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Jess Thorup s’en va déjà

L’entraîneur de Genk est parti pour le FC Copenhague, 39 jours seulement après avoir signé son contrat au Racing.

C’était une image frappante: quelques semaines après son renvoi de La Gantoise, Jess Thorup rayonnait, lors de sa présentation à Genk. Le Danois avait affirmé être heureux d’avoir retrouvé aussi vite un nouveau club. Il avait insisté sur le fait qu’un club aussi chaleureux lui convenait et qu’il allait pouvoir y travailler en toute sérénité. On aurait dit une photo de mariage, avec une ambiance agréable pendant la réception. Deux partenaires faits l’un pour l’autre s’étaient trouvés. Il n’avait pas lâché un seul mot de travers sur son limogeage. C’est comme ça que nous connaissions Thorup: un gentleman.

Ce dernier a rapidement constaté que le défi était plus considérable qu’il ne s’y attendait et l’a reconnu. Au début, le football de Genk était loin d’être fantastique, mais les joueurs avaient loué son approche avant que les résultats ne suivent. Il avait apporté de la clarté et de la chaleur, son ton humain contrastait avec le cynisme et le négativisme de son prédécesseur, Hannes Wolf. Thorup a repêché des joueurs délaissés comme Theo Bongonda et surtout Patrik Hrosovsky. Il a posé d’autres fondations. Déçu de n’avoir pu partir à Marseille, Joakim Maehle a repris du collier après un bon entretien avec l’entraîneur. Ces dernières semaines, il s’est comporté comme un professionnel accompli.

Quoi qu’il advienne, cette histoire entachera tout le reste de sa carrière.

Les bases semblaient posées suite au succès 4-0 contre Eupen, le troisième d’affilée, et nul n’imaginait un éventuel départ. La semaine dernière, Thorup avait accepté une demande d’interview pour notre magazine. Il allait évoquer ses premières semaines dans le Limbourg, tout en parlant de l’équipe nationale du Danemark, l’adversaire des Diables rouges le 18 novembre. Samedi après-midi, nous avons encore eu la confirmation que l’interview se déroulerait bel et bien mardi, hier donc. Le rendez-vous était établi, de même que tout le planning de la communication avant le prochain match, un derby contre Saint-Trond. Samedi après-midi, le Racing ne savait donc encore rien, alors qu’à 900 kilomètres de là, le scénario avait pris une toute autre tournure en l’espace de quelques heures.

Jess Thorup rejoint donc le FC Copenhague, le plus grand club scandinave. Il a sans conteste ses raisons. Il est plus près de chez lui, les conditions financières sont certainement meilleures et le club a un plus grand rayonnement que Genk, surtout pour un Danois, même si, dans son ensemble et au niveau du budget, Genk est plus puissant que son nouvel employeur, qui a limogé son entraîneur il y a trois semaines parce qu’il restait en-deçà des attentes. Comme Genk et La Gantoise.

On ne repousse pas pareille offre. C’est comme si un entraîneur belge qui serait en poste à l’AZ ou à Vitesse abandonnait ce club pour accepter l’offre du Club Bruges de nos jours ou d’Anderlecht il y a quelques années. Ça s’appelle an offer you can’t refuse.

En Belgique, ce départ a un goût amer. Genk a pris un uppercut alors qu’il remontait à la surface. N’est-il pas un peu hypocrite de féliciter ses joueurs à l’issue de leur victoire 4-0 contre Eupen, de leur octroyer deux jours de congé, avant de prendre sa voiture pour Copenhague? Alors que Thorup affirme avoir des valeurs? Il est tombé de son piédestal et a brisé l’image de gentleman qu’il s’était forgée au fil des années. Comment un coach qui a signé un contrat de trois ans, en toute conscience, peut-il justifier, ne fût-ce qu’envers lui-même, un départ aussi prompt, après 39 jours? Naturellement, les entraîneurs sont rapidement jetés à la poubelle dans ce milieu. C’est inhérent à leur profession et tout le monde est choqué quand l’un d’entre eux prend l’initiative de s’en aller. Mais ici, il ne semblait guère avoir de raisons de partir. Si Thorup avait été aussi enthousiaste et satisfait qu’il le répétait ces dernières semaines, il aurait pu poursuivre son travail et il n’aurait pas sali sa réputation. Quoi qu’il advienne, cette histoire entachera tout le reste de sa carrière. En l’espace d’une saison, Jess Thorup en est déjà à son troisième club. Un fait rare.

Le football suit ses propres lois. Dans le passé, des clubs ont déjà enrôlé l’entraîneur d’un autre en cours de saison. En décembre 2017, Genk a pris Philippe Clement à Waasland-Beveren, au grand dam du club waeslandien, qui a usé trois autres entraîneurs cette saison-là. Le KRC Genk ne peut donc pas se plaindre. Tout cela fait partie des aléas de cette jungle appelée football.

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