» Jovanovic peut égaler Dzajic « 

 » L’ancien gaucher du Standard a beaucoup misé sur ce Mondial et il y représente aussi la D1… belge, qui a constitué sa rampe de lancement. Même si les époques et la façon de jouer sont différentes, Milan Jovanovic me fait penser à celui qui est encore considéré comme un des meilleurs footballeurs de tous les temps dans son pays : DraganDzajic. En 1969, j’ai été deux fois aux prises avec ce remarquable extérieur gauche. Sur le chemin de Mexico 70, l’ex-Yougoslavie faisait partie de notre groupe qualificatif. C’était un adversaire redoutable avec sa cohorte de techniciens et de gars qui savaient mettre le pied. Les Diables Rouges étaient en pleine renaissance. Il n’était plus question de champions du monde des matches amicaux. Raymond Goethals avait horreur de cette réputation. Avant le match aller qui se déroula à Anderlecht, le 16 octobre 1968, Raimundo avait été précis : – Ecoute Georgeke, ce Zazike, je ne veux pas le voir durant 90 minutes, tu le serres de près, tu fais ce que tu veux, tu le mets dans ta culotte mais ce castard ne doit pas toucher un ballon. Tu as bien compris hein, fieu ? J’avais trop bien saisi le problème. La Belgique domina largement son adversaire (3-0) et je me suis si bien occupé de Dzajic que nous avons tous les deux été exclus…

Au retour, un an plus tard à Skopje, ce fut moins drôle (4-0 dont un but de Dzajic) mais la qualification pour le Mundial était déjà dans la poche. Dzajic (ex-Etoile Rouge Belgrade et Bastia) était un des meilleurs attaquants européens doté d’une splendide technique de frappe. Jova est gaucher et ailier comme lui. Mais les zones d’action sont différentes. Dzajic passait sa vie en pointe dans un 4-3-3 plus rigide que ce qu’on voit de nos jours. Quand Dzajic, où d’autres grands extérieurs, étaient surpris, ils ne se repliaient pas. C’est ainsi que je me retrouvais parfois avec d’immenses zones désertes devant moi.

En 2010, ce n’est plus envisageable et Jova doit accomplir sa part de travail défensif. Avec le Standard, surtout à l’occasion des matches européens, il a souvent décroché profondément, presque à hauteur de son arrière gauche. On ne voit plus de zones désertes. Le porteur du ballon est tout de suite attaqué ou au moins inquiété. Tout cela signifie dès lors que Jova parcourt infiniment plus de terrain que Dzajic autrefois. Pour Jovanovic, cette Coupe du Monde est cruciale : l’ex-Rouche peut égaler Dzajic mais elle lui permettra aussi de se présenter aux supporters de Liverpool. Jova a mérité ce très grand transfert et, maintenant, il doit le justifier…  »

né en 1941, heylens fut un excellent back droit (67x diable rouge, équipe d’europe 65, mondial 70 au mexique, 7 titres et 3 coupes de belgique avec anderlecht). coacha une douzaine de clubs (passa 5 ans au losc et fut coach belge 1984 à seraing).

propos recueillis par pierre bilic

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