Jouons SIMPLE

Le milieu de terrain tchèque ne fait pas beaucoup de vagues, mais il est l’un des joueurs les plus réguliers du club bruxellois.

Lorsque Lommel militait encore en D1, le déplacement dans la Campine limbourgeoise était souvent jugé fastidieux par les adversaires appelés à s’y rendre une fois par saison. Richard Culek (30 ans, prononcez Tchoulek), le milieu défensif tchèque du FC Brussels, fait la route tous les jours.  » Cela me prend 1 h 20 lorsque tout va bien, 2 heures lorsqu’il y a des bouchons « .

Lorsqu’il évoluait dans le club limbourgeois, il pouvait se rendre au stade à pied.  » En tout cas, lorsqu’il faisait bon, il m’arrivait régulièrement de m’y rendre à vélo « . Entre-temps, il a changé de club mais n’a jamais songé à déménager.  » Je me sens bien ici. Emménager dans la capitale serait plus délicat, car je ne parle pas français. En outre, mon fils aîné, Kuba (6 ans, le diminutif de Jakub), risquerait d’être déraciné : ici à Lommel, il a tous ses amis avec qui il va à l’école, joue au football et au tennis « . Le petit dernier, Ondra, est né en février de cette année, au soir d’un partage 2-2 à Ostende.

 » Harm Van Veldhoven, l’entraîneur de l’époque, est entré dans le vestiaire et m’a dit : – Félicitations ! « , se souvient Richard.  » Mon épouse était rentrée en République Tchèque pour accoucher et j’ai dû attendre une semaine pour découvrir mon dernier rejeton « .

S’il n’est pas le plus médiatique des joueurs du FC Brussels, Culek est l’un des plus réguliers. Sa gentillesse naturelle ne l’incite pas à pousser des coups de gueule et il ne recherche pas la publicité. Mais il ne s’est pas dérobé à l’interview alors que le FC Brussels, au surlendemain d’une défaite douloureuse à St-Trond, était entré dans une situation délicate.

Que vous a dit Emilio Ferrera après cette défaite ?

RichardCulek : Le soir même, rien du tout. Il a attendu le lendemain pour analyser la rencontre à tête reposée, lors du debriefing. Les raisons de cet échec semblaient évidentes : nous avons raté trop d’occasions et nous avons, de nouveau, encaissé deux buts évitables sur phases arrêtées. Nous avons aussi, pour la troisième fois de la saison, joué une bonne partie du match à dix contre onze : Sammy Greven avait été exclu contre Westerlo, Patrick Nys l’avait été au GBA, et au Staaienveld, ce fut au tour d’Istvan Dudas. En dix matches de championnat, c’est beaucoup.

Dans l’attente d’un déclic

Le manque de réalisme des attaquants est un problème récurrent…

En République Tchèque, j’avais aussi vécu une telle situation. Mon entraîneur insistait toujours sur le fait que cela ne durerait pas et qu’un jour, le déclic se produirait. Pour moi, le plus important est que les occasions soient là. Il faut simplement les concrétiser. On peut avancer plusieurs explications pour ce manque de réalisme : un peu de maladresse, un peu de malchance, le doute qui s’installe. Nous avons un groupe relativement jeune, et lorsque nous sommes menés, on sait que cela deviendra difficile de revenir au score.

Défensivement, l’équipe tire son épingle du jeu…

Oui, encore que tout ne soit pas parfait non plus. Dans la situation qui est la nôtre, on doit absolument parvenir à garder le zéro au marquoir. Et, cette saison, nous n’y sommes pas encore parvenus.

Et l’entrejeu ? Le secteur qui vous concerne plus particulièrement…

Là aussi, on se débrouille. Simplement, le dispositif a changé par rapport à la saison dernière : l’an passé, en D2, j’étais le seul demi défensif. Cette saison, on évolue avec deux médians récupérateurs : généralement, Alan Haydock et moi. C’est le choix de l’entraîneur et il faut le respecter. Personnellement, cela ne me pose pas de problème. L’avantage, c’est qu’Alan et moi pouvons nous relayer pour porter le danger vers l’avant, et je me retrouve donc plus souvent devant le but. J’ai déjà scoré deux fois, mais j’ai aussi loupé des occasions, comme tout le monde. Contre Anderlecht, notamment, j’aurais dû marquer. Je ne l’ai pas fait et on a perdu 0-1. C’est dommage. Mais je n’ai pas les gestes d’un attaquant : ma tâche principale demeure la récupération du ballon.

La faillite de Lommel

Vous êtes resté l’un des joueurs les plus réguliers…

Depuis que je joue en Belgique, je ne peux pas me plaindre. Je n’ai connu qu’un seul avatar : lors de la faillite de Lommel. La saison elle-même fut très pénible, et ensuite, j’ai encore connu des problèmes avec mon manager de l’époque, que je préfère ne pas citer. En principe, j’étais libre de m’affilier à un autre club, mais il exigeait une commission telle qu’il décourageait les candidats acquéreurs. Fin février, alors que Lommel avait officiellement été déclaré en faillite, j’avais pu signer à Westerlo jusqu’à la fin de la saison. C’était l’idéal, car c’était un bon club pas trop éloigné de mon domicile. J’ai joué en tout et pour tout… un match au Kuipke : contre Genk. Alors que j’allais apposer ma signature au bas d’un contrat définitif pour la saison suivante, mon manager a émis de nouvelles exigences. Herman Wijnants, le manager sportif de Westerlo, et moi avons préféré en rester là. Les semaines passaient, et je ne voyais rien à l’horizon, lorsqu’en mai, j’ai reçu un coup de téléphone de Harm Van Veldhoven, mon ancien entraîneur de Lommel qui souhaitait m’attirer au FC Brussels, en D2. Je n’étais pas réfractaire à cette idée, mais je souhaitais d’abord m’entretenir avec le président du club, Johan Vermeersch. Une fois encore, mon manager a cru bon d’intervenir et la situation s’est à nouveau envenimée. On connaît Johan Vermeersch : c’est un homme qui ne cède pas volontiers face aux exigences d’autrui. Il a été très clair : dans ces conditions, le transfert ne se réaliserait pas. L’un de mes grands amis, Jos Bleyen (un marchand de meubles de Lommel avec qui j’avais noué des liens), m’a aidé à débloquer la situation. Il connaît de nombreux avocats, et grâce à ses relations, m’a permis de rompre le contrat qui me liait à mon manager. Je lui en serai toujours reconnaissant. J’ai pu discuter en tête à tête avec Johan Vermeersch et tout a été réglé en un minimum de temps. Par la suite, le président du FC Brussels m’a expliqué qu’il était tout à fait disposé à verser une commission à un manager, mais pas cent fois supérieure à la somme à laquelle cet homme avait droit. Je le comprends parfaitement : des managers aussi peu scrupuleux, qui ne songent qu’à s’enrichir sur le dos d’un joueur, sont une plaie pour le football.

Vous avez donc tout de même abouti au FC Brussels, en été 2003…

J’ai travaillé quatre saisons avec Harm Van Veldhoven (trois à Lommel et une au FC Brussels) et je n’en ai gardé que de bons souvenirs. En fin de saison dernière, lorsque Johan Vermeersch m’a fait part de son désir de me conserver, j’ai resigné pour deux ans sans savoir que l’entraîneur allait partir au Cercle de Bruges. Je ne le regrette pas. Ce n’est pas mauvais, de temps en temps, de travailler avec un autre coach et de découvrir d’autres méthodes. Mais je crois qu’un jour, le chemin de Harm Van Veldhoven et le mien se recroiseront. Quand ? Je l’ignore.

La D1, c’est tout de même mieux

Certains joueurs, qui avaient vécu une très belle saison en D2 sous la houlette de Harm Van Veldhoven, en s’amusant et en gagnant beaucoup de matches, font aujourd’hui grise mine…

Ok, mais on est monté d’un échelon, et il était prévisible que les victoires seraient moins nombreuses et qu’il faudrait d’abord songer à être concentré en défense. La saison dernière, on pouvait attaquer, se faire plaisir, soigner la différence de buts. Moi-même, alors que j’étais l’unique demi défensif, j’avais inscrit 11 buts. Mais c’était la D2. Je préfère de loin jouer en D1. Je n’ai rien contre des clubs comme Renaix ou Tirlemont, mais devoir se déplacer là-bas, pour jouer sur un mauvais terrain et se changer dans des vestiaires minuscules, n’avait rien d’attrayant. Aller jouer à Sclessin, par exemple, dans un stade qui a accueilli des matches de l’EURO 2000 et où règne toujours une ambiance de feu, c’est tout de même plus agréable. Le revers de la médaille, c’est qu’on gagne moins de matches…

Et l’ambiance s’en ressent ?

Je dois dire qu’elle est restée très bonne. On a la chance d’avoir beaucoup de jeunes joueurs animés d’une bonne mentalité. Mais, c’est sûr : si l’on pouvait engranger plus de points, l’ambiance serait encore meilleure…

Le FC Brussels est entré dans une période cruciale, durant laquelle il affrontera une série d’équipes à sa portée…

On a intérêt à engranger des provisions pour l’hiver, en effet. Le président nous met la pression. Personnellement, je ne la ressens pas trop, mais d’autres joueurs, plus jeunes, sont peut-être plus sensibles à son discours. Son attitude n’a pas changé par rapport à la saison dernière : lorsqu’il estime qu’il doit descendre dans les vestiaires pour mettre certaines choses au point, il le fait. C’est son droit, en tant que président. Johan Vermeersch est une forte personnalité, et il aime le montrer. L’avantage, avec lui, c’est qu’il a été joueur et entraîneur. Il sait donc de quoi il parle et on accepte plus facilement ses remarques que si elles provenaient d’un autre dirigeant, qui n’aurait jamais mis les pieds sur un terrain.

Et votre avenir personnel ?

J’ai 30 ans, il me reste donc encore plus ou moins cinq saisons au plus au niveau, si tout va bien. Je suis encore sous contrat au FC Brussels jusqu’en juin 2006. Si l’on veut bien de moi, j’irai au bout de ce contrat. Peut-être, même, pourrai-je le prolonger ? Je ne fais pas de projections sur l’avenir, c’est trop aléatoire. Lorsque Lommel a été déclaré en faillite, je venais de signer pour quatre ans et je pensais que mon avenir était assuré. On sait ce qu’il en est advenu : je n’avais plus d’avenir, seulement des problèmes. Une chose est sûre : je ne retournerai pas jouer au football en République Tchèque. J’aimerais rester en Belgique, ou éventuellement dans un autre pays d’Europe occidentale, mais de toute façon à l’étranger. Certains joueurs que j’ai côtoyés dans les équipes nationales de jeunes ont évolué dans de très grands clubs. Moi, j’ai joué au FC Chemnitz, en D2 allemande, et dans trois modestes clubs belges. Je ne fais pas la fine bouche. Certains de mes compatriotes sont très attirés par la Russie. Ce pays semble être devenu le nouvel Eldorado, et c’est vrai qu’on peut y gagner beaucoup d’argent. Quatre ou cinq de mes amis ont tenté l’expérience, et un entraîneur que j’avais connu aux Bohemians Prague est parti au Zenit Saint-Pétersbourg. Il aurait voulu m’attirer là-bas. Mais cela ne me dit rien qui vaille. Il a beau m’expliquer qu’à Moscou et à Saint-Pétersbourg, le niveau de vie est très acceptable comparé aux autres villes russes, je préfère rester en Belgique. Je gagne un peu moins d’argent, mais je jouis d’un certain confort et ma famille est heureuse. A mes yeux, c’est l’essentiel.

Daniel Devos

 » On a intérêt à engranger DES PROVISIONS POUR L’HIVER  »

 » Le président nous met la pression mais IL SAIT DE QUOI IL PARLE  »

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