Jean-François de Sart voulait du FOOT-éTUDES

 » Mon choix, c’est un article sur cet équilibre difficile. Des infos sur les régimes d’entraînement et de cours ainsi que l’avis de spécialistes. Car tous les foot-études ne destinent pas à devenir pros : de nombreux élèves y sont par passion. Ils ne seront pas internationaux mais élargiront la base de la pyramide dans les divisions inférieures en étant bien formés. Du coup, la qualité d’ensemble augmentera et au sommet, on aura de la grande qualité « .

Waremme, l’IPES, l’Institut provincial d’enseignement secondaire, se dessine dans la brume d’une matinée d’automne. Des élèves de la section foot-études se dirigent vers un terrain d’entraînement. Qui d’entre eux sera le nouvel Axel Witsel ? C’est un secret de Polichinelle : en sport, il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus. Personne ne l’ignore au coeur de cette Hesbaye où on a l’habitude de travailler la terre qui donnera des richesses diverses. Francis Sauvage, le directeur de ce grand paquebot de 750 étudiants, insiste sur cette chance. Un tiers des jeunes de cette école se sont tournés vers la formule des humanités sportives. Il fallait évidemment avoir la volonté et la lucidité solidement ancrées en soi afin de proposer des voies intéressantes et enrichissantes à tant d’adolescents.

 » L’IPES leur permet de vivre leur passion pour le football, de s’améliorer, de progresser sans hypothéquer leurs chances d’entamer des études secondaires « , insiste Sauvage.  » Avec Vincent Ciccarella, le coordinateur sportif, et tous les enseignants, nous leur offrons le meilleur cadre de travail possible. Les professeurs se consultent afin que le sport et le cursus scolaire traditionnel s’additionnent harmonieusement. Il y a de nombreux échanges avec les clubs. C’est le cas, notamment avec Saint-Trond situé à deux pas d’ici. Ce club compte des jeunes joueurs francophones qui font leurs études chez nous. Les contacts sont intéressants afin de bien suivre la progression de ces joueurs Ont-ils des problèmes en classe ? Que faire s’ils sont blessés ? Ont-ils suivi les recommandations de notre diététicien ? Comment vivent-ils dans notre internat ? Le champ de travail est vaste. J’ajouterai que les jeunes ne payent pas de minerval en optant pour le foot-études. C’est gratuit « .

L’IPES de Hesbaye a notamment disputé le Mondial du championnat interscolaire en Chine. Récemment, un élève ayant un problème de santé a reçu deux coups de fil de Thierry Henry. La star lui a envoyé des billet d’avion, l’a invité à suivre un entraînement au Barça,.  » C’est colossal : Thierry Henry est un géant dans toutes le définitions du terme « , dit Sauvage.

Christian Labarbe, un des professeurs de l’IPES, a goûté longuement aux joies de la D1. Tout comme lui, Marc Chauveheid a opté à un moment pour le Standard. Formé à Rocourt et au RTFCL (fusion entre Liège et Tilleur), il se révéla à Eupen. En 1999, cet attaquant attire le regard de Saint-Trond, du Germinal Beerschot et du Standard.

 » La D1 n’était pas mon univers  » (Marc Chauveheid)

 » J’ai finalement opté pour les Rouches car leur centre d’entraînement est près de l’Université de Liège où j’allais entamer ma deuxième licence en éducation physique « , se souvient Chauveheid.  » Je suis arrivé au mauvais moment. Le Standard était en pleine restructuration. Je n’avais eu que deux jours de repos en été. C’était trop peu et j’aurais dû en parler au coach, Tomislav Ivic. Physiquement et techniquement, cela allait même si une période d’adaptation était logique. Je me suis vite rendu compte que la D1 n’était pas mon univers. Je ne pouvais pas y être heureux. Je n’avais pas envie de passer tout mon temps à l’hôtel, de vivre, manger et dormir au rythme du football. Mon choix de vie était différent. Début septembre 1999, j’ai repris le chemin d’Eupen. J’étais plus heureux dans ce contexte. D’autres clubs de D1 ont ensuite frappé à la porte. J’ai repoussé ces offres. Je ne nourris aucuns regrets. J’ai terminé sereinement mes études. Actuellement, je joue à Sprimont en plus de mes activités à l’IPES de Waremme. Je suis resté dans le monde du football. Je vis ma passion autrement. Chacun parcourt son chemin comme il l’entend mais, en plus du sport, il est intéressant d’avoir d’autres cordes à son arc « .

Chauveheid en est le parfait exemple : tous les élèves ne s’imposeront pas au top du football belge mais leur acquis sportif sera un acquis pour une kyrielle d’autres clubs. Selon les tranches d’âges, l’IPES propose entre 7 et 9 heures de football (technique, tactique, physique, vidéo) à ses élèves. Si on ajoute leur travail dans les clubs, les jeunes vivent au rythme de 20 heures de football par semaine. Mario Innaurato (préparateur physique des Espoirs, ancien spécialiste en la matière au Standard, à Saint-Trond, etc.) s’occupe avec d’autres profs de la condition des jeunes de l’IPES. Son expertise constitue un fameux atout.

 » La santé du jeune est le principal de nos soucis « , insiste-t-il.  » Les échanges entre les enseignants sont quotidiens. Le travail physique est individualisé car nos élèves n’ont pas le même niveau. « 

Ciccarella (qui s’occupe aussi des jeunes de 7 à 15 ans au Standard) insiste sur la qualité des terrains, des salles d’entraînement, de la complémentarité entre tous les enseignants de l’IPES de Waremme. Les élèves ne perdent jamais de temps car leurs zones de travail sportif se situent dans le domaine verdoyant de l’école. L’outil ne cesse de se moderniser. Les professeurs des cours généraux sont aussi des passionnés de football : cela facilite les choses.

par pierre bilic – photo: reporters/ mossiat

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