Joue contre joue

Le monde est aux slogans. Courts et percutants, si possible. Chez les publicitaires, c’est souvent court et abrutissant. Le marchand n’aime pas trop le réfléchissant. Moins on se pose de questions, plus on se précipite dans les rayons. Soit. Nos Diables Rouges m’ont inspiré un beau slogan en forme de label  » Made in Belgium  » :  » Pour le contre « . Eh oui, nous sommes pour les contres belges. En foot évidemment. Parce qu’en politique, il est omniprésent aussi. Scrutin après scrutin. On vote plus contre que pour un système et donc des gens qui le portent. Mais ces mêmes gens, nos représentant(e)s, ont l’art du consensus. L’art de l’arrangement entre ennemis qui, le temps de l’opportunisme, devient entre amis. Le pouvoir à tout prix. Et donc, les perdants deviennent les gagnants.

Soit. Parlons foot. Parlons talent, beauté, créativité. En mouvement. De derrière vers devant. On est pour le contre. Noir-jaune-rouge. En short. Racé, tracé, fait pour gagner. Tracé est le mot. Des lignes de courses, de passes qui sur la toile verte passent d’esquisses à oeuvres d’art quand la sphère rentre dans le cadre. À la Coupe du monde, ce fut déjà une exposition universelle de la perfection. Contre le Japon, avec Nacer Chadli à la signature finale. Contre le Brésil, avec Kevin De Bruyne. Et contre l’Angleterre, dans la petite finale, peut-être le plus beau de tous mais JordanPickford, le gardien anglais, avait empêché Thomas Meunier de signer. Et puis, maintenant, l’Écosse. OK, le foot écossais ressemble de plus en plus à son monstre du Loch Ness. On en voit la tête mais on est loin d’apercevoir la queue. À l’eau, noyé. Et même pas dans un doigt rassurant de whisky.

Soit. Dries Mertens, Kevin De Bruyne, Romelu Lukaku. Trois hommes, deux passes, un but. Sublime. Simple en apparence mais compliqué de faire mieux. Nos contres sont d’autant plus beaux que rares. Car on nous attend. Tout le temps. Mais quand on nous laisse aller jouer la perfection, on y va. Même le grand Charles Aznavour ne nous contredit pas dans ses  » Plaisirs démodés « .  » Joue contre joue « . Jouez-les, nos contres, jouez-les. Ce plaisir ne sera jamais démodé. Par contre la mode :  » Les Belges sont beaux mais ne gagnent jamais rien « , on en a marre. On n’a pas la taille pour le  » prêt à porter  » un grand trophée. Ou pas encore. Bien vite juin.

Y en a d’autres qui aimeraient aussi passer de mode. Nos amis anglais sont en effet les rois des qualifs. 10 ans exactement qu’ils n’ont plus perdu un match de qualification pour un EURO ou une Coupe du monde. 10 ans. 42 matchs. Impressionnant. Tout comme Harry Kane. Encore loin des bientôt 50 buts en équipe nationale de notre Lukaku national mais question efficacité, il fait mieux. Ils ont le même âge. Romelu a deux fois plus de sélections mais Harry fait fort. Très fort. 26 buts en 41 sélections. Mieux même, si on ajoute ses 8 assists. Cela nous donne 34 buts. Bon, il tire les pénos mais c’est quand même épatant. Un buteur a toujours raison…quand il marque. La preuve ? Kane a fini meilleur buteur de la dernière Coupe du monde sans vraiment l’avoir jouée ni réussie. Vraiment un métier à part. Comme celui d’intermittent du spectacle. Le métier devenu de Thomas Vermaelen.

Contre l’Écosse on l’a retrouvé employé (qualifié) temps plein. Plein de toute sa classe. Celle qu’on pensait disparue. La faute à un physique qui n’a pu répondre à l’exigence de la performance. Tout le temps, par tous les temps. Avec un Vincent Kompany pas dans un meilleur état, on aimerait tant se rassurer sur leur cas. Ils ont tous les deux 33 ans. L’âge du Christ. Bon, ils sont loin d’être morts mais espérons qu’il soit aussi celui d’une forme de résurrection. Du statut de guide. De taulier jamais blessé. Qu’ils écrivent ensemble une sorte de nouveau testament. Celui légué pour l’éternité à notre football. Qu’ils dessinent la ligne du  » Prêt à porter  » 2020. Fait d’une étoffe de champions. De celle qui soulève les trophées. Le défilé est espéré le 20 juillet.

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