JO JOSEPH-AUGUSTIN

Matthias Stockmans
Matthias Stockmans Matthias Stockmans is redacteur van Sport/Voetbalmagazine.

Le défenseur français vient de fêter ses 25 ans et le début de sa seconde saison belge.

Où sont vos racines ?

Jo Joseph-Augustin : Je suis né dans une banlieue de Paris mais mes parents sont originaires de la Martinique. Nous y retournons régulièrement. Lilian Thuram et Thierry Henry ont également leurs racines là-bas, d’ailleurs.

Vous ne partagez donc pas la culture africaine de vos coéquipiers ivoiriens ?

Il y a des parallèles. La nourriture et la musique se ressemblent mais la mentalité est fort différente. Je suis beaucoup plus direct. Disons que c’est le style français, alors qu’ils préfèrent une ambiance plus détendue. Ils pensent plus à faire la fête. Je ne pense pas que ce soit lié à la couleur de la peau. Chaque personne issue d’un pays différent a un autre bagage culturel.

Avez-vous déjà entendu parler du Vlaams Belang ?

Au début, Anvers et ses nombreuses cultures me paraissaient très conviviales. Je m’y sentais comme à Paris. Puis nous avons joué au Germinal Beerschot. L’ambiance était vraiment hostile et les slogans lancés à nos Africains n’étaient pas jolis à entendre. A la longue, on s’y habitue ; c’est terrible car on ne devrait jamais s’habituer à des choses pareilles.

En France non plus, le climat n’est pas idéal entre Blancs et Noirs, comme en témoignent les troubles des banlieues.

J’ai grandi dans un quartier parisien de ce genre et je peux vous l’assurer : cette agitation n’a rien à voir avec des sentiments racistes. Elle naît du mécontentement et de la situation misérable de nombreuses familles qui y habitent. Je trouve que la France a réagi positivement à ces bagarres.

Que pensez-vous de l’affaire Zidane ?

On ne peut excuser sa réaction. Un homme de ce statut doit être un exemple. En fait, j’ai déjà oublié cet incident. Zidane reste un Monsieur. J’ai souvent été provoqué sur le terrain mais j’ai appris à conserver mon calme et à rire de ces remarques. Les racistes sont des perdants : ils vivent avec des £illères.

Si votre appartement prenait feu, quel objet tenteriez-vous de sauver en premier ?

Mon album de famille.

Quels sont vos loisirs ?

J’essaie de lire de temps en temps, surtout des biographies, comme celles de Lilian Thuram et de Martin Luther King. Je regarde beaucoup la télévision et j’écoute de la musique. Des chansons exotiques de Martinique mais aussi du rap français et même du jazz. Depuis quelques mois s’y ajoutent des leçons d’anglais.

Quelle est la sonnerie de votre gsm ?

Cela dépend de celui qui m’appelle : je les ai personnalisées. Quand c’est Sanny, mon amie, j’entends une chanson de rap français.

Vous êtes devenu père l’année dernière mais votre fils est décédé peu après sa naissance. Comment avez-vous affronté ce dur moment de votre vie ?

Mon fils est né avec des problèmes cardiaques. On l’a opéré à six jours, sans succès. En effet, son décès a été un coup très dur. Sanny et moi avons beaucoup dialogué et nous avons décidé que la vie continuait. Ce coup m’a conféré la force de me battre. Nous avons un regard différent sur la vie depuis lors. Après avoir traversé pareille épreuve, vous savourez encore plus chaque instant de bonheur. Mes amis m’ont beaucoup aidé mais maintenant encore, ce thème reste tabou. Nous l’évitons.

Etes-vous croyant ? Et si oui, peut-on continuer à croire après une telle tragédie personnelle ?

Je suis chrétien pratiquant et je continue à croire en Dieu, oui. Cette perte a été terrible mais il a déjà apporté beaucoup de bonheur dans ma vie. En novembre, Sanny et moi attendons la naissance d’une petite fille.

MATTHIAS STOCKMANS

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