JEAN TRAPPENIERS (GARDIEN ANNÉES 60)

gardien

Contrairement aux autres secteurs, quasi exclusivement belges, j’ai été soumis en tant que gardien de but à une concurrence étrangère qui avait pour noms le Hongrois Arpad Fazekas, l’Autrichien Gerhard Mair et le Yougoslave Zdenko Vukasovic. Mais, au total, ce trio n’a pas dû me brûler la politesse plus de 20 fois. Normal, car comparé à toutes ces vieilles slaches, j’étais ni plus ni moins le meilleur. La preuve : le club n’a jamais voulu entendre parler de mon départ au cours de cette décennie. Pourtant, aussi bien le FC Bologne, en 1964, que les Girondins de Bordeaux, trois ans plus tard, étaient prêts à mettre le paquet pour s’attacher mes services. Si je n’avais pas été bon, je ne compterais pas, non plus, 11 sélections chez les Diables à une époque où les rivaux se nommaient Jean Nicolay, Guy Delhasse et Fernand Boone, excusez du peu !

défense

De Charles De Voghelaere à Jos Volders, en passant par Jacques Culot et JulienKialunda, j’ai dirigé une dizaine d’arrières différents durant cette période. Si je dois retenir un quatuor, c’est celui formé de Georges Heylens, Laurent Verbiest, JeanPlaskie et Jean Cornélis. Le 30 septembre 1964, au même titre que six autres de nos coéquipiers au Sporting, nous sommes tous entrés dans l’histoire du football belge en constituant, en deuxième mi-temps, l’intégralité de la sélection belge qui affronta la Hollande, à Deurne, pour les besoins d’une joute amicale. Un match que nous avions d’ailleurs gagné par 1 à 0 grâce à un but de Joseph Jurion. Après la mort accidentelle de Lorenzo Verbiest, c’est Blanchette Kialunda qui avait pris sa relève dans l’axe central de la défense. Non sans succès d’ailleurs car, avec lui, le RSCA termina le championnat 1966-1967 avec la meilleure défense : 12 buts encaissés seulement en l’espace de 30 matches. Un record qui tient toujours aujourd’hui !

milieu

Nous jouions alors le 4-2-4 et les deux hommes du milieu étaient invariablement PierreHanon et Joseph Jurion. Le Poep évoluait devant la défense tandis que Jef était chargé des impulsions offensives. C’étaient les deux cerveaux d’une équipe dont la moyenne d’âge n’excédait guère les 20 ans au départ de cette décennie. Dans leur travail, ils étaient tantôt assistés par deux backs, Georges Heylens et Jean Cornélis, qui montaient plus souvent qu’à leur tour ou, en phase de repli, par deux ailiers qui descendaient dans ce cas d’un cran : Johan Devrindt sur le flanc droit et Wilfried Puis sur l’autre versant, par exemple. De la sorte, l’entrejeu était le plus souvent composé de quatre éléments, malgré tout. Le tandem Hanon-Jurion s’est inscrit dans la durée, lui aussi, même si la direction est allée quelquefois chercher l’un ou l’autre joueurs réputés ailleurs. Je songe à l’Unioniste Jean-Pierre Janssens, notamment, ou encore à Paul Vandenberg, qui était alors l’un des plus fins techniciens en Belgique.

attaque

Indépendamment des deux hommes de couloirs cités, et auxquels il convient encore d’ajouter le Néerlandais Pummy Bergholtz et Jacques Teugels, même si celui-ci a fait essentiellement les beaux jours du RWDM, le Sporting a toujours pu tabler au centre de sa ligne d’attaque sur des joueurs d’exception. En tant que numéro 10 et grand régisseur de l’équipe, il en allait là, bien évidemment, de Paul Van Himst, joueur belge du siècle. Popol ne se contentait pas de pourvoir ses partenaires en ballons judicieux, il était aussi un finisseur hors pair. A la finition, il a été épaulé par des joueurs aux profils différents mais qui présentaient tous la particularité d’avoir un sens très aiguisé du but : le déménageur Jacky Stockman, le fonceur Jan Mulder et Blitz Frits Vandeboer. Inutile de dire qu’avec un quatuor pareil, Anderlecht terminait pour ainsi dire chaque année la compétition avec la meilleure attaque.

coach

Deux noms se détachent : le Français PierreSinibaldi et le Roumain Norberto Höfling. Le premier a instauré le 4-2-4 à Anderlecht et peut se targuer d’avoir mené le Sporting à cinq titres de rang de 1964 à 1968. C’était le Jean-Marc Guillou anderlechtois, entendu qu’il avait ses idées bien arrêtées sur le football et qu’il envoyait allégrement promener tous ceux qui osaient le contredire. Comme le DT de Beveren, l’entraîneur corse ne jurait que par le football dispensé par ses ouailles, sans tenir compte de l’opposant. En Belgique, son point de vue était valable et défendable mais sur le plan européen, sa vision étriquée fut synonyme de déboires car nous nous sommes régulièrement fait ramasser par des adversaires qui étaient à notre portée. Je songe aux Tchécoslovaques du Dukla et du Sparta Prague notamment. Si nous avions pu compter sur la science d’un Raymond Goethals, je suis persuadé que nos aventures européennes ne se seraient jamais arrêtées aux quarts de finale.

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