Jour J pour Keisse

Le pistard risque deux ans de suspension.

PAR BENEDICT VANCLOOSTER

Lundi prochain, à la Toussaint, Iljo Keisse saura s’il doit enterrer ses projets d’avenir en cyclisme. La commission disciplinaire de la LVB se prononcera sur le sort du Gantois de 26 ans. L’épée de Damoclès est suspendue au-dessus de sa tête depuis novembre 2008 et un contrôle positif.

Lors de la dernière soirée des Six Jours de Gand, qu’il avait remportés, Keisse a été contrôlé positif à deux substances : la cathine et le HCT. Si on n’avait décelé que de la cathine, l’affaire serait close depuis longtemps : il s’agit en effet d’un produit stimulant qui peut dériver de la pseudo-éphédrine, utilisée contre les écoulements nasaux. Or, avant les Six Jours, Keisse avait mentionné sur le formulaire de contrôle qu’il avait consommé du Sinutab Forte.

Le second produit découvert dans l’urine de Keisse est bien plus ennuyeux. Il s’agit d’hydrochlorthiazide, du HCT. Il ne permet pas de rouler plus vite mais il peut dissimuler l’utilisation d’autres substances interdites. C’est un diurétique qui permet donc d’évacuer plus vite l’urine et les éventuels produits interdits.

Keisse a-t-il pris sciemment cet agent masquant ? Selon ses avocats, cette substance se trouvait dans un complément alimentaire contaminé (le ZMA). Des professeurs engagés par la défense en ont fourni la preuve scientifique, ce qui n’est pas resté sans conséquences. La réaction du distributeur Maximise et du producteur Aminolabs ne s’est pas fait attendre. Ils ont demandé une contre expertise à deux autres laboratoires. La conclusion de ces scientifiques ? Il n’y a aucune trace de HCT dans le supplément, ni dans ses substances de base.

Face à cette impasse, la commission disciplinaire a décidé d’embaucher un collège indépendant. Elle a prié trois professeurs d’examiner, en l’espace de quatre mois, la pertinence de l’enquête menée par la défense.

Aucun expert ne souhaite faire de déclaration tant que l’affaire n’est pas jugée. L’enquête n’implique d’ailleurs pas un acquittement, même si elle est favorable à la défense. Le rapport confirme certes la présence de traces de HCT dans des lots de ZMA mais juge très improbable que le contrôle positif du coureur soit dû à l’utilisation de ZMA.

Si le monde scientifique se plonge avec délectation dans ce cas mystérieux de dopage, Keisse, lui, n’aspire qu’à la clarté. Topsport Vlaanderen l’a limogé suite à son contrôle positif et depuis le mois de mai, le coureur n’a plus de contrat. La semaine dernière, il a terminé quatrième des Six Jours d’Amsterdam, en équipe avec Kenny De Ketele. Ce jeudi, convaincu de son innocence, Keisse va prendre le départ des Six Jours de Grenoble mais son univers peut s’écrouler lundi s’il est suspendu pour deux ans.

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