une future star. Ce soir-là, pendant une heure, il dégoûte Franck Ribéry et Arjen Robben mais ces deux joueurs ont plus de planche et arrivent à le faire exclure pour deux fautes bénignes, précipitant l’élimination mancunienne. Mais Ferguson n’en tint pas rigueur à Rafael. Au contraire, ce match va asseoir son statut de titulaire et il commence la saison 2010-2011 dans la peau d’un cadre. Volontaire, il éclate mais son style kamikaze et jusqu’au-boutiste lui vaut de prendre quelques tampons (notamment face à Arsenal et Chelsea) et d’être mis sur la touche pour blessures.

La réussite de l’un inspire l’autre

C’est le moment choisi par le frangin, l’ancien grand espoir vivant dans l’ombre de son jumeau et surtout dans celle de Patrice Evra, de sortir du banc. D’abord comme médian gauche où Fabio inscrira même son premier but sur le maillot mancunien. Ensuite, dans celle de… latéral droit, en remplacement de son frère, blessé.  » Dans un premier temps, j’ai cru que Rafael s’était remis plus vite. Jusqu’au moment où je me suis rendu compte que c’était en fait Fabio qui jouait « , lâcha un jour Sir Bobby Charlton.

Car, en plus de se ressembler, les deux frères parlent d’une seule voix. Lorsqu’on pose une question à Rafael, il répond en employant le  » nous  » :  » Nous sommes habitués à tout raconter au pluriel. Même si on vit des choses différentes, on a vécu tellement de trucs en commun qu’on finit par se confondre.  » Ouf, on n’est pas les seuls…

Voilà donc le deuxième frangin lancé :  » Je suis arrivé à Manchester à 17 ans et, à l’époque, le fait de faire partie de l’effectif d’une grande équipe et d’être la doublure d’Evra me suffisait « , expliquait Fabio sur le site internet de la FIFA.  » Mais quand j’ai vu que mon frère, qui est en concurrence avec Daniel Alves et Maicon, était appelé en Seleção, je me suis dit – Je veux jouer. Je me suis rendu compte que je vieillissais et que j’étais en train de m’habituer à un certain confort. C’est là que je me suis dit : – Mon tour est arrivé. Cela fait trois ans que je m’entraîne avec des cracks et maintenant je veux jouer. J’ai changé de mentalité du jour au lendemain et le fait de marquer mon premier but à Manchester le 26 février, contre Wigan, deux semaines avant de marquer à nouveau, contre Arsenal, m’a énormément encouragé.  »

Le 13 mars, lors de ce quart de finale de Cup à Arsenal, tout Petropolis respirait la fierté. Ce jour-là, les deux frères étaient alignés d’entrée, avec à la clé un but de Fabio et une qualification (2-0).

PAR STÉPHANE VANDE VELDE

Manchester United a dû acheter Rafael pour avoir Fabio. Et c’est finalement Rafael qui a percé le premier…

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