Joueur libre

 » Ceulemans veut que je développe mon jeu et j’aime ça « .

N abil Dirar s’est frayé un chemin du football de rue à celui de la D1 : de Casablanca, sa ville natale, puis dans les parcs et les salles de mini foot de Bruxelles.  » Je n’ai jamais joué dans un club au Maroc. Heureusement, car je serais peut-être meilleur tacticien mais je n’aurais pas le même bagage technique. Le jeu de position, la vitesse d’exécution, la force dans les duels, c’est une question d’entraînement. La technique, elle, s’acquiert en rue, avec des amis, ou dans un club de faible niveau, qui vous accorde une certaine liberté « .

Evere a été sa première équipe belge. Il a ensuite rejoint le RWDM. Lors de sa faillite, il s’est retrouvé dans les équipes d’âge de l’Union Saint-Gilloise, où il a grimpé les échelons jusqu’en Réserve de D2 :  » L’Union ne m’a pas accordé ma chance. J’ai donc décidé de changer de club. C’est ainsi que j’ai joué à Diegem, qui croyait en mon style de jeu « .

Puis Westerlo l’a enrôlé :  » Le club n’avait pas un noyau très étoffé. J’étais donc sûr de pouvoir jouer. La langue a constitué la principale barrière. J’essaie de parler le néerlandais mais ce n’est pas toujours facile « .

Au Maroc, sa mère élevait dix enfants. Nabil est le plus jeune, l’aîné a 45 ans :  » La plupart d’entre eux se sont mariés jeunes. J’ai une s£ur en Allemagne, deux frères en Italie, un frère et trois s£urs en Belgique et deux frères au Maroc. Nous nous réunissons au moins une fois par an mais il est rare que nous soyons tous au rendez-vous « .

A un an, Dirar a perdu son père, malade :  » Je ne l’ai pas vraiment connu. Il ne m’a donc pas manqué. En plus, comme j’étais le cadet, j’étais gâté par tous les autres. Mes frères m’ont envoyé des maillots et des chaussures de foot d’Italie. Je n’ai manqué de rien. J’ai grandi bien entouré par ma famille. Mon frère Mohammed, qui vit au Maroc, a toujours été mon modèle : il ne fumait ni ne buvait, il était grand, fort et il travaillait. Ma mère m’a toujours soutenu. Au Maroc, elle était employée dans une société de nettoyage. Elle s’est dévouée pour moi et m’a envoyé à l’école pour que j’apprenne un bon métier. J’ai eu la chance d’être footballeur, c’est encore mieux. L’école ne m’intéressait pas véritablement, j’ai cherché comment m’amuser. A Casablanca, en allant à l’école, je passais au café où mon oncle regardait les matches. Il en est dingue. Il est d’ailleurs le seul de la famille. J’assistais gratuitement au derby entre Raja et WAC. C’était une journée de fête. Avant, j’étais supporter du WAC mais maintenant, Raja est plus fort et développe un meilleur football. Je regarde avant tout les équipes qui jouent le mieux, qui ont un bagage technique, attaquent mais ballon au pied « .

Dirar a vécu à Casablanca, la plus grande ville du Maroc, jusqu’à treize ans et demi, soit plus de la moitié de sa vie puisqu’il n’a que 21 ans. Il est naturalisé belge mais on ne lui fera pas dire qu’il espère un jour être Diable Rouge. Il laisse la porte ouverte à son pays natal :  » Je me sens chez moi en Belgique mais j’ai encore beaucoup d’amis là-bas et me sens encore Marocain. Je n’ai jamais eu le sentiment d’être Belge. Je vis ici, je suis naturalisé mais je reste Marocain « .

Evolution créatrice

 » J’ai déjà connu quelques clubs et quelques entraîneurs, donc différentes tactiques. J’ai évolué à l’arrière droit, au c£ur de la défense, au milieu défensif, en attaque ou, comme à Diegem, en homme libre derrière les attaquants « .

A Westerlo, il arpente le flanc droit ou le gauche :  » Je suis droitier mais je préfère jouer à gauche. Je peux ainsi converger vers l’axe en utilisant mon pied droit et je suis plus dangereux, tout en étant aussi capable de faire une passe en retrait « .

Lorsqu’il parvient à faire fi de son individualisme, Nabil délivre des assists. En revanche, il ne parvient pas à marquer, alors qu’il est d’un tempérament offensif :  » Je reçois peu d’occasions de but aussi. Je suis plutôt celui qui va dribbler et effectuer la dernière passe. Mon truc préféré, c’est de laisser croire que je vais centrer puis de faire un crochet. Pour effectuer une feinte, il faut avoir énormément d’assurance « .

Herman Helleputte me soutenait constamment mais ne m’accordait pas autant de liberté que Jan Ceulemans. Celui-ci me demande de jouer simplement dans notre camp et de ne pas m’énerver. Par contre, il veut que je développe mon jeu librement. J’aime ça. Parfois, je réalise le dribble de trop. Je ne suis pas toujours efficace mais je suis aussi susceptible de réaliser une action en un rien de temps Helleputte m’assignait beaucoup de tâches défensives et je n’avais plus d’énergie pour attaquer. Mais il m’a poussé en avant. Cela m’a fait du bien. A Westerlo, j’ai appris à défendre « .

Avec ses 82 kilos et son 1,85 mètre, Dirar est un technicien plutôt costaud :  » Je suis puissant, pas très véloce mais rapide sur de longues distances. En gagnant en puissance, j’ai perdu un peu de ma vivacité mais mon gabarit est précieux dans les duels. On ne me met pas facilement au tapis. C’est aussi un atout « .

On le considère comme une option pour le Standard et Pär Zetterberg l’a visionné au nom d’Anderlecht,… a-t-on conclu en voyant le Suédois dans la tribune de Zulte Waregem.

 » J’ai déjà songé à ces clubs. Ils me permettraient de progresser, mais j’ai d’autres offres, y compris de l’étranger. Ce n’est pas comme la saison passée : les clubs se font plus concrets. Je veux rejoindre un grand club car j’ai les qualités. J’ai progressé. Mais pour le moment, j’ignore de quoi l’avenir sera fait. Je me concentre sur les prochains matches de Westerlo « .

Ce sera peut-être sa dernière saison en Campine :  » J’ai passé deux belles années ici, j’ai beaucoup appris, des gens bons m’ont entouré et conseillé. Beaucoup d’entre eux me disent qu’il serait prématuré de jouer à l’étranger car les championnats y sont plus relevés qu’en Belgique, d’un ou deux crans « .

Dirar va dès samedi se frotter à l’élite belge, au Standard. Qui joue en rouge et blanc, comme le WAC Casablanca.

par raoul de groote

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