JOSE DO DRAGAO

Le coach de Porto casse la baraque et innove comme Cruijff et Sacchi.

Porto a le même budget qu’Anderlecht

Porto écrit de belles pages de son histoire tout en marquant son temps. La saison passée, le club entraîné par le jeune José Mourinho (41 ans), la vedette du stade de Dragao, avait épaté la galerie en réalisant un triplé avec le titre et la Coupe portugais ainsi que la Coupe de l’UEFA. Les Portugais pourraient remettre cela mais en remplaçant la Coupe de l’UEFA par la Ligue des Champions. Ce n’est pas le fruit du hasard. La clef du football actuel réside dans les buts marqués, en grande partie, sur les phases arrêtées et les contre-attaques.

L’art de Porto est de bien bloquer la moindre tentative offensive de ses adversaires. En cas de perte de balle, les Portugais se transforment tout de suite en chasseurs. Cette équipe est extrêmement mobile dans toutes ses composantes et réussit la gageure de décortiquer tellement bien la tactique de l’adversaire qu’il l’oblige à mal jouer.

A La Corogne, c’est Porto qui a monopolisé la circulation du ballon. L’exploit n’est pas banal dans la mesure où le Deportivo s’est fait une spécialité de construire le jeu, d’avoir la maîtrise des événements. L’AC Milan n’était pas parvenu à brider ce style non plus.

Mais Porto ne détient pas un budget phénoménal : il tourne avec la même trésorerie qu’Anderlecht. Au-delà de cela, c’est la vision de José Mourinho qui prime. A mon avis, il se distingue à l’image de deux autres grands précurseurs, Johan Cruijff et Arrigo Sacchi. A Barcelone, le mage hollandais conjuguait la passion au quotidien, vivait le football avec ses tripes, insistait sur les vertus de la possession du cuir. Sacchi était plus calculateur, s’occupait sans cesse du jeu de position de sa formation. Mourinho a fait la synthèse des deux afin de présenter une équipe qui vit et joue comme un bloc. Mais si le collectif prime, il y a aussi les qualités individuelles d’éléments comme Deco, Paulo Ferreira, Maniche, Alenitchev, etc. Ce sera un os très dur à ronger en finale.

De beaux succès français

A Londres, Chelsea n’est pas parvenu à redresser la barre face à Monaco. L’équipe de Didier Deschamps n’a pas le volume tactique de Porto. Elle traverse souvent des orages durant les matches. Ce fut le cas au Real Madrid ainsi qu’à Chelsea. Mais Monaco a la faculté d’encaisser les coups et de ne pas s’écrouler tout en puisant des forces internes gigantesques dans l’adversité. Chelsea a mené 2-0 et détenait le billet pour la finale de la Ligue des Champions. A ce moment-là, comme à l’aller, où la leçon avait pourtant été cuisante, Chelsea négligea la qualité du mental monégasque. Les hommes de Deschamps ont réduit la marque avant le repos avant d’égaliser durant la deuxième mi-temps. J’ai été séduit par le potentiel de Jérôme Rothen et de Fernando Morientes.

Alors que Ludovic Giuly n’en touchait pas une, Morientes a porté tout le poids de la division offensive de son équipe. Il a contribué à l’élaboration du premier but de son club avant de s’offrir l’égalisation. Le Real Madrid doit se mordre les doigts : Morientes lui aurait rendu de fameux services cette saison. Le Real a commis une gaffe en le louant à Monaco. Il peut gagner la finale à lui seul et Monaco a encore des attaquants comme Shabani Nonda et Dado Prso qui peuvent surprendre la défense de Porto dans les airs.

La finale de la Ligue des Champions opposera donc deux équipes aux atouts différents : la science tactique de Porto face à la force mentale de Monaco.

Marseille complète le magnifique tableau de chasse du football français. L’OM vit sur son nuage, a parcouru un long chemin et méritoirement vaincu Newcastle en demi-finales de la Coupe de l’UEFA. Didier Drogba a été fantastique, technique, athlétique, intelligent, présent et percutant. A ce niveau-là, toutes les équipes ont forcément de gros atouts offensifs. Valence, l’autre finaliste, réussit un très bon championnat d’Espagne. C’est une équipe calme, efficace alors que l’OM est un volcan : belle finale en vue.

Propos recueillis par Pierre bilic

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