Jeune bourlingueur

Le nouveau défenseur de Charleroi découvre la D1 belge. Et le grand public le découvre à son tour.

Lorsqu’il fit signer le défenseur bruxellois d’origine marocaine NaïmAarab, Charleroi n’avait engagé pour le grand public qu’un illustre inconnu. Il est pourtant un titulaire régulier en équipe nationale Espoirs depuis deux ans, mais chacun sait que les protégés de JeanFrançoisdeSart ont l’habitude de jouer devant des assistances clairsemées. Et vu qu’il avait quitté la Belgique à 17 ans et demi et qu’il évoluait, de surcroît, dans une équipe de Larissa, il fallait fouiller profondément pour retrouver sa trace.

 » Même pour nous, c’était difficile de le suivre là-bas « , reconnaît JeanFrançoisRemy, l’adjoint de de Sart chez les U21.  » Heureusement, à l’Union belge, on possède une liste des joueurs belges actifs à l’étranger. Comme Naïm était titulaire dans un club grec de D1, on s’est dit que cela valait peut-être le coup de le convoquer pour un stage et un match amical, histoire de voir ce qu’il avait dans le ventre. Il a laissé une très bonne impression, et on l’a retenu pour les matches officiels. Depuis lors, il n’a plus quitté l’équipe.  »

A Larissa avec Mbo Mpenza

Comment a-t-il abouti à Larissa, ce club relativement anonyme du centre de la Grèce où, à l’époque, MboMpenza jouait aussi.  » Sa présence a dissipé les dernières hésitations qui me hantaient encore « , nous avait expliqué Naïm il y a six mois, lors d’un stage de l’équipe nationale Espoirs.  » Le championnat de Grèce est très physique, et surtout, on y trouve de bons défenseurs. A leur contact, je pense avoir beaucoup appris.  »

Quelle impression a-t-il laissé là-bas ?  » Relativement bonne « , affirme HarisGeorgoulas, l’attaché de presse de Larissa.  » Je me souviens qu’en 2008, comme on ne le connaissait pas très bien, on l’avait d’abord invité à passer un test. Notre entraîneur de l’époque, MarinosOuzounidis, a eu le coup de foudre. Dès les premiers jours, il a été positivement étonné par ses capacités et a voulu l’engager à tout prix. Naïm n’a pas tardé à signer un contrat de longue durée. On recherchait un défenseur polyvalent, capable d’évoluer à la fois comme défenseur central ou arrière droit, voire même comme demi défensif, afin d’être la première doublure lorsque le titulaire du poste était blessé ou suspendu. Dans ce rôle, il a parfaitement rempli sa mission. Il était tantôt titulaire, tantôt remplaçant, et on était content de lui. En février de cette année, Ouzounidis a été remplacé par YanisPapacostas. Cela n’a pas changé grand-chose pour Naïm, qui a continué à remplir le même rôle. Ce qui a changé, c’était la nervosité qui avait gagné l’équipe. On avait un urgent besoin de points, si l’on voulait se maintenir en D1, et la pression était intense. Pourquoi a-t-il voulu quitter Larissa, si tout se passait pour le mieux ? C’est à lui qu’il faudrait poser la question ! Nous, on voulait le garder. D’ailleurs, il est toujours sous contrat chez nous, puisqu’il est simplement prêté.  »

 » Je pense qu’il voulait d’abord rentrer pour le côté affectif et émotionnel « , estime Remy.  » Voilà quatre ans qu’il évolue à l’étranger. Loin de tout, finalement, car Larissa n’est pas la ville la plus facile d’accès. Nous-mêmes, nous avons souvent dû le suivre sur base de simples statistiques, car on ne pouvait pas se permettre d’envoyer un scout en Grèce chaque week-end. « 

 » Je suis content qu’il soit revenu « , renchérit De Sart.  » D’abord, parce que cela me permettra de le voir plus facilement. Ensuite, parce qu’une bonne saison avec Charleroi pourrait donner un coup d’accélérateur à sa carrière. Le championnat de Belgique constitue une belle vitrine. Pour les scouts de clubs étrangers aussi, c’est plus facile de se déplacer à Charleroi qu’à Larissa. « 

Les deux Jean-François le décrivent plus ou moins dans les mêmes termes : un défenseur rigoureux qui, grâce à son 1m90, excelle dans le jeu de tête, et qui possède aussi une bonne technique et une bonne relance grâce à sa formation aux Pays-Bas.

Il s’est aussi parfaitement intégré dans un groupe dont, à priori, il ne devait pas connaître beaucoup d’éléments.  » Détrompez-vous « , corrige Remy.  » Il a, au contraire, retrouvé beaucoup de joueurs qu’il avait côtoyés, dans sa jeunesse, soit comme coéquipiers, soit comme adversaires.

 » Naïm est un garçon très sociable « , ajoute De Sart.  » Il est bilingue et peut donc se mêler aux deux groupes linguistiques. En outre, il est déjà marié et même père de famille, ce qui l’a stabilisé. « 

Aux Pays-Bas pour compléter sa formation

SimonMignolet, l’ancien gardien de Saint-Trond, se sent rassuré lorsqu’il a Naïm devant lui.  » Nous n’avons pas joué très souvent ensemble, mais cela s’est toujours bien passé. Il ne laisse pas beaucoup d’occasions à l’adversaire et constitue aussi un bon placement lorsqu’on récupère le ballon, car il en fait généralement un bon usage. Il a parfois joué comme arrière droit chez les Espoirs, mais je crois que sa place de prédilection se situe tout de même en défense centrale.  »

Comme OnurKaya, son nouveau coéquipier à Charleroi, Aarab est passé à deux reprises par Anderlecht chez les jeunes. Entre ces deux périodes, il avait cherché sa voie dans d’autres clubs de la capitale ou du Brabant : RWDM (de huit à 13 ans), Strombeek (de 13 à 14 ans) et Tubize (de 14 à 16 ans).  » Chez nous, il évoluait le plus souvent dans l’entrejeu « , se souvient JosephDevogeleer, qui était à l’époque le coordinateur des jeunes à Tubize.  » Grâce à sa technique, il jouait le rôle de allroundman. C’était un récupérateur très apprécié qui savait aussi faire jouer les autres lorsqu’il était entré en possession du ballon. Il était très doué et c’était aussi un garçon qui n’a jamais posé de problème. On avait d’ailleurs voulu le faire monter de catégorie, mais je crois qu’il avait d’autres ambitions qu’un modeste club de D2.  »

Ces plus hautes ambitions, c’était Anderlecht puis les Pays-Bas, et plus précisément le NEC Nimègue qu’il a rejoint dès 17 ans et demi. Un peu trop impatient, comme d’autres avant lui, devant la frilosité du Sporting à aligner des jeunes à l’époque ? Peut-être.  » Ce qui m’intéressait surtout aux Pays-Bas, c’était le fait qu’on offrait plus facilement une chance aux jeunes. Je pouvais aussi m’y concentrer exclusivement sur le football, sans devoir penser aux horaires scolaires. Je pense que mon séjour là-bas ne fut pas inutile : j’ai pu compléter la formation que j’avais entamée en Belgique. « 

par daniel devos – photos: reporters

« Nous, on voulait le garder. D’ailleurs, il est toujours sous contrat chez nous, puisqu’il est simplement prêté. (l’attaché de presse de Larissa) »

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire