» Jean Bodart, serviteur discret du foot liégeois « 

Pierre Bilic

né en 1941, heylens fut un excellent back droit (67x diable rouge, équipe d’europe 65, mondial 70 au mexique, 7 titres et 3 coupes de belgique avec anderlecht). coacha une douzaine de clubs (passa 5 ans au losc et fut coach belge 1984 à seraing)

 » Il y a des photos qui veulent tout dire : c’est le cas de ce document, du milieu des années 60. Décidé, Jean Bodart plonge dans les pieds de Paul Van Himst. A y regarder de plus près, on devine un style qui fit la réputation de son fils, Gilbert. Dans le public, on aperçoit de nombreux spectateurs endimanchés, venus au stade de Buraufosse comme on se rend à un mariage. Chaque rencontre est alors une fête pour les gens de cette région qui travaillent dur dans les usines et les charbonnages. J’ai toujours eu de l’admiration pour eux. A cette époque, beaucoup n’ont pas la télé et c’est au stade qu’ils admirent les vedettes de D1. A Tilleur, il faut turbiner pour gagner. Jean a incarné l’esprit combatif des Métallos. La famille Bodart est originaire de Rosée, dans le Namurois. Jean débute comme attaquant à Saint-Gérard avant que le malheur (décès de son père) et la Deuxième Guerre mondiale ne bouleversent son existence.

Les Bodart se fixent à Verlaine où, plus tard, Jean sera garde-forestier du comte de Liedekerke. Ce n’est pas loin de là, à Stockay, que le papa de Gilbert joue au football dans le compartiment offensif puis en tant que gardien à partir de ses 16 ans. Malgré un manque de taille (1m72), il se retrouve vite en équipe fanion et fête la montée en Promotion. Jean est ensuite recruté par Tilleur où il vit le retour de son club en D1 au terme d’une dernière journée historique en 1963-1964. Il y a deux affiches : Union-Tilleur et Racing-White-Olympic. L’Union, Tilleur et l’Olympic peuvent monter. L’Union émerge (1-0) sur un but cocasse de Paul Vandenberg dont le coup franc indirect est détourné dans le but par… Bodart. Si personne n’avait touché le cuir, le but aurait été annulé. Mais, heureusement pour les Petits Bleus, les Dogues, qui ont besoin d’un succès pour monter, font match nul au stade Fallon (0-0) et Tilleur accompagne l’Union en D1.

En décembre 1964, tous les matches de D1 sont reportés pour cause d’intempéries sauf Tilleur-Anderlecht. Sur la neige, impérial sur sa ligne ou dans ses sorties, Jean arrête tout et Jean-Paul Colonval offre le but de la victoire (1-0) à l’équipe coachée par Jo Pannaye. A l’issue de la rencontre, il est porté en triomphe par ses équipiers dans un stade en délire ; je m’en souviens comme si c’était hier. Plus tard, Jean dépanne le Standard lors d’un match amical au Barça et évolue au FC Liégeois (une rupture du tendon d’Achille y ruine ses ambitions) puis à Waremme et à Verlaine. C’est un serviteur discret du football liégeois qui s’est récemment éteint à 69 ans seulement.  »

PIERRE BILIC

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