Jo-Jo le Florentin

Le Monténégrin est le seul de son équipe à tirer au but et quand il est absent, le dispositif du coach est le 3-7-0.

Si la moyenne d’âge du Calcio est élevée par rapport à celle des autres grands championnats, c’est aussi parce que ses plus jeunes éléments top-niveau sont directement exportés. A l’image d’ Alexis Sanchez et Javier Pastore l’été dernier, il y a de grandes probabilités qu’en juin prochain Stevan Jovetic (22 ans) quitte l’Italie.

Depuis octobre, lorsqu’il a prolongé son bail jusqu’en 2016, l’attaquant de la Fiorentina répète qu’il a envie de rester mais le club a des comptes qui ne tournent pas rond. La direction tente de combler le gouffre créé par des transferts qui se sont révélés autant de flops : les AdemLijaic (6,5 millions), Santiago Silva (2,5), MarioBolatti (3,5), HarisSeferovic (2,5) et Felipe (7) ont coûté plus de 50 millions au club depuis janvier 2010.

Né le 2 novembre 1989 à Podgorica, Jovetic fait ses débuts au Mladost, club de la capitale du Monténégro. Frappés par le naturel avec lequel il effectue ses dribbles et ses assists, des émissaires du Partizan Belgrade frappent à la porte de ses parents. Leur fils n’a que 13 ans mais ils acceptent la proposition du club de la capitale serbe. C’est l’histoire d’un prédestiné qui rêve d’imiter Andriy Shevchenko et a choisi le numéro 8 comme son joueur favori PredragMijatovic. En avril 2006, il est déjà en D1 serbe. En août 2007, il signe son premier contrat pro, cinq mois après avoir été incorporé dans l’équipe du Monténégro nouvellement née. Avec le maillot du Partizan, l’enfant prodige marque 13 buts en 51 matches. Tout le monde le suit et TheSun l’intègre dans sa liste des 20 plus grands talents du monde. Bien vu : il prend une part importante dans la deuxième place acquise par le Partizan et se révèle encore plus décisif l’année suivante, celle du doublé championnat-Coupe.

Le penalty déclic et 306 jours de patience

Le départ vers d’autres horizons est immédiat. Mise à prix : 8 millions. Alors que le joueur est annoncé à Arsenal, le 31 mai 2008, la Fiorentina officialise le transfert. Jovetic ne marque son premier but que 10 mois plus tard uniquement parce que son Mister ( Cesare Prandelli, actuel coach d’Italie), décide que c’est à lui de botter le penalty contre l’Atalanta le 5 avril 2009. Ce n’est qu’un début, toute l’Europe va apprendre à le connaître : en août 2009, il est le moteur de la Fiorentina qui éjecte le Sporting Lisbonne en préliminaires de la Ligue des Champions. Un mois plus tard, il place deux pions à Liverpool avant d’en faire autant au Bayern. En décembre, il est élu joueur monténégrin de l’année et à ce moment-là, selon Pantaleo Corvino, le directeur sportif florentin, il vaut déjà… deux fois 8 millions.

Lors du stage mi-juillet 2010, la Fiorentina n’a pas encore de sponsor maillot et décide d’imprimer un slogan positif :  » Le football est un divertissement.  » A Cortina d’Ampezzo, le nouveau coach Sinisa Mihajlovic gonfle les muscles. Dans son discours extrêmement positif, il assure :  » Jovetic va donner du spectacle.  » A ce moment-là, l’orgueilleux Serbe ne se doute pas que tout son plan va foirer. Le 3 août, Jovetic s’écroule à l’entraînement. Diagnostic : le ligament collatéral externe, le ménisque externe et le ligament croisé antérieur du genou droit sont touchés et le joueur doit subir trois interventions dont la première est fixée au lundi suivant. La saison de Jovetic, qui repassera sur le billard en octobre, est finie avant de commencer. Il part deux mois en exil forcé et sans lui, le peu apprécié et très défensif Mihajlovic ne trouve pas le moyen de doper sa cote auprès du public mauve.

En mai 2011, l’avant est à nouveau fit mais le staff médical ne prend pas de risque et ne l’autorise pas à disputer les deux dernières journées de championnat. En revanche, le coach du Monténégro, Zlatko Kranjcar, le convoque pour le match comptant pour l’Euro 2012 contre la Bulgarie. Et 306 jours après son accident, Jovetic retrouve le terrain en montant au jeu à 20 minutes de la fin.

Le pressing de Chelsea

Lorsque le championnat 2011-2012 débute, il se cache et répète qu’il n’est pas encore un leader :  » Il me manque encore quelque chose pour prendre l’équipe par la main.  » Quelques mois plus tard, les événements ont démontré que, sans lui, la saison de la Fiorentina aurait été encore plus catastrophique. Il est bien devenu l’âme d’un club en plein marasme. C’est le seul joueur qui tire au but et quand il est absent, le dispositif du coach Delio Rossi est le 3-7-0. Ce n’est donc pas un hasard si c’est lui qui, après la défaite à domicile contre Lecce mi-janvier, s’est adressé aux contestataires via l’hebdomadaire Brivido Sportivo :  » Chers supporters, ne nous abandonnez pas ! Votre soutien est vital.  » Et au même moment, le quotidien britannique Daily Star annonce que Chelsea avait fait une offre de 17 millions pour l’attirer à Londres. La direction florentine, qui aimerait en retirer 24, confirme l’info.

D’ici là, on continuera probablement à comparer Jovetic à Roberto Baggio. Comme l’ex-champion italien, il possède un solide bagage technique, de grandes qualités athlétiques et peut évoluer à plusieurs positions offensives tant dans la ligne médiane qu’en attaque comme seconde pointe. Mais cette comparaison paraît toujours trop flatteuse pour le garçon qui répète :  » Appelez-moi Jo-Jo !  »

PAR NICOLAS RIBAUDO – PHOTO: IMAGEGLOBE

 » Ce prédestiné rêvait d’imiter Andriy Shevchenko et a choisi le numéro 8 comme son joueur favori, Predrag Mijatovic. « 

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