Journal de campagne

Notre campagne de Russie fut très instructive. Youri Tielemans pue le talent mais ses effluves ont la senteur d’un printemps à venir. Ce gamin va nous faire beaucoup de bien mais faut pas avoir la mémoire courte. Faut penser à long terme.

Ainsi donc, le petit Youri a fait un match correct et va donc renvoyer le grand Axel à sa culture du soja doré. Tiens, à Sotchi, Witsel a disputé son 28e match consécutif en équipe nationale. Record national égalé, si l’on s’en réfère aux temps modernes, du moins.

Il était détenu, jusqu’ici, par un certain JulienCools, capitaine des Diables lors de la finale de l’EURO 1980. Lui aussi considéré comme un  » mouais « . Trop lent, jamais de prise de risques et bla bla bla…

En attendant Axel n’a plus raté un match des Diables depuis le 12 novembre 2014. Doit quand même y avoir quelque chose, non ? Comme par exemple une utilité footballistique. Comme un respect de ses coéquipiers qui savent mieux que personne que c’est grâce à ce genre de  » douanier  » qu’ils peuvent si bien s’exprimer.

Soit. Pas du tout un mec de stats mais un mec de  » stuts « , citoyen et solidaire. Tout comme MousaDembélé. Ce mec a l’élégance et le charme qui font oublier le vide de son impact sur les chiffres. De ceux qui ne veulent dire que ce que l’on veut leur faire mentir. Mais son impact sur le jeu, sur la transition, la gestion est omniprésent.

Mousa c’est, en Premier League, 1 but sur les 47 derniers matchs et 1 assist sur les 60 derniers. À Sotchi, c’est 1 mauvaise passe et c’est 2-3 ! So what ? Moi qui ne rentre dans un stade qui pour y  » travailler « , eh bien pour Dembélé, je serais presque prêt à sacrifier un dimanche après-midi.

Il me ramène à mon romantisme. C’est beau, excitant de fluidité et facilité. Si le foot était un sport de démonstration, il serait le roi de la plaquette 9,9. Mais c’est un sport de compétition donc, il y aura toujours ce petit goût de trop peu.

À moins qu’il se fâche, le Mousa. Qu’il finisse par se convaincre que ça en vaut la peine. Le p’tit Robert aussi. Ses interviews sont un lexique du petit manuel de la com passe-partout. On est passé des bons gros riffs de guitare à de la musique d’ascenseur.

De Willy à Roberto, il y a un monde. Deux personnalités, deux conceptions mais à la fin les mêmes constatations : contre les murs adverses, on joue avec une brique dans le ventre. Certains semblent découvrir que le foot ce n’est pas qu’une question de système. À 3 ou à 4 derrière, c’est devant qu’il faut se dépasser.

Parce que chez nous, c’est devant que se trouve le talent qui fait gagner des titres. En attendant, ces deux derniers matches ne doivent pas laisser se propager la sinistrose ni la cirrhose de notre foi. Deux accidents de parcours comme il en existe dans toutes les histoires. Laissons Martinez écrire la sienne. On jugera après la Coupe du Monde.

Enfin, nos petits Diables ne sont pas des anges mais pas des démons non plus. Ils ne sont pas mal élevés. Ils sont simplement trop encadrés, dirigés, couvés. Fais ceci mais pas ci et pas ça. Que ce soit pour leur com ou le reste.

On aurait peut-être dû leur dire qu’il y aurait un accueil folklorico-agapien. Sûr qu’ils n’en savaient rien et qu’ils l’ont à peine remarqué. Dommage, encore une fois. Mais à force de les fréquenter, je peux vous dire que la plupart sont des mecs biens. Conscients de leur chance et surtout généreux et très humains.

Beaucoup m’épatent par leur simplicité. Beaucoup sont ce qu’ils n’ont pas l’air. Cela dit, quand tu offres une fin de match à la con, tu ne l’es pas forcément mais ils en ont eu l’air nos petits chéris. Même si se faire rejoindre à la dernière seconde ne pousse pas au partage d’une joie feinte, ne pas aller saluer les 34 courageux partis en campagne de Russie, c’était nul.

Un moment d’égarement dans un moment où ils se sentaient certainement très cons d’avoir laisser filer la victoire. Victoire est le mot, si elle avait été au bout de cette 2e mi-temps qui ressemblait à une troisième. Voilà pour ce match à la con qui n’a servi qu’à prendre du pognon et nous réjouir du doublé de Christian Benteke. C’est déjà ça.

PAR FRÉDÉRIC WASEIGE

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