Jens Lehmann

Faute de mieux, c’est le titulaire dans le but de la Mannschaft.

Les héros de l’Allemagne qui gagne sont Michael Ballack, Mario Gomez, Miroslav Klose, Lukas Podolski, Bastian Schweinsteiger. Loin derrière, le gardien : Jens Lehmann. Le maillon faible, le mal nécessaire. Nous cherchons des supporters portant un maillot de Lehmann autour des stades où l’Allemagne se produit : mission impossible. Des tuniques Ballack, par contre, on en trouve à chaque coin de rue.

Le coach, Joachim Löw, n’est pas loin de penser que son dernier rempart est aussi son dernier de classe. Avant l’ouverture de l’EURO, il déclare :  » Je vais prendre le risque de titulariser Lehmann « . Pour la confiance, il n’y a rien de tel ! Lehmann, qui a peu joué la saison dernière (une grosse vingtaine de matches toutes compétitions confondues avec Arsenal et l’équipe nationale), rassure son coach :  » Je connais des gardiens de niveau mondial qui ont joué une cinquantaine de rencontres depuis un an mais qui sont crevés. Moi, je suis frais dans mon corps et dans ma tête « .

Si l’Allemagne est en demi-finales, elle ne le doit pas prioritairement à son keeper. Lehmann a pris 4 buts en 4 matches : pas terrible. Le problème, c’est que Löw n’a rien de mieux. Depuis la retraite internationale d’ OliverKahn, en 2006, Lehmann est  » numéro 1 faute de mieux « . Et c’est justement ce qu’on lui reproche : avoir pris la place du chouchou Kahn à la Coupe du Monde 2006. Une décision de Jürgen Klinsmann qui n’a pas plu. Lehmann avait aussi évincé un autre monstre sacré par la même occasion : le mythique entraîneur des gardiens Sepp Maier, qu’il soupçonnait d’être trop proche de Kahn. Réponse de Maier :  » Lehmann doit sa promotion à sa femme, qui est une grande amie de la femme de Klinsmann « .

Dans le public allemand, les doutes l’emportent. Un sondage effectué juste avant le tournoi a révélé que pour seulement 43 % des personnes interrogées, Lehmann devait être titulaire. Mais derrière lui, ce ne sont pas des champions du monde non plus. Qui connaît Robert Enke et René Adler ? C’est grâce à cela que, malgré une énième floche dans un des derniers matches amicaux avant l’EURO, qu’il a gardé la confiance de Löw. Ce jour-là, il avait mis en cause les ballons du tournoi et les supporters en avaient bien ri.

De la chope pour sa gosse

Les Allemands remettent en cause son niveau de jeu. Mais aussi sa tête brûlée. Il détient le record d’exclusions dans l’histoire de la Bundesliga et est le seul joueur du championnat d’Allemagne à avoir été expulsé pour avoir agressé un coéquipier. Il a aussi osé verser de l’eau sur la tête d’un arbitre assistant ? En dehors des terrains aussi, il a déjà fait fort. Comme quand il a avoué qu’il faisait parfois boire de la bière à sa gosse de deux ans… sans alcool, encore heureux.

Au pays, Lehmann est plus un zéro qu’un héros. Mais il s’en fout. Il ne cherche pas à être sympathique et ça marche. Il revendique son arrogance. Sa femme le trouve insupportable dans sa préparation des matches. Il descend les volets et vire ses gosses. Il peint mais personne ne peut voir ses £uvres. Lehmann est conscient qu’il ne sait pas se vendre et demande qu’on le juge uniquement sur ses matches.

A côté du scepticisme ambiant, le plus vieux gardien de l’EURO (38 ans), qui est aussi le deuxième joueur le plus âgé du tournoi derrière l’Autrichien Ivica Vastic, a déjà un paquet de trophées. Une Coupe de l’UEFA, une finale de Ligue des Champions, un titre national en Italie, en Allemagne et en Angleterre, une Coupe d’Angleterre, une deuxième et une troisième places à la Coupe du Monde. Et deux distinctions de meilleur gardien européen. Après Schalke, Milan, Dortmund et les cinq dernières saisons à Arsenal, il retourne au pays : à Stuttgart. Il sait déjà que ce come-back ne va pas enflammer les stades mais ce n’est plus son problème…

par pierre danvoye – photo: belga

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